Le "nez" Jean-Paul Guerlain de nouveau devant justice pour propos racistes


Vendredi 9 Mars 2012 - 15:25
AFP


Paris - Une plainte a été déposée fin février contre le parfumeur Jean-Paul Guerlain après des propos "à caractère raciste" ayant visé des employés antillais du train Eurostar à la gare du Nord à Paris.


Jean-Paul Guerlain
Jean-Paul Guerlain
En attente de jugement pour avoir publiquement brocardé "les nègres", Jean-Paul Guerlain, l'un des grands "nez" du XXe siècle, est à nouveau accusé d'avoir tenu des propos "à caractère raciste", à des employés antillais du train Eurostar.

Une plainte a été déposée fin février contre le parfumeur après des propos "à caractère raciste" ayant visé ces employés à la gare du Nord à Paris, a-t-on appris de source policière.

Selon les employés, M. Guerlain a proféré à leur encontre des propos "déplacés" et "à caractère raciste" alors qu'ils étaient en train d'aider le parfumeur, qui était en fauteuil roulant, selon cette source qui n'a pas donné de détails.

Une enquête a été ouverte par la police aux frontières (Paf) où leur plainte a été déposée le 28 février, selon la source.

Ni ne parquet ni l'avocat de M. Guerlain n'avaient pu être joints vendredi pour confirmer cette information.

Selon France-Info, les trois agents affirment avoir entendu de la bouche de Jean-Paul Guerlain, très énervé : "La France est un pays de merde, c'est une boîte de merde et en plus on est servi que par des immigrés".

La radio a reproduit à l'antenne les propos de Christopher, l'un des trois agents, selon qui "on a porté assistance à ce monsieur en lui précisant qu'il était arrivé un petit peu trop tard pour l'enregistrement (...) et on lui a proposé des solutions pour le replacer sur un train dans de bonnes conditions".

Agé de 75 ans, le descendant du fondateur de la célèbre maison de parfum avait déjà créé la polémique en octobre 2010, en déclarant, à propos de la création du parfum Samsara lors d'une interview télévisée: "Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin..."

Un déluge de protestations et d'appels au boycott des produits Guerlain avait suivi, en dépit des excuses présentées par Jean-Paul Guerlain.

Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), SOS Racisme et l'association Noir et Fier avaient porté plainte pour injure raciale, rejointes ensuite par d'autres.

Devant le tribunal correctionnel de Pais, où il a comparu le 9 février, le septuagénaire a confessé une "imbécillité" et renouvelé ses excuses.

"La première partie de ma phrase est une phrase que j'ai entendue toute ma jeunesse quand je travaillais dans le jardin de mon grand-père. Je suis d'une autre génération (...) quant à l'autre phrase, c'est une imbécillité de ma part, j'ai voulu faire rigoler la journaliste et je le regrette", s'est-t-il justifié en présentant à plusieurs reprises ses "excuses à la communauté noire pour cette imbécillité".

Il n'a toutefois convaincu ni les associations qui ont brocardé son "racisme jovial" ni le procureur qui a estimé que ces propos, "injurieux et racistes", avaient constitué "un trouble à l'ordre public".

Une amende "de 7.500 euros au moins" a été requise contre M. Guerlain. Le jugement sera rendu le 29 mars.

Retraité depuis 2002, M. Guerlain a lancé une quarantaine de parfums aux inoubliables fragrances, de Vétiver à Habit rouge, en passant par Samsara ou Jardins de Bagatelle.

Il est resté consultant auprès du "nez" de la maison, Thierry Wasser. Mais l'entreprise a cessé toute collaboration avec lui en octobre 2010, quelques jours après ses propos sur les "nègres".


           

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