Le malaise se fait sentir au plus haut niveau du gouvernement. Un très proche du président Xi Jinping, son chef de la stratégie et de l’idéologie, Wang Huning, est montré du doigt, souligne-t-on.
Wang Huning, qui est l’architecte du “Rêve chinois” du président Xi, à savoir de faire de l’empire du Milieu un pays fort et prospère, aurait conçu une image par trop nationaliste pour le pays, ce qui n’a fait que provoquer les Etats-Unis.
“Il est en difficulté pour avoir mal géré la propagande et avoir suscité un battage médiatique excessif autour de la Chine”, commente l’une des personnes interrogées.
Avec la détérioration des relations entre la Chine et les États-Unis, qui s’infligent mutuellement des droits de douane, de plus en plus de personnes au sein du gouvernement chinois estiment que les perspectives pour la Chine “se sont assombries”, indique un conseiller politique du gouvernement sous le sceau de l’anonymat.
Cette impression est partagée par d’autres voix influentes.
“De nombreux économistes et intellectuels sont mal à l’aise avec la politique de guerre commerciale de la Chine”, déclare un universitaire d’un cercle de réflexion, en requérant l’anonymat.
“Le point de vue général est que la position actuelle de la Chine a été trop stricte et que les dirigeants ont clairement mal évalué la situation”.
ATTENDRE SON HEURE
Ce point de vue contraste avec les idées exprimées au début de l’année par de nombreux universitaires chinois qui avaient vanté la capacité de la Chine à résister au conflit commercial face à ce qu’ils percevaient comme une situation de faiblesse pour le président américain Donald Trump dans son pays.
La Chine pensait avoir conclu un accord avec Washington en mai pour éviter une guerre commerciale. Elle a été choquée de ce qu’elle a considéré comme un retournement de l’administration américaine.
“Le passage d’un conflit commercial à une guerre commerciale a amené les gens à repenser les choses”, déclare le conseiller politique qui évoque une “exagération de la force de la Chine par certaines institutions et certains universitaires chinois qui ont influencé la perception américaine et même les points de vue nationaux”.
Selon un responsable au fait de la politique chinoise en matière de propagande, le message n’est pas le bon.
“Dans la guerre commerciale, la ligne adoptée par la propagande a été de dire que Trump était fou”, déclare ce responsable. “En fait, ce dont il a peur, c’est que nous devenions forts.”
Avec le président Xi Jinping, les responsables au pouvoir se sont de plus en plus considérés comme habilités à proclamer que la place légitime de la Chine était d’être leader mondial. Ils ont ainsi jeté aux oubliettes la devise de Deng Xiaoping, l’artisan de l’ouverture économique de la Chine à la fin des années 70, selon laquelle la Chine devait “attendre son heure et dissimuler sa force”.
Cette assurance est patente avec la mise en avant par le gouvernement de son initiative Nouvelle Route de la soie visant à développer des routes commerciales entre l’Orient et l’Occident ou quand il adopte une ligne dure sur les questions territoriales liées à la mer de Chine du Sud et Taiwan.
L’EXCEPTION CHINOISE
L’un des principaux chantres de l’opinion selon laquelle la Chine est parvenue à un “pouvoir national global” est Hu Angang, professeur d’économie à l’université de Tsinghua et expert dans le domaine de “l’exception chinoise”. Ce point de vue est partagé par un certain nombre de personnes dans les cercles officiels, indique le conseiller politique.
Or, au cours des dernières semaines, Hu Angang a dû faire face à des critiques. Il lui a été reproché de rendre les Etats-Unis méfiants vis-à-vis de la Chine en mettant en avant et en exagérant sa puissance économique, technique et militaire.
Les fissures au sein du PCC surviennent à un moment difficile pour le pouvoir chinois. Le yuan et les marchés boursiers sont à la baisse alors que le gouvernement tente de soutenir l’économie pour atténuer les conséquences de la guerre commerciale avec les Etats-Unis en demandant aux banques d’être plus souples dans l’octroi des crédits ou en évoquant un allégement de la fiscalité.
Cela n’a pas empêché semble-t-il les principaux dirigeants de tenir leurs entretiens annuels secrets, vraisemblablement dans la station balnéaire de Beidaihe. Xi Jinping et les autres responsables ont pratiquement disparu de la presse officielle. D’après ce qui s’est passé les années précédentes, cela pourrait durer jusqu’à deux semaines.
Une troisième source liée à la direction a déclaré à Reuters que les tensions autour de Wang Huning étaient liées à son opposition au culte de la personnalité qui s’est formé autour de Xi Jinping.
AU PRIX FORT
Quoiqu’il en soit, le chef de la propagande reste présent dans les médias d’Etat. Selon des diplomates et l’entourage du pouvoir, il est peu probable qu’il soit démis de ses fonctions au sein du Comité permanent du bureau politique du PCC, l’organe suprême de décision en Chine.
Bien que les médias officiels n’aient pas été avares ces derniers jours de commentaires acerbes concernant les États-Unis et la guerre commerciale, certains signes montrent un changement dans le message de la Chine.
Pékin a commencé à mettre en sourdine son “Made in China 2025”, le plan stratégique de développement industriel établi en mai 2015 par l’État qui est au cœur des plaintes de Washington concernant les ambitions technologiques du pays.
La chaîne d’information en langue anglaise CGTN, à destination des étrangers, a également mis l’accent sur la manière dont les prix plus élevés des biens de consommation bon marché fabriqués en Chine affecteront les Américains.
Mais, dans les cercles du gouvernement chinois, on estime que le mal est déjà fait - et que la Chine a appris au prix fort que sa propagande nationale était maintenant scrutée à la loupe à l’étranger comme jamais auparavant.
“Il est impossible pour la Chine ‘d’attendre son heure et de dissimuler sa force’, mais, au moins, nous pouvons contrôler le volume de notre propre propagande et avoir un récit approprié”, déclare une des personnes interrogées par Reuters.
Wang Huning, qui est l’architecte du “Rêve chinois” du président Xi, à savoir de faire de l’empire du Milieu un pays fort et prospère, aurait conçu une image par trop nationaliste pour le pays, ce qui n’a fait que provoquer les Etats-Unis.
“Il est en difficulté pour avoir mal géré la propagande et avoir suscité un battage médiatique excessif autour de la Chine”, commente l’une des personnes interrogées.
Avec la détérioration des relations entre la Chine et les États-Unis, qui s’infligent mutuellement des droits de douane, de plus en plus de personnes au sein du gouvernement chinois estiment que les perspectives pour la Chine “se sont assombries”, indique un conseiller politique du gouvernement sous le sceau de l’anonymat.
Cette impression est partagée par d’autres voix influentes.
“De nombreux économistes et intellectuels sont mal à l’aise avec la politique de guerre commerciale de la Chine”, déclare un universitaire d’un cercle de réflexion, en requérant l’anonymat.
“Le point de vue général est que la position actuelle de la Chine a été trop stricte et que les dirigeants ont clairement mal évalué la situation”.
ATTENDRE SON HEURE
Ce point de vue contraste avec les idées exprimées au début de l’année par de nombreux universitaires chinois qui avaient vanté la capacité de la Chine à résister au conflit commercial face à ce qu’ils percevaient comme une situation de faiblesse pour le président américain Donald Trump dans son pays.
La Chine pensait avoir conclu un accord avec Washington en mai pour éviter une guerre commerciale. Elle a été choquée de ce qu’elle a considéré comme un retournement de l’administration américaine.
“Le passage d’un conflit commercial à une guerre commerciale a amené les gens à repenser les choses”, déclare le conseiller politique qui évoque une “exagération de la force de la Chine par certaines institutions et certains universitaires chinois qui ont influencé la perception américaine et même les points de vue nationaux”.
Selon un responsable au fait de la politique chinoise en matière de propagande, le message n’est pas le bon.
“Dans la guerre commerciale, la ligne adoptée par la propagande a été de dire que Trump était fou”, déclare ce responsable. “En fait, ce dont il a peur, c’est que nous devenions forts.”
Avec le président Xi Jinping, les responsables au pouvoir se sont de plus en plus considérés comme habilités à proclamer que la place légitime de la Chine était d’être leader mondial. Ils ont ainsi jeté aux oubliettes la devise de Deng Xiaoping, l’artisan de l’ouverture économique de la Chine à la fin des années 70, selon laquelle la Chine devait “attendre son heure et dissimuler sa force”.
Cette assurance est patente avec la mise en avant par le gouvernement de son initiative Nouvelle Route de la soie visant à développer des routes commerciales entre l’Orient et l’Occident ou quand il adopte une ligne dure sur les questions territoriales liées à la mer de Chine du Sud et Taiwan.
L’EXCEPTION CHINOISE
L’un des principaux chantres de l’opinion selon laquelle la Chine est parvenue à un “pouvoir national global” est Hu Angang, professeur d’économie à l’université de Tsinghua et expert dans le domaine de “l’exception chinoise”. Ce point de vue est partagé par un certain nombre de personnes dans les cercles officiels, indique le conseiller politique.
Or, au cours des dernières semaines, Hu Angang a dû faire face à des critiques. Il lui a été reproché de rendre les Etats-Unis méfiants vis-à-vis de la Chine en mettant en avant et en exagérant sa puissance économique, technique et militaire.
Les fissures au sein du PCC surviennent à un moment difficile pour le pouvoir chinois. Le yuan et les marchés boursiers sont à la baisse alors que le gouvernement tente de soutenir l’économie pour atténuer les conséquences de la guerre commerciale avec les Etats-Unis en demandant aux banques d’être plus souples dans l’octroi des crédits ou en évoquant un allégement de la fiscalité.
Cela n’a pas empêché semble-t-il les principaux dirigeants de tenir leurs entretiens annuels secrets, vraisemblablement dans la station balnéaire de Beidaihe. Xi Jinping et les autres responsables ont pratiquement disparu de la presse officielle. D’après ce qui s’est passé les années précédentes, cela pourrait durer jusqu’à deux semaines.
Une troisième source liée à la direction a déclaré à Reuters que les tensions autour de Wang Huning étaient liées à son opposition au culte de la personnalité qui s’est formé autour de Xi Jinping.
AU PRIX FORT
Quoiqu’il en soit, le chef de la propagande reste présent dans les médias d’Etat. Selon des diplomates et l’entourage du pouvoir, il est peu probable qu’il soit démis de ses fonctions au sein du Comité permanent du bureau politique du PCC, l’organe suprême de décision en Chine.
Bien que les médias officiels n’aient pas été avares ces derniers jours de commentaires acerbes concernant les États-Unis et la guerre commerciale, certains signes montrent un changement dans le message de la Chine.
Pékin a commencé à mettre en sourdine son “Made in China 2025”, le plan stratégique de développement industriel établi en mai 2015 par l’État qui est au cœur des plaintes de Washington concernant les ambitions technologiques du pays.
La chaîne d’information en langue anglaise CGTN, à destination des étrangers, a également mis l’accent sur la manière dont les prix plus élevés des biens de consommation bon marché fabriqués en Chine affecteront les Américains.
Mais, dans les cercles du gouvernement chinois, on estime que le mal est déjà fait - et que la Chine a appris au prix fort que sa propagande nationale était maintenant scrutée à la loupe à l’étranger comme jamais auparavant.
“Il est impossible pour la Chine ‘d’attendre son heure et de dissimuler sa force’, mais, au moins, nous pouvons contrôler le volume de notre propre propagande et avoir un récit approprié”, déclare une des personnes interrogées par Reuters.