Le Maroc souhaite améliorer la représentativité politique des femmes


Samedi 11 Avril 2009 - 14:58
magharebia.com/Sarah Touahri


Le ministère marocain de l'Intérieur a alloué le mois dernier 10 millions de dirhams à l'amélioration de la représentativité des femmes en politique. Pour débloquer immédiatement ce nouveau financement, le gouvernement a demandé lundi 6 avril aux partis politiques et aux organisations de la société civile de soumettre leurs idées et leurs propositions.


Un comité composé de dix-huit femmes et deux hommes provenant de différents horizons politiques, d'associations et de services gouvernementaux sera chargé d'évaluer les propositions.
Ces projets devront inclure des sessions de formation à la direction des collectivités locales destinées aux femmes. Des tables rondes et des séminaires devraient permettre d'aborder de manière très accessible des questions telles que la charte communale, la bonne gouvernance et le rôle des collectivités locales.
"Ce ne seront pas des projets d’ordre économique, mais plutôt culturel, pour mobiliser les populations autour du rôle primordial des femmes au niveau de la gestion locale", a déclaré Rachida Benmousoud, une universitaire, qui préside ce comité.
L'ensemble des régions du Maroc ont été impliquées dans le lancement de ce projet, avec une priorité aux zones rurales, en mettant un accent particulier sur les jeunes. Les instigateurs espèrent pouvoir modifier la vision traditionnelle du rôle politique des femmes dans la société, et inciter les jeunes à diffuser une nouvelle culture au sein de leur entourage.
Selon le ministère de l'Intérieur, les premiers projets devraient être lancés avant le début de la procédure de nomination des candidats, aux alentours du 18 mai, pour encourager les femmes à s'impliquer dans l'administration des collectivités locales.
Les femmes déjà actives en politique espèrent que ce financement atteindra les objectifs fixés.
"Le soutien à la représentativité féminine au niveau des instances locales semblait dans les années 1980 et 1990 un rêve difficilement réalisable", explique Naïma Benkheldoun, députée du parti Istiqlal, qui siège également au sein de ce comité.
Elle explique que les militantes de sa génération luttaient essentiellement pour garantir leurs droits fondamentaux, comme le droit de voyager à l'étranger sans la permission d'un tuteur, ou l'octroi de la nationalité de la mère aux enfants.
"Sans mobilisation et sensibilisation, il est difficile pour la femme d’améliorer sa présence dans les instances locales", affirme pour sa part Fatna Lakhail, députée et élue locale.
Mme Benmasoud estime qu'il est dans la nature des femmes de traiter de questions survenant au plan local, d'où l'importance d'une meilleure sensibilisation du public.
L'initiative du ministère de l'Intérieur visant à modifier la culture politique locale a toutefois ses détracteurs.
Fatima Moustaghfir, députée du Mouvement Populaire, estime que l'initiative gouvernementale visant à favoriser la représentativité des femmes est certes louable, mais que le ministère de l'Intérieur a usurpé le rôle des partis politiques. "La mission de l’encadrement de la population au niveau politique revient aux partis politiques."
"Pour accéder à une meilleure représentativité féminine, l’autorité au niveau local doit également être incarnée par des femmes, en nommant davantage de caïds femmes, de gouverneurs, de policières, etc.", ajoute-t-elle.


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement