Le chef de l'armée américaine à Bagdad en pleine offensive anti-EI


Lundi 9 Mars 2015 - 16:41
AFP


Le plus responsable militaire américain était lundi à Bagdad pour plaider la patience face au groupe Etat islamique, contre lequel les forces irakiennes mènent depuis une semaine leur plus grande offensive à ce jour.


Le chef de l'armée américaine à Bagdad en pleine offensive anti-EI
Le général Martin Dempsey s'est s'entretenu avec de hauts responsables irakiens, notamment le ministre de la Défense Khaled al-Obaidi, pour faire le point sur les opérations militaires visant à reprendre à l'EI la ville de Tikrit.

Les forces kurdes ont par ailleurs lancé lundi une offensive au sud et à l'ouest de la ville pétrolière de Kirkouk, accroissant ainsi la pression sur les derniers bastions jihadistes à l'est du fleuve Tigre.

Dans cette province du nord, l'EI a exécuté 20 personnes qui voulaient s'engager dans une milice combattant les jihadistes, selon des autorités locales. Leur mise à mort dans la ville de Hawijah a été illustrée par une série de photos très crues diffusées sur internet.

Le général Dempsey a rallié Bagdad en provenance du Golfe, où il a effectué dimanche une visite sur le porte-avions français Charles de Gaulle, engagé dans la coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington.

Le chef d'état-major interarmées américain y a assuré qu'intensifier les raids aériens de la coalition serait une erreur et a plaidé pour une "patience stratégique" dans la lutte contre l'EI en Irak et en Syrie voisine.

Selon lui, "larguer un tapis de bombes sur l'Irak n'est pas la solution". "Nous avons la responsabilité d'être très précis dans l'usage de notre puissance aérienne", a-t-il expliqué.

Une semaine après le début de la bataille de Tikrit, les autorités irakiennes n'ont évoqué aucun bilan mais ont fait état d'une résistance de l'EI dans cette cité stratégique car située sur la route entre Bagdad et Mossoul, la plus grande ville du 'califat' autoproclamée par l'EI à cheval sur l'Irak et la Syrie.

Située à 160 km au nord de Bagdad, Tikrit, dont la population est majoritairement arabe sunnite, avait été prise par le groupe jihadiste en juin dès les premiers jours de leur fulgurante percée en Irak.

- 'Un crime de guerre' -

Grâce à l'appui des raids de la coalition, l'armée irakienne et ses alliés, principalement forces kurdes, miliciens chiites et combattants de tribus sunnites, ont récupéré une petite fraction du terrain perdu mais Tikrit est leur objectif le plus ambitieux à ce jour.

La semaine dernière, le général Dempsey avait indiqué que la défaite de l'EI à Tikrit n'était qu'une question de temps car quelques centaines de jihadistes y font face à environ 23.000 soldats et miliciens irakiens.

Défendant le rythme actuel des bombardements de la coalition, il a souligné dimanche que leur fréquence dépendait des capacités de l'armée irakienne sur le terrain, qui n'est selon lui pas encore en mesure de mener un effort de plus grande envergure.

Il a aussi insisté sur la volonté du gouvernement de Bagdad de se réconcilier avec les sunnites, méfiants envers les forces de sécurité.

L'EI a en effet profité du ressentiment de cette population vis-à-vis des gouvernements majoritairement chiites de ces dernières années pour effectuer sa percée dans des territoires majoritairement arabes sunnites.

Les forces pro-gouvernementales ont repris dimanche le village d'Albou Ajil, où des membres de tribus sunnites ont été accusés d'avoir pris part aux côté de l'EI au massacre de centaines de jeunes soldats irakiens, principalement chiites, sur la base de Speicher en juin 2014.

L'offensive sur Tikrit a été présentée comme une occasion de se venger par le leader des Unités de mobilisation populaire, une force para-militaire principalement composée de miliciens chiites, mais les responsables militaires ont depuis publiquement appelé leurs hommes à la retenue.

Selon l'ONU, près de 30.000 personnes ont été déplacées par les combats autour de Tikrit, certains rejoignant des camps à Samarra, l'autre grande ville de la province de Salahedine.

Les autorités irakiennes ont appelé dimanche la coalition internationale à intervenir pour protéger le patrimoine archéologique vandalisé par des jihadistes, notamment des sculptures préislamiques du musée de Mossoul, les cités antiques de Nimroud et Hatra (nord).

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a assuré dimanche que "la destruction délibérée (par l'EI) de notre héritage culturel commun constitue(ait) un crime de guerre".


           

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