Le "berceau" du Portugal mise sur la culture pour surmonter la crise


Mercredi 18 Janvier 2012 - 12:02
AFP


Guimaraes - Guimaraes, "berceau" du Portugal, compte sur son statut de capitale européenne de la Culture en 2012 pour brasser les idées et trouver sa propre solution à la grave crise qui frappe le pays en misant sur la créativité de ses habitants.


Guimaraes
Guimaraes
"Ici est né le Portugal", proclame fièrement une inscription en grandes lettres blanches recouvrant un pan de l'ancienne muraille crénelée de cette cité médiévale du nord du pays, première capitale du royaume au XIIe siècle et que ses habitants appellent "le berceau du Portugal".

Guimaraes, dont le centre historique est classé au patrimoine mondial de l'Unesco, est la troisième ville portugaise, après Lisbonne en 1994 et Porto en 2001, à avoir été désignée capitale européenne de la culture, un titre qu'elle partage cette année avec Maribor en Slovénie.

"Pour Guimaraes c'est une occasion en or!", lance Antonio Magalhaes, maire de la ville, à quelques jours de la cérémonie officielle de lancement de "Guimaraes 2012" le 21 janvier en présence du président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

A l'instar du nord du pays, Guimaraes a subi de plein fouet la crise économique qui a entraîné de nombreuses fermetures et délocalisations d'usines, surtout dans le secteur textile.

Le district de Guimaraes, avec ses 160.000 habitants, compte quelque 13.000 personnes sans emploi sur une population active estimée à 90.000.

De nombreuses villes d'Europe, également frappées par le déclin industriel, traversent une crise semblable et s'interrogent, comme Guimaraes, sur les moyens à mettre en oeuvre pour la surmonter.

"Nous pensons pouvoir participer à cette réflexion tout au long de l'année", estime Carlos Martins, directeur exécutif de la programmation de "Guimaraes 2012".

"Nous sommes convaincus que la culture et la créativité peuvent constituer un moteur de développement dans des villes de taille moyenne comme Guimaraes", affirme-t-il.

La priorité de Guimaraes a été d'investir dans "l'économie créative" avec la réhabilitation de quartiers dégradés et la construction d'infrastructures qui permettront de rapprocher les jeunes créateurs du savoir-faire industriel, comme en témoigne un nouveau "pôle des arts et de la créativité" qui sera inauguré en juin.

Installé au coeur de la ville, dans un ancien marché des années 30, c'est l'un des projets phares de Guimaraes où sont attendus cette année quelque 1,5 million de visiteurs.

Le "pôle" doit "réunir dans un même espace artisans et créateurs pour leur permettre de travailler ensemble" sur de nouveaux produits qui pourront être développés à échelle industrielle, explique Filipe Fontes, architecte de la mairie de Guimaraes.

Quant à la programmation culturelle, les organisateurs ont avant tout cherché à privilégier la jeunesse créative plutôt que les artistes de renommée internationale, à quelques exceptions près, tels les cinéastes Jean-Luc Godard ou Manoel de Oliveira.

"Au lieu de faire venir un grand orchestre international, on a préféré donner l'occasion à des jeunes musiciens de passer un an à Guimaraes où ils vont participer à plusieurs spectacles", explique Luis Teixeira, membre de la direction exécutive de "Guimaraes 2012".

Face à l'aggravataion de la crise en 2011, le gouvernement a réduit sa participation financière dans le cadre d'une diminution globale des moyens alloués à la culture.

Les programmateurs ont donc dû s'adapter à un budget amputé d'environ 20%, s'élevant à quelque 25 millions d'euros, pour organiser plus d'un millier d'événements.

"Nous sommes toutefois conscients d'avoir une chance unique par rapport aux autres villes portugaises: celle de pouvoir bénéficier du prestigieux label de capitale culturelle", souligne le responsable de la programmation.


           

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