Le pape met en garde les chrétiens du Maroc contre tout prosélytisme


Lundi 1 Avril 2019 - 13:50
AFP


Rabat - Le pape François a mis en garde les chrétiens contre toute tentation de "prosélytisme", avant de célébrer une grande messe à Rabat, dimanche au second jour de sa visite officielle au Maroc.


C'est au cours d'une rencontre avec différents représentants chrétiens à la cathédrale de Rabat que le chef des 1,3 milliard de Catholiques a souligné que l'important n'était pas d'être nombreux mais d'illustrer très concrètement les enseignements de l'Eglise.

"Continuez à vous faire proches de ceux qui sont souvent laissés de côté, des petits et des pauvres, des prisonniers et des migrants", a-t-il conseillé.

En revanche, "les chemins de la mission ne passent pas par le prosélytisme, qui conduit toujours à une impasse", a fortement insisté le pape. "S'il vous plait, pas de prosélytisme!", a-t-il martelé en sortant de son texte, "l'Eglise croît non par prosélytisme mais par le témoignage".

La remarque récurrente du pape prend une résonance particulière dans un pays où le prosélytisme actif auprès de musulmans marocains peut valoir jusqu'à trois ans de prison.

En revanche, les musulmans ont en théorie le droit de se convertir si c'est leur propre choix, une ouverture notable par rapport à d'autres pays comme les Emirats arabes unis où la conversion est punie par la peine de mort.

Le roi du Maroc Mohammed VI, présent samedi toute l'après-midi au côté du pape à l'exception de la rencontre plus confidentielle avec des migrants, avait précisé: "je protège les juifs marocains et les chrétiens d'autres pays qui vivent au Maroc".

Il n'a fait aucune référence à l'existence très discrète de milliers de Marocains convertis au christianisme qui plaident depuis 2017 pour bénéficier pleinement de la liberté de culte inscrite dans la Constitution.

Dimanche après-midi, le pape a célébré une grande messe en espagnol dans un complexe sportif couvert de Rabat où l'attendaient près de 10.000 fidèles dans une ambiance très festive, chantant et tapant des mains pour marquer les rythmes afro.

La foule, majoritairement composée de subsahariens, réunissait aussi des Européens -des familles, des seniors, des jeunes- et des Philippins. On pouvait aussi croiser dans les croisées quelques Marocains, dont un grand nombre de policiers en civil.

"Je suis ému de le voir, je suis ému d'avoir sa bénédiction", lance Samba, un Burkinabé de 18 ans de passage à Rabat en attendant de "passer en Europe". "Ca fait longtemps que j'attendais ce moment. Je voulais le rencontrer mais ce n'était pas possible. Mais il est là et il faut en profiter", ajoute ce jeune migrant, un bonnet rouge vissé sur la tête.

Samedi, le pape a plusieurs fois évoqué les "souffrances" des migrants en dénonçant "l'indifférence et le silence" et en appelant à les considérer "comme des personnes, pas comme des numéros". Il a terminé sa journée en rencontrant un petit groupe de migrants dans un centre humanitaire Caritas.

Dimanche matin, quelques centaines de fidèles, originaires d'Europe ou d'Afrique subsaharienne, sont venus l'attendre sur le parvis de la cathédrale, au coeur du vieux Rabat. "Viva papa!", s'est époumoné un fidèle.

"La visite du pape montre que le vivre-ensemble est possible au Maroc", a commenté Antoine, un Nigérian de 36 ans. Mais "il y a des choses à améliorer, notamment la question des migrants et celle des chrétiens marocains", nuance cet homme qui travaille à Rabat dans une association de défense des droits des migrants.

Le pape a salué à la cathédrale les représentants du Conseil des Eglises chrétiennes du Maroc, créé pour promouvoir le dialogue oecuménique, qui réunit églises catholique, anglicane, évangélique, grecque orthodoxe et russe orthodoxe.

Dans la matinée, le souverain pontife s'était aussi rendu dans un centre social géré par des soeurs et des bénévoles à une vingtaine de km de Rabat, doté notamment d'un centre de soins où le pape a salué des petits malades.

Le Maroc compte environ 30.000 catholiques, dix fois moins qu'avant son indépendance, en 1956. Il y avait 200 églises à l'époque de la colonisation française et espagnole, il en reste aujourd'hui 44.


           

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