Le groupe de soutien au Liban met en garde Ryad et Téhéran


Samedi 9 Décembre 2017 - 11:08
Reuters


Paris - La communauté internationale a fait bloc vendredi pour appuyer les efforts de stabilisation du Liban, fragilisé par une nouvelle crise géopolitique, en adressant une mise en garde à l‘Iran et l‘Arabie saoudite contre toute ingérence et en rappelant le Hezbollah à la neutralité.


Emmanuel Macron a coprésidé à Paris avec la secrétaire générale adjointe de l‘Onu, Amina Mohammed, une réunion du groupe international de soutien au Liban (GISL) dont l‘ambition était d‘adresser un message fort pour aider à la remise en marche des institutions et de l’économie libanaises, mais aussi freiner les visées déstabilisatrices des puissances régionales.

Face à la lutte d‘influence entre l‘Arabie saoudite sunnite et l‘Iran chiite, le groupe rappelle “la nécessité de protéger le Liban des crises qui déstabilisent le Moyen-Orient et appelle tous les Etats et organisations régionaux à oeuvrer à la stabilité politique, sociale, économique et financière du Liban et à sa sécurité, dans le plein respect de sa souveraineté et de son intégrité”, peut-on lire dans une déclaration conjointe, traduite de l‘anglais.

Dans un pays au fragile équilibre communautaire, déstabilisé en outre par la présence de quelque 1,4 million de réfugiés syriens, le GISL exhorte “toutes les parties libanaises à mettre en oeuvre la politique tangible de dissociation et de non ingérence dans les conflits extérieurs”.

Une invite limpide au Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise considéré comme le vecteur d‘expansion de l‘Iran dans la région, soutien des forces gouvernementales en Syrie et des rebelles houthis au Yémen.

“LA DISTANCIATION S‘IMPOSE À TOUS”

Les forces armées libanaises sont les “seules légitimes” au Liban, est-il écrit dans la déclaration. Une nouvelle conférence de soutien aux FAL, après celle de Rome en 2014, est prévue dans les premières semaines de 2018.

“La distanciation s‘impose à tous (...) que ce soit l‘Arabie saoudite, que ce soit l‘Iran”, a résumé le chef de la diplomatie française à l‘issue de la réunion. “Ça s‘adresse évidemment aussi au Hezbollah, à l‘intérieur et à l‘extérieur”, a-t-il ajouté ensuite au côté de son homologue américain Rex Tillerson.

“Il fallait le rappeler avec force, c‘est tout. Le principe de distanciation suppose parallèlement le renforcement de l‘Etat libanais”, a ajouté Jean-Yves Le Drian.

Le Liban, qui n‘a pas organisé d’élections législatives depuis 2009, en prévoit théoriquement en mai 2018.

Le GISL réunit les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l‘Onu (France, Chine, Russie, Etats-Unis, Grande-Bretagne) ainsi que l‘Italie, l‘Allemagne, l‘Egypte, l‘Onu, l‘Union européenne, la Ligue arabe, la Banque mondiale.

Cette réunion, en présence de Saad Hariri, intervient plus d‘un mois après la crise provoquée par la démission surprise le 4 novembre du Premier ministre libanais, alors en Arabie saoudite, qui avait dénoncé le rôle déstabilisateur de l‘Iran et du Hezbollah chiite, soutenu politiquement et militairement par Téhéran.

Son séjour prolongé à Ryad avait nourri des spéculations sur sa liberté de mouvement, le président libanais Michel Aoun parlant d‘une prise d’“otage”. La France a joué les médiatrices pour favoriser son retour à Beyrouth après une halte à Paris.

“PLURALISME” CONTRE “LOI DU PLUS FORT”

Saad Hariri, qui avait “gelé” sa décision le 22 novembre, l‘a formalisée mardi à la faveur d‘un accord de gouvernement avec le Hezbollah sur la politique de “dissociation” des conflits régionaux.

Toute violation de ce principe entraînerait le Liban dans “une zone de danger”, a mis en garde Saad Hariri, soulignant que la décision des Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d‘Israël constituait “un défi supplémentaire à la stabilité” de la région.

“Aucun des problèmes de la région ne sera réglé par des décisions unilatérales, par la loi du plus fort ou par l‘humiliation de l‘autre. Les équilibres dans la région ne se construiront que dans le pluralisme qui en fait l‘histoire”, avait déclaré pour sa part Emmanuel Macron à l‘ouverture de la réunion.

Saad Hariri a pressé la communauté internationale de “prendre ses responsabilités” face à la question des réfugiés, “grande crise” pour le Liban. Les réfugiés “doivent pouvoir rentrer chez eux, en Syrie, dans la sécurité”.

Le groupe de soutien s‘est aussi engagé à appuyer financièrement le Liban, dont l’économie subit de plein fouet les conséquences du conflit en Syrie. Emmanuel Macron a indiqué que la France et l‘Allemagne travaillaient à un plan d‘investissements en lien notamment avec la Banque mondiale et le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement).


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement