Le secret de la "bactérie du désert": se caler sur le cycle de l'eau


Lundi 5 Septembre 2011 - 10:25
AFP


Paris - La "bactérie du désert" a adapté son propre cycle pour le caler sur celui de l'eau : à la fin de la nuit, lorsque la rosée apparaît, elle est prête à se métamorphoser pour en profiter. C'est, selon une récente étude, le secret de sa survie dans le désert du Sud tunisien.


Le secret de la "bactérie du désert": se caler sur le cycle de l'eau
Mieux connaître les bactéries du désert, leur diversité, leurs mécanismes de tolérance au manque d'eau, pourraient déboucher sur des applications en biotechnologies ou de nouveaux antibiotiques, souligne Thierry Heulin (CEA/CNRS/Université Aix-Marseille, France) qui a participé à l'analyse du génome de Ramlibacter tataouinensis.

Cette bactérie du désert, qui avait été découverte à proximité de Tataouine (Tunisie), peut se présenter sous formes de kystes immobiles ou de bâtonnets capables de se déplacer.

Dans la journée quand le sable est sec et chaud, elle est sous forme de kyste, bien protégée par une couche extérieure - un polymère- qui lui évite toute déshydratation.

Ce polymère aurait "des propriétés physico-chimiques tout à fait originales: quand il y a de l'eau à l'extérieur, elle pénètre dans la bactérie, quand il n'y en pas à l'extérieur, l'eau ne sort pas de la bactérie", a précisé à l'AFP M. Heulin.

En fin de nuit, quand approche l'heure où la rosée a une chance d'apparaître, la bactérie est préparée. Si l'eau est présente, elle dispose de trois heures pour effectuer une division cellulaire. Les deux bactéries qui en sont issues peuvent être directement sous forme de kystes, ou bien sous forme de bâtonnets pouvant se disséminer plus loin.

"Un kyste qui se divise, sans repasser par le stade bâtonnet, ça n'avait jamais été démontré", souligne le chercheur. Il y voit une façon originale de s'adapter quand "la fenêtre où l'eau est disponible est très courte".

Pour se caler au mieux sur le cycle de l'eau, la bactérie du désert utiliserait, de façon détournée, le gène KiaC, déjà connu chez des bactéries utilisant la photosynthèse comme les plantes. Il permet à ces bactéries de caler leur rythme sur celui du soleil.

L'étude a été publiée le 2 septembre par la revue scientifique en ligne PLoS One.


           

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