Le pays le plus industrialisé du continent africain attire des millions d'immigrés africains à la recherche d'une vie meilleure.
Les statistiques officielles sont rares. Le dernier recensement réalisé en 2011 évaluait à 2,1 millions le nombre de "migrants internationaux", soit 4% de la population du pays à l'époque. De l'avis général, ils sont en réalité beaucoup plus nombreux.
Ces étrangers sont fréquemment la cible de la colère des "nationaux", qui les accusent de tous les maux.
La dernière vague de violences, en septembre, a fait au moins 12 morts et causé d'importants dégâts, notamment à Johannesburg, la plus grande ville du pays.
"C'est un phénomène anti-immigrants mais qui n'a rien à voir avec l'immigration", résume pour l'AFP la chercheuse Loren Landau, du Centre africain pour les migrations et la société.
Etat des lieux des racines de ces violences xénophobes.
L'Afrique du Sud est engluée depuis des années dans une croissance molle et un taux de chômage endémique (29% en général, plus de 50% chez les jeunes).
A cette crise s'ajoute le récent constat de la Banque mondiale: le pays est le plus inégalitaire de la planète.
"L'Afrique du Sud souffre d'une situation terrible qui mêle un très fort taux de chômage (...) et le taux d'inégalité le plus élevé au monde", décrit Nicolas Pons-Vignon, économiste à l'université du Witwatersrand à Johannesburg.
Les étrangers y survivent de petits boulots informels mais constituent aussi une main d'oeuvre bon marché pour de nombreux patrons peu regardants sur le respect de la loi.
La compétition qui se joue pour l'accès à l'emploi, aux services publics ou au logement "créé un terrain fertile à la mobilisation selon des critères identitaires", note M. Pons-Vignon.
Les tensions les plus vives surgissent dans les "townships" les plus peuplés et les plus pauvres.
"On ne peut pas comprendre la xénophobie sans la relier à une très forte pauvreté" et à l'échec du gouvernement à "transformer la société" depuis la chute en 1994 du régime de l'apartheid, souligne l'avocate Sharon Ekambaram.
Malgré la chute du régime raciste blanc il y a vingt-cinq ans, la brutalité qu'il a imprimée aux relations sociales s'est perpétuée.
"En 1994, nous avons hérité d'une société blessée en profondeur", insiste Verne Harris, à la tête de la Fondation Nelson Mandela, "les structures de pouvoir, de propriété ou de richesse n'ont pas fondamentalement changé".
Fers de lance de la lutte antiapartheid, les "townships" baignent depuis des décennies dans une violence latente.
"Ces quartiers étaient très politisés et gérés par des groupes qui recouraient à la violence contre l'apartheid", rappelle Loren Landau, "ils n'y ont pas renoncé aujourd'hui".
Ironie de l'histoire, la xénophobie actuelle est dirigée contre les ressortissants de pays qui ont activement contribué à la chute du régime blanc, note le chercheur Savo Heleta, de l'université de Port-Elizabeth.
Les dirigeants politiques eux-mêmes n'hésitent pas à recourir à la rhétorique xénophobe. Avant les élections générales de mai dernier, la plupart des partis ont promis de renforcer la lutte contre l'immigration clandestine.
L'échec des gouvernements du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994, à changer la vie de millions de Sud-Africains explique aussi la xénophobie ambiante.
"La faillite de l'Etat a contraint la population à se tourner vers des systèmes de pouvoir informels", juge Verne Harris. Ces chefs locaux jouent du sentiment anti-immigrés "pour renforcer leur autorité", décrit Loren Landau.
Amnesty International a récemment épinglé l'incapacité des autorités à punir les auteurs de violences xénophobes qui sont, selon l'ONG, une "conséquence directe des années d'impunité et de la faillite du système judiciaire".
Exemple emblématique, l'ex-président Jacob Zuma, accusé dans une litanie d'affaires de corruption mais toujours pas condamné.
"L'Afrique du Sud est un très mauvais exemple de personnes qui ont fait des choses terribles et s'en sont sortis sans passer par la case prison", conclut Savo Heleta.
Les statistiques officielles sont rares. Le dernier recensement réalisé en 2011 évaluait à 2,1 millions le nombre de "migrants internationaux", soit 4% de la population du pays à l'époque. De l'avis général, ils sont en réalité beaucoup plus nombreux.
Ces étrangers sont fréquemment la cible de la colère des "nationaux", qui les accusent de tous les maux.
La dernière vague de violences, en septembre, a fait au moins 12 morts et causé d'importants dégâts, notamment à Johannesburg, la plus grande ville du pays.
"C'est un phénomène anti-immigrants mais qui n'a rien à voir avec l'immigration", résume pour l'AFP la chercheuse Loren Landau, du Centre africain pour les migrations et la société.
Etat des lieux des racines de ces violences xénophobes.
L'Afrique du Sud est engluée depuis des années dans une croissance molle et un taux de chômage endémique (29% en général, plus de 50% chez les jeunes).
A cette crise s'ajoute le récent constat de la Banque mondiale: le pays est le plus inégalitaire de la planète.
"L'Afrique du Sud souffre d'une situation terrible qui mêle un très fort taux de chômage (...) et le taux d'inégalité le plus élevé au monde", décrit Nicolas Pons-Vignon, économiste à l'université du Witwatersrand à Johannesburg.
Les étrangers y survivent de petits boulots informels mais constituent aussi une main d'oeuvre bon marché pour de nombreux patrons peu regardants sur le respect de la loi.
La compétition qui se joue pour l'accès à l'emploi, aux services publics ou au logement "créé un terrain fertile à la mobilisation selon des critères identitaires", note M. Pons-Vignon.
Les tensions les plus vives surgissent dans les "townships" les plus peuplés et les plus pauvres.
"On ne peut pas comprendre la xénophobie sans la relier à une très forte pauvreté" et à l'échec du gouvernement à "transformer la société" depuis la chute en 1994 du régime de l'apartheid, souligne l'avocate Sharon Ekambaram.
Malgré la chute du régime raciste blanc il y a vingt-cinq ans, la brutalité qu'il a imprimée aux relations sociales s'est perpétuée.
"En 1994, nous avons hérité d'une société blessée en profondeur", insiste Verne Harris, à la tête de la Fondation Nelson Mandela, "les structures de pouvoir, de propriété ou de richesse n'ont pas fondamentalement changé".
Fers de lance de la lutte antiapartheid, les "townships" baignent depuis des décennies dans une violence latente.
"Ces quartiers étaient très politisés et gérés par des groupes qui recouraient à la violence contre l'apartheid", rappelle Loren Landau, "ils n'y ont pas renoncé aujourd'hui".
Ironie de l'histoire, la xénophobie actuelle est dirigée contre les ressortissants de pays qui ont activement contribué à la chute du régime blanc, note le chercheur Savo Heleta, de l'université de Port-Elizabeth.
Les dirigeants politiques eux-mêmes n'hésitent pas à recourir à la rhétorique xénophobe. Avant les élections générales de mai dernier, la plupart des partis ont promis de renforcer la lutte contre l'immigration clandestine.
L'échec des gouvernements du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994, à changer la vie de millions de Sud-Africains explique aussi la xénophobie ambiante.
"La faillite de l'Etat a contraint la population à se tourner vers des systèmes de pouvoir informels", juge Verne Harris. Ces chefs locaux jouent du sentiment anti-immigrés "pour renforcer leur autorité", décrit Loren Landau.
Amnesty International a récemment épinglé l'incapacité des autorités à punir les auteurs de violences xénophobes qui sont, selon l'ONG, une "conséquence directe des années d'impunité et de la faillite du système judiciaire".
Exemple emblématique, l'ex-président Jacob Zuma, accusé dans une litanie d'affaires de corruption mais toujours pas condamné.
"L'Afrique du Sud est un très mauvais exemple de personnes qui ont fait des choses terribles et s'en sont sortis sans passer par la case prison", conclut Savo Heleta.