Zeynep Yalcin et Kumri Bilgi
Ces deux femmes sont des mères, appartenant à des ''camps opposés'', représentant la dure réalité du fossé qui sépare Turcs et Kurdes et qui a brisé bien des vies au cours de ces trente dernières années. Presque identiques avec leur foulard blanc et leur robe en coton fleuri, elles viennent de la ville de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, où elles mènent des vies diamétralement opposées.
Le 8 août dernier, grâce aux efforts de la municipalité de Sirnak et des organisations locales non gouvernementales, elles ont été réunies pour montrer qu'elles pouvaient, bien qu'elles aient enduré la plus grande souffrance qui soit (la perte d'un enfant), trouver la force d'avancer ensemble. Et si elles le peuvent, qu'en est-il des principaux acteurs politiques?
Les femmes se sont serrées l'une contre l'autre et ont pleuré leurs fils: l'un d'eux a perdu la vie au nom du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l'autre pour la guerre menée par le gouvernement turc contre le PKK. Est-ce ce symbole de la réalité de deux mères que la Turquie a toujours attendu?
Peut-être bien. Et il apparaît que le Parti pour la justice et le développement au pouvoir en Turquie mise sur cette réalité pour ouvrir des discussions avec et au sujet de la population kurde en Turquie.
Le ministre des Affaires intérieures, Besir Atalay, a annoncé la nouvelle il y a trois semaines. Il a évoqué le fait qu'il était urgent de mettre un terme à cette histoire interminable qui ronge le pays depuis des dizaines d'années. Toutefois, il a évité de donner des détails concernant le déroulement des opérations. Il a seulement indiqué que le gouvernement était en contact avec toutes les parties prenantes, y compris les factions kurdes, et que des mesures constructives seraient bientôt prises en
vue d'une solution permanente.
La réunion de ces deux femmes revêt plus qu'une simple valeur symbolique dans ce contexte. Le fait que Yalcin et Bilgi apparaissent ensemble sur une même photo marque les efforts de réconciliation du noyau de la société, à savoir la famille. C'est pourquoi, il est crucial pour le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan d'engager davantage de femmes dans le processus de paix; des femmes qui sont soit actrices dans le conflit, soit touchées par les actions entreprises par d'autres, doivent être présentes à la table des négociations et faire partie de l'ordre du jour des négociations.
Un pas vers l'intégration des femmes dans le processus de négociation consisterait, pour le gouvernement AKP, à soutenir les conditions socio-économiques des femmes kurdes, en leur assurant les pleins droits en que citoyennes (pas seulement sur le papier mais aussi dans la pratique).
Selon la constitution turque, tous les citoyens peuvent prétendre à des droits inaliénables. Toutefois, ce n'est pas le cas. Si les femmes craignent de parler le kurde, leur langue maternelle, qui a été interdite par le gouvernement turc pendant des années, il est difficile pour elles de pleinement participer à la vie de leur communauté et de leur pays.
En outre, le gouvernement turc doit lutter contre l'analphabétisme galopant dans le sud-est de la Turquie majoritairement kurde. Selon un rapport qui date de 2003 établi par l’Institut National de la Statistique, l'analphabétisme chez les femmes dans le sud-est de la Turquie s'élève au taux renversant de 44,6%, contre 20,4% au niveau national. Le gouvernement doit mettre en place des campagnes d'alphabétiation rigoureuses destinées aux populations kurdes et turques et s'intéresser particulièrement aux femmes touchées par le conflit.
Une étude menée par KONDA, une société de recherche et de conseil installée à Istanbul, montre que les Kurdes représentent 23,8% des Turcs dont les tranches de revenu sont les plus modestes. Améliorer le niveau de vie de la population kurde à l'aide de mesures simples telles que l'installation de l'eau courante, de sanitaires, la création de soins de santé de base et de bonnes infrastructures amélioreraient vite la vie des femmes et par conséquent celle de leurs familles.
Si le gouvernement peut améliorer, de manière significative, la vie des femmes dans la région, il peut très bien réduire le nombre de fils privés de leurs droits civiques qui sinon risqueraient de prendre part au conflit.
Toutefois, ce n'est qu'un premier pas. Pour poursuivre dans ce sens, il faut se souvenir de Zeynep et de Kumri: réunir les gens activement au-delà du clivage peut avoir des effets notables sur la prochaine génération de Turcs et de Kurdes.
Le 8 août dernier, grâce aux efforts de la municipalité de Sirnak et des organisations locales non gouvernementales, elles ont été réunies pour montrer qu'elles pouvaient, bien qu'elles aient enduré la plus grande souffrance qui soit (la perte d'un enfant), trouver la force d'avancer ensemble. Et si elles le peuvent, qu'en est-il des principaux acteurs politiques?
Les femmes se sont serrées l'une contre l'autre et ont pleuré leurs fils: l'un d'eux a perdu la vie au nom du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l'autre pour la guerre menée par le gouvernement turc contre le PKK. Est-ce ce symbole de la réalité de deux mères que la Turquie a toujours attendu?
Peut-être bien. Et il apparaît que le Parti pour la justice et le développement au pouvoir en Turquie mise sur cette réalité pour ouvrir des discussions avec et au sujet de la population kurde en Turquie.
Le ministre des Affaires intérieures, Besir Atalay, a annoncé la nouvelle il y a trois semaines. Il a évoqué le fait qu'il était urgent de mettre un terme à cette histoire interminable qui ronge le pays depuis des dizaines d'années. Toutefois, il a évité de donner des détails concernant le déroulement des opérations. Il a seulement indiqué que le gouvernement était en contact avec toutes les parties prenantes, y compris les factions kurdes, et que des mesures constructives seraient bientôt prises en
vue d'une solution permanente.
La réunion de ces deux femmes revêt plus qu'une simple valeur symbolique dans ce contexte. Le fait que Yalcin et Bilgi apparaissent ensemble sur une même photo marque les efforts de réconciliation du noyau de la société, à savoir la famille. C'est pourquoi, il est crucial pour le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan d'engager davantage de femmes dans le processus de paix; des femmes qui sont soit actrices dans le conflit, soit touchées par les actions entreprises par d'autres, doivent être présentes à la table des négociations et faire partie de l'ordre du jour des négociations.
Un pas vers l'intégration des femmes dans le processus de négociation consisterait, pour le gouvernement AKP, à soutenir les conditions socio-économiques des femmes kurdes, en leur assurant les pleins droits en que citoyennes (pas seulement sur le papier mais aussi dans la pratique).
Selon la constitution turque, tous les citoyens peuvent prétendre à des droits inaliénables. Toutefois, ce n'est pas le cas. Si les femmes craignent de parler le kurde, leur langue maternelle, qui a été interdite par le gouvernement turc pendant des années, il est difficile pour elles de pleinement participer à la vie de leur communauté et de leur pays.
En outre, le gouvernement turc doit lutter contre l'analphabétisme galopant dans le sud-est de la Turquie majoritairement kurde. Selon un rapport qui date de 2003 établi par l’Institut National de la Statistique, l'analphabétisme chez les femmes dans le sud-est de la Turquie s'élève au taux renversant de 44,6%, contre 20,4% au niveau national. Le gouvernement doit mettre en place des campagnes d'alphabétiation rigoureuses destinées aux populations kurdes et turques et s'intéresser particulièrement aux femmes touchées par le conflit.
Une étude menée par KONDA, une société de recherche et de conseil installée à Istanbul, montre que les Kurdes représentent 23,8% des Turcs dont les tranches de revenu sont les plus modestes. Améliorer le niveau de vie de la population kurde à l'aide de mesures simples telles que l'installation de l'eau courante, de sanitaires, la création de soins de santé de base et de bonnes infrastructures amélioreraient vite la vie des femmes et par conséquent celle de leurs familles.
Si le gouvernement peut améliorer, de manière significative, la vie des femmes dans la région, il peut très bien réduire le nombre de fils privés de leurs droits civiques qui sinon risqueraient de prendre part au conflit.
Toutefois, ce n'est qu'un premier pas. Pour poursuivre dans ce sens, il faut se souvenir de Zeynep et de Kumri: réunir les gens activement au-delà du clivage peut avoir des effets notables sur la prochaine génération de Turcs et de Kurdes.