Le Pacte pour l'Alternance démocratique (PAD), qui regroupe des partis et associations en pointe dans le mouvement de contestation, a appelé, avec d'autres, "à faire des 21 et 22 février 2020, un moment fort de la mobilisation populaire pour disqualifier l'agenda de la régénération du +système+ et jeter les bases d'une nouvelle République".
Il y a un an, le vendredi 22 février 2019, soudain et inattendu dans une Algérie réputée résignée, surgissait le "Hirak", mouvement de protestation populaire, massif et inédit, vent debout contre la volonté annoncée du président Bouteflika, quasi-invisible et muet depuis un AVC en 2013, de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle prévue en avril suivant.
Après moins de six semaines de manifestations qui ne cessaient d'enfler, l'état-major de l'armée, pilier du régime, a contraint Abdelaziz Bouteflika à démissionner le 2 avril.
Assurant le pouvoir de fait, le haut commandement militaire a toutefois balayé ensuite toutes les revendications du "Hirak" sur un changement du "système", et multiplié les arrestations de responsables et manifestants.
Si la mobilisation semble marquer le pas depuis l'élection présidentielle de la mi-décembre, les manifestants restent nombreux.
Mais le "Hirak" est confronté à de nombreux défis, alors qu'il entame sa 2e année au moment où le régime reprend des forces.
Après avoir assumé le pouvoir de fait dès la démission de M. Bouteflika, le haut commandement militaire a organisé une présidentielle, qui a été largement boudée et remportée par Abdelmadjid Tebboune, un ex-fidèle du président déchu.
"Les militaires sont revenus dans leurs casernes, les civils sont au pouvoir, donc il y a la façade constitutionnelle et démocratique mais en fait c'est exactement ce qu'il y avait avant", souligne Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth (Liban). "Tebboune n'est que la façade civile d'un régime qui reste aux mains de l'institution militaire".
La capacité du régime "à changer sans changer et sa résilience va être testée dans les prochaines années", poursuit Mme Ghanem.
Il distribuera quelques "bienfaits politiques" sous forme de réformes limitées mais la crise économique qui s'annonce en Algérie, avec la faiblesse des cours des hydrocarbures, va l'empêcher de puiser dans la manne pétrolière pour acheter la paix sociale, comme il a eu coutume de le faire.
Largement informelle, sans structure organisée ou dirigeants identifiés, la contestation doit à son tour se repenser, à l'aube de son "An II", au risque de s'essouffler. L'ampleur des cortèges vendredi sera un test de sa vigueur.
Doit-il accepter la "main tendue" par le président Tebboune au risque d'être avalé par le régime? Doit-il se structurer pour participer au jeu institutionnel ? Au risque d'afficher au grand jour ses clivages et ses contradictions?
Quoi qu'il en soit, le "Hirak" a déjà changé la donne politique, après 20 ans de présidence Bouteflika, durant laquelle toute opposition réelle a été méthodiquement découragée, entravée, bâillonnée ou "cooptée".
Surtout, avec le mot d'ordre "pacifique", il a "réussi à faire qu'il n'y ait pas de confrontation sanglante ni de répression brutale", souligne l'historienne Karima Dirèche.
"Le fait de voir des Algériens réunis chaque vendredi depuis un an, -- femmes, hommes, berbères, Chaouis, Kabyles, Frères musulmans et laïcs -- dans la rue, c'est extraordinaire", remarque aussi Dalia Ghanem. "Il y a aussi le mur de la peur qui a été détruit par cette nouvelle génération très politisée et qui sait ce qu'elle veut".
L'année qui s'ouvre va permettre "de prendre la mesure de ce que les Algériens souhaitent collectivement par rapport à leur présent et à leur avenir. Et ça prendra le temps que ça prendra", observe Karima Dirèche.
Certains "ont envie de voir les choses aller beaucoup plus vite, mais je pense que ce rythme-là convient très bien à cette contestation complètement atypique", ajoute-t-elle.
Finalement, "l'Algérie sera peut-être un cas d'école", veut croire l'historienne, directrice de recherche au CNRS (France). L'An II du "Hirak" le dira.
Il y a un an, le vendredi 22 février 2019, soudain et inattendu dans une Algérie réputée résignée, surgissait le "Hirak", mouvement de protestation populaire, massif et inédit, vent debout contre la volonté annoncée du président Bouteflika, quasi-invisible et muet depuis un AVC en 2013, de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle prévue en avril suivant.
Après moins de six semaines de manifestations qui ne cessaient d'enfler, l'état-major de l'armée, pilier du régime, a contraint Abdelaziz Bouteflika à démissionner le 2 avril.
Assurant le pouvoir de fait, le haut commandement militaire a toutefois balayé ensuite toutes les revendications du "Hirak" sur un changement du "système", et multiplié les arrestations de responsables et manifestants.
Si la mobilisation semble marquer le pas depuis l'élection présidentielle de la mi-décembre, les manifestants restent nombreux.
Mais le "Hirak" est confronté à de nombreux défis, alors qu'il entame sa 2e année au moment où le régime reprend des forces.
Après avoir assumé le pouvoir de fait dès la démission de M. Bouteflika, le haut commandement militaire a organisé une présidentielle, qui a été largement boudée et remportée par Abdelmadjid Tebboune, un ex-fidèle du président déchu.
"Les militaires sont revenus dans leurs casernes, les civils sont au pouvoir, donc il y a la façade constitutionnelle et démocratique mais en fait c'est exactement ce qu'il y avait avant", souligne Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth (Liban). "Tebboune n'est que la façade civile d'un régime qui reste aux mains de l'institution militaire".
La capacité du régime "à changer sans changer et sa résilience va être testée dans les prochaines années", poursuit Mme Ghanem.
Il distribuera quelques "bienfaits politiques" sous forme de réformes limitées mais la crise économique qui s'annonce en Algérie, avec la faiblesse des cours des hydrocarbures, va l'empêcher de puiser dans la manne pétrolière pour acheter la paix sociale, comme il a eu coutume de le faire.
Largement informelle, sans structure organisée ou dirigeants identifiés, la contestation doit à son tour se repenser, à l'aube de son "An II", au risque de s'essouffler. L'ampleur des cortèges vendredi sera un test de sa vigueur.
Doit-il accepter la "main tendue" par le président Tebboune au risque d'être avalé par le régime? Doit-il se structurer pour participer au jeu institutionnel ? Au risque d'afficher au grand jour ses clivages et ses contradictions?
Quoi qu'il en soit, le "Hirak" a déjà changé la donne politique, après 20 ans de présidence Bouteflika, durant laquelle toute opposition réelle a été méthodiquement découragée, entravée, bâillonnée ou "cooptée".
Surtout, avec le mot d'ordre "pacifique", il a "réussi à faire qu'il n'y ait pas de confrontation sanglante ni de répression brutale", souligne l'historienne Karima Dirèche.
"Le fait de voir des Algériens réunis chaque vendredi depuis un an, -- femmes, hommes, berbères, Chaouis, Kabyles, Frères musulmans et laïcs -- dans la rue, c'est extraordinaire", remarque aussi Dalia Ghanem. "Il y a aussi le mur de la peur qui a été détruit par cette nouvelle génération très politisée et qui sait ce qu'elle veut".
L'année qui s'ouvre va permettre "de prendre la mesure de ce que les Algériens souhaitent collectivement par rapport à leur présent et à leur avenir. Et ça prendra le temps que ça prendra", observe Karima Dirèche.
Certains "ont envie de voir les choses aller beaucoup plus vite, mais je pense que ce rythme-là convient très bien à cette contestation complètement atypique", ajoute-t-elle.
Finalement, "l'Algérie sera peut-être un cas d'école", veut croire l'historienne, directrice de recherche au CNRS (France). L'An II du "Hirak" le dira.