Le bijoutier montalbanais libéré par le roi du Maroc


Mardi 4 Août 2009 - 16:04
La Depeche


Tarn-et-Garonne. Incarcéré dans le cadre d'un trafic de stupéfiants, Serge Astorc a été gracié dans la nuit de samedi à dimanche par Mohamed VI.


Le bijoutier montalbanais libéré par le roi du Maroc
erge Astorc, un ancien bijoutier montalbanais, a passé presque deux années dans les geôles marocaines pour complicité de trafic de stupéfiants. 20m2 à partager avec près d'une dizaine de détenus, le froid, l'angoisse d'avoir été lâché par l'Etat français…Ce calvaire s'est achevé à 22heures dans la nuit de samedi à dimanche. Comme près de 25000 personnes, il a été gracié par le roi Mohammed VI qui, durant une semaine, a fêté ses dix ans de règne. Sorti de prison en pleine nuit, Serge Astorc s'est réfugié dans un hôtel de Casablanca avant de sauter dans le premier avion pour Toulouse où, à 20h45, hier soir, l'attendait son fils, Jean-Charles. « Je suis heureux de voir une famille réunie. Notre combat, qui a duré des mois, était le bon», estime son avocat montalbanais Jean Lou Lévi. Emu, Jean-Charles Astorc a du mal à trouver ses mots : « Je peux enfin le serrer dans mes bras.». Depuis l'arrestation de son père aux portes du port de Tanger, en décembre 2007, il n'a cessé de crier son innocence. Bien que son père ait été interpellé par les douaniers marocains avec 400kg de résine de cannabis, il n'a jamais pensé une seconde que Serge Astorc soit un trafiquant. Le jeune étudiant montalbanais, tout comme ses avocats, s'est battu pour faire admettre que son père n'était qu'une mule. Un transporteur chargé, par un indic de la brigade de recherche et d'intervention (BRI) du service régional de police judiciaire (SRPJ) de Montpellier, de convoyer un chargement de drogue. Selon l'enquête menée par le juge d'instruction marocain, ce n'était pas la première fois que Serge Astorc se livrait à ce jeu dangereux. Quelques mois plus tôt, il avait pris le volant de sa 806 au profit des douanes montpelliéraines. Sans aucune anicroche contrairement à l'opération montée par les policiers et au terme de laquelle il s'est retrouvé en prison. Malgré de nombreux éléments en faveur de cette thèse, dont une commission rogatoire révélant au travers de déclarations de policiers, de magistrats et de douaniers, le rôle d'Astorc, l'ex-bijoutier avait été condamné par la justice marocaine. La justice royale estimant que les autorités marocaines n'ayant pas été mises au courant de cette opération de démantellement d'un réseau de drogue, elle avait affaire à un simple trafiquant. Résultat : une peine de 5 ans de prison accompagnée d'une très lourde amende, rapidement commuée en un an de prison. Ses conseils ont alors fait une demande de grâce au Roi Mohammed VI qui a été acceptée. Quelques semaines avant sa libération, Serge Astorc a été transféré de la prison de Tanger à celle de Casablanca où ses conditions de détention semblaient s'être adoucies. Devant les portes de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, Jean-Charles Astorc, la voix enrouée d'émotion, confie: « Je remercie le Roi du Maroc qui a joué le jeu contrairement à la France ».

« Je remercie Sa Majesté de sa générosité»

Il était 22 heures hier soir quand le vol 790 de Royal Air Maroc en provenance de Casablanca a enfin libéré ses passagers après une heure de retard. Au milieu des touristes bronzés, Serge Astorc, le visage très pâle, vêtu d'un simple tee-shirt blanc et d'un jeans. Il a cherché son fils du regard et puis s'est jeté dans ses bras dans une longue étreinte, alors que la foule tentait de comprendre qui était ce passager placé dans l'orbite de la caméra et des photographes. « Vous n'imaginez pas ma joie. Je suis vraiment heureux. Cette privation de liberté a été terrible, surtout dans un pays à la culture et à la religion si différentes ». Serge Astorc est très vite passé sur ses longs mois de détention, sur sa cellule et sur le petit patio où il avait parfois le droit d'aller. « Ce n'est que samedi, à 11 heures, que j'ai appris que j'étais libre. Des gardiens sont venus me chercher et ont pris mes bagages. Ce soir, je suis là. Je ne reviens pas ».
Pressant le pas pour partir au plus vite rejoindre sa famille à Montauban, le bijoutier a tenu à remercier « Sa Majesté pour sa générosité et sa compréhension ». Il va rencontrer ces prochaines heures son avocat pour connaître la suite donnée à son dossier.


           

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