Le père et la mère, José et Eugenia, ont connu l'âpre carrière des flamencos de l'interminable fin du dictateur Franco, en Espagne. Autrement dit, Séville la grande (au tablaos - "cabaret" - Cortijo del Guajiro, et plus tard aux Gallos, sur la charmante place du Consulat français). Mais aussi la Costa del Sol, ses hôtels, son public d'abrutis, Guantanamo (mais oui), la Venta de la rue Guénégaud à Paris, et partout où vous étiez pris pour un traîne-savate qui criait ay-ay-ay.
Deux ans après la mort du tyran (en 1977), nos deux Sévillans créent à San José Obrero une académie de baile d'où sortent toutes les pointures de la génération suivante. Jamais ils ne se sont présentés en scène avec leurs prodiges de fille, la Pastora, et de fils, Israel. Il faut être Macha Makeïeff et Patrick Bellito (respectivement directrice artistique et responsable de l'accueil des compagnies au théâtre de Nîmes) pour concocter ce type de nuit. Nuit d'attente phénoménale et dont nul ne peut dire quoi que ce soit avant. Car tels sont le flamenco, le baile et la famille Galvan.
La Pastora ? Des Gallos en tablaos de Tokyo, Israel, de sept ans son aîné, a su guider ses pas. Tout le reste n'est que d'elle.
Israel ? Rien à en dire. Il fait son corps flamenco. D'un coup, comme Chaplin, il casse un geste sublime et finit en marchant. On le dit d'avant-garde. C'est nous qui sommes d'une désolante arrière-garde. Lui, il danse Derain, Picasso, Miles Davis, ayant tout intégré de José et Eugenia pour s'envoler sans trahir.
Bon, laissez-moi vous entretenir de "Chiquetete". Lui, José Antonio Pantoja, 60 ans. Chiquetete, figurez-vous, il nous revient au flamenco puro. Où ? A Nîmes. Quand ? La veille des Galvanes, le 22 janvier.
D'où revient-il ? De la soupe, du flamenco pop mâtiné de Luis Mariano. Chiquetete, il n'a pas de bol : quoi qu'il chante, La Cucarracha, Imagine ou En passant par la Lorraine, ça colle : succès, Rolex, Grammys, il est victime du succès comme d'autres de tendinite.
Ainsi, un soir, le 18 décembre 1986, Chiquetete revenait de Las Vegas. Il s'était affublé d'un bassiste électrique et d'un nigaud aux synthés. Devant 4 000 Gitans en liesse, à 18 km de Séville, Chiquetete s'est lancé dans un tour de chant moderne. Cheveux calamistrés, chemise à jabot et escarpins vernis. C'était navrant. Par les travées, pleurs de joie... Ma voisine, une centenaire : "C'est magnifique." Moi : "Vous ne préférez pas quand il chante "Flamenco puro" ?" Elle : "Of course, señor, bien sûr." Moi, m'enferrant : "Mais alors, pourquoi ça ?" Elle, définitive : "Et alors, si ça lui plaît, ce soir !"
Deux ans après la mort du tyran (en 1977), nos deux Sévillans créent à San José Obrero une académie de baile d'où sortent toutes les pointures de la génération suivante. Jamais ils ne se sont présentés en scène avec leurs prodiges de fille, la Pastora, et de fils, Israel. Il faut être Macha Makeïeff et Patrick Bellito (respectivement directrice artistique et responsable de l'accueil des compagnies au théâtre de Nîmes) pour concocter ce type de nuit. Nuit d'attente phénoménale et dont nul ne peut dire quoi que ce soit avant. Car tels sont le flamenco, le baile et la famille Galvan.
La Pastora ? Des Gallos en tablaos de Tokyo, Israel, de sept ans son aîné, a su guider ses pas. Tout le reste n'est que d'elle.
Israel ? Rien à en dire. Il fait son corps flamenco. D'un coup, comme Chaplin, il casse un geste sublime et finit en marchant. On le dit d'avant-garde. C'est nous qui sommes d'une désolante arrière-garde. Lui, il danse Derain, Picasso, Miles Davis, ayant tout intégré de José et Eugenia pour s'envoler sans trahir.
Bon, laissez-moi vous entretenir de "Chiquetete". Lui, José Antonio Pantoja, 60 ans. Chiquetete, figurez-vous, il nous revient au flamenco puro. Où ? A Nîmes. Quand ? La veille des Galvanes, le 22 janvier.
D'où revient-il ? De la soupe, du flamenco pop mâtiné de Luis Mariano. Chiquetete, il n'a pas de bol : quoi qu'il chante, La Cucarracha, Imagine ou En passant par la Lorraine, ça colle : succès, Rolex, Grammys, il est victime du succès comme d'autres de tendinite.
Ainsi, un soir, le 18 décembre 1986, Chiquetete revenait de Las Vegas. Il s'était affublé d'un bassiste électrique et d'un nigaud aux synthés. Devant 4 000 Gitans en liesse, à 18 km de Séville, Chiquetete s'est lancé dans un tour de chant moderne. Cheveux calamistrés, chemise à jabot et escarpins vernis. C'était navrant. Par les travées, pleurs de joie... Ma voisine, une centenaire : "C'est magnifique." Moi : "Vous ne préférez pas quand il chante "Flamenco puro" ?" Elle : "Of course, señor, bien sûr." Moi, m'enferrant : "Mais alors, pourquoi ça ?" Elle, définitive : "Et alors, si ça lui plaît, ce soir !"