Le livre retrace l'histoire tragique de Laëtitia Perrais, 18 ans, violée et assassinée en janvier 2011 près de Pornic (Loire-Atlantique).
"J'ai une pensée pour Laëtitia, pour sa soeur Jessica et pour tous leurs proches", a commenté l'écrivain en saluant un "extraordinaire honneur".
"Je crois que les sciences humaines font du bien à la littérature, et la littérature fait du bien aux sciences humaines", a-t-il souligné.
Ce récit, salué presque unanimement par la critique, avait déjà remporté le prix littéraire du journal Le Monde et le prix Transfuge du meilleur essai. Il a reçu 4 voix au premier tour de scrutin contre 3 en faveur de Nathacha Appanah ("Tropique de la violence", Gallimard) et une en faveur de Céline Minard ("Le grand jeu", Rivages)
"Ce n'était pas un choix facile", a admis Alain Veinstein, président du jury Medicis, qui a insisté sur le côté "inattendu" du palmarès qui ne récompense "ni un roman, ni un essai". Le livre "rappelle ce qu'on peut faire avec la littérature face à la cruauté du réel".
De fait, les délibérations entre les neuf membres du jury ont été "assez vives" et "passionnées", a reconnu Frédéric Mitterrand, membre du jury.
C'est un livre qui "bouscule le genre littéraire", a ajouté l'ancien ministre de la Culture.
"Le prix Médicis cherche toujours des voix fortes, différentes, originales, intrigantes. Avec ce texte-là, l'objectif est rempli", a-t-il estimé.
- Triomphe du Seuil -
Les six autres titres en lice pour le prix étaient tous des romans.
Le Medicis étranger a été attribué à l'écrivain suédois Steve Sem-Sandberg pour "Les élus" (Robert Laffont) et le Medicis essai est allé à Jacques Henric pour "Boxe" (Seuil).
L'essai de Jacques Henric (également en lice pour le prix Décembre) dresse les portraits de grands pugilistes comme Georges Carpentier, Marcel Cerdan, Mohamed Ali ou Mike Tyson. "Les élus" a pour cadre un centre pour enfants handicapés ou délinquants à Vienne au début de la Seconde guerre mondiale.
Le nom du nouveau lauréat du Medicis avait été cité dans les premières sélections du Goncourt et du Renaudot.
Portrait sensible de Laëtitia Perrais, l'ouvrage dresse également une radiographie sans complaisance de la France du début du XXIe siècle.
En sociologue, Ivan Jablonka, 43 ans, s'interroge sur "l'énorme misère que notre société produit". Le fait divers est traité comme un objet d'histoire. Il est question des inégalités qui divisent les individus dès l'enfance, du rôle des médias, du manque de moyens alloués à la justice, de politique aussi quand elle cherche, comme ce fut le cas au moment du drame, à instrumentaliser une tragédie à des fins partisanes.
Ivan Jablonka a interrogé les témoins de la tragédie, notamment Jessica, la sœur jumelle de Laëtitia, rencontré les acteurs de l'enquête, assisté au procès en appel du meurtrier en 2015.
Professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris XIII, chercheur en sciences sociales, Ivan Jablonka n'est jamais jargonnant. D'une infinie rigueur, son livre est également d'une qualité littéraire exceptionnelle.
Laëtitia avait été placée très jeune avec Jessica en foyer puis en famille d'accueil. Sa mort a pris un caractère sordide lorsque son corps démembré a été retrouvé dans deux étangs.
Interpellé le lendemain du crime, Tony Meilhon, un trentenaire à l'enfance cabossée, va narguer les semaines suivantes la justice et les enquêteurs par son mutisme. Seule leur obstination permettra de récupérer, près de trois mois plus tard, le buste de la jeune fille, autorisant enfin ses funérailles en juin 2011.
Du côté des éditeurs, Olivier Bétourné, patron du Seuil, a réussi l'exploit de placer deux de ses livres dans le palmarès du Medicis. Cela obère-t-il les chances que l'auteur maison Régis Jauffret puisse remporter le Goncourt ou le Renaudot, deux récompenses remises jeudi ? "Mais pas du tout, au contraire", répond-il en riant à l'AFP.
"J'ai une pensée pour Laëtitia, pour sa soeur Jessica et pour tous leurs proches", a commenté l'écrivain en saluant un "extraordinaire honneur".
"Je crois que les sciences humaines font du bien à la littérature, et la littérature fait du bien aux sciences humaines", a-t-il souligné.
Ce récit, salué presque unanimement par la critique, avait déjà remporté le prix littéraire du journal Le Monde et le prix Transfuge du meilleur essai. Il a reçu 4 voix au premier tour de scrutin contre 3 en faveur de Nathacha Appanah ("Tropique de la violence", Gallimard) et une en faveur de Céline Minard ("Le grand jeu", Rivages)
"Ce n'était pas un choix facile", a admis Alain Veinstein, président du jury Medicis, qui a insisté sur le côté "inattendu" du palmarès qui ne récompense "ni un roman, ni un essai". Le livre "rappelle ce qu'on peut faire avec la littérature face à la cruauté du réel".
De fait, les délibérations entre les neuf membres du jury ont été "assez vives" et "passionnées", a reconnu Frédéric Mitterrand, membre du jury.
C'est un livre qui "bouscule le genre littéraire", a ajouté l'ancien ministre de la Culture.
"Le prix Médicis cherche toujours des voix fortes, différentes, originales, intrigantes. Avec ce texte-là, l'objectif est rempli", a-t-il estimé.
- Triomphe du Seuil -
Les six autres titres en lice pour le prix étaient tous des romans.
Le Medicis étranger a été attribué à l'écrivain suédois Steve Sem-Sandberg pour "Les élus" (Robert Laffont) et le Medicis essai est allé à Jacques Henric pour "Boxe" (Seuil).
L'essai de Jacques Henric (également en lice pour le prix Décembre) dresse les portraits de grands pugilistes comme Georges Carpentier, Marcel Cerdan, Mohamed Ali ou Mike Tyson. "Les élus" a pour cadre un centre pour enfants handicapés ou délinquants à Vienne au début de la Seconde guerre mondiale.
Le nom du nouveau lauréat du Medicis avait été cité dans les premières sélections du Goncourt et du Renaudot.
Portrait sensible de Laëtitia Perrais, l'ouvrage dresse également une radiographie sans complaisance de la France du début du XXIe siècle.
En sociologue, Ivan Jablonka, 43 ans, s'interroge sur "l'énorme misère que notre société produit". Le fait divers est traité comme un objet d'histoire. Il est question des inégalités qui divisent les individus dès l'enfance, du rôle des médias, du manque de moyens alloués à la justice, de politique aussi quand elle cherche, comme ce fut le cas au moment du drame, à instrumentaliser une tragédie à des fins partisanes.
Ivan Jablonka a interrogé les témoins de la tragédie, notamment Jessica, la sœur jumelle de Laëtitia, rencontré les acteurs de l'enquête, assisté au procès en appel du meurtrier en 2015.
Professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris XIII, chercheur en sciences sociales, Ivan Jablonka n'est jamais jargonnant. D'une infinie rigueur, son livre est également d'une qualité littéraire exceptionnelle.
Laëtitia avait été placée très jeune avec Jessica en foyer puis en famille d'accueil. Sa mort a pris un caractère sordide lorsque son corps démembré a été retrouvé dans deux étangs.
Interpellé le lendemain du crime, Tony Meilhon, un trentenaire à l'enfance cabossée, va narguer les semaines suivantes la justice et les enquêteurs par son mutisme. Seule leur obstination permettra de récupérer, près de trois mois plus tard, le buste de la jeune fille, autorisant enfin ses funérailles en juin 2011.
Du côté des éditeurs, Olivier Bétourné, patron du Seuil, a réussi l'exploit de placer deux de ses livres dans le palmarès du Medicis. Cela obère-t-il les chances que l'auteur maison Régis Jauffret puisse remporter le Goncourt ou le Renaudot, deux récompenses remises jeudi ? "Mais pas du tout, au contraire", répond-il en riant à l'AFP.