Les Palestiniens déterminés dans leur offensive diplomatique face à Israël


Mercredi 18 Mars 2015 - 17:45
AFP


Les Palestiniens n'avaient aucune illusion quant aux élections israéliennes mais le triomphe de Benjamin Netanyahu qui vient d'enterrer l'idée d'un Etat palestinien tant qu'il serait Premier ministre, ne fait que les conforter dans leur détermination à la confrontation diplomatique et légale.


Yasser Abed Rabbo
Yasser Abed Rabbo
M. Netanyahu, le Premier ministre sortant, semble en position d'entamer un nouveau mandat. C'est le même homme qui, aux dernières heures de sa campagne, promettait d'empêcher la création d'un Etat de Palestine et se rendait symboliquement chez les colons de Jérusalem-Est pour promettre qu'il ne laisserait pas les Palestiniens y établir leur capitale comme ils l'entendent et qu'il y poursuivrait la colonisation.

En choisissant M. Netanyahu, Israël "a choisi la voie du racisme, de l'occupation et de la colonisation, et pas la voie des négociations et du partenariat", a dit à l'AFP Yasser Abed Rabbo, secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Pour le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat, M. Netanyahu a "enterré la solution à deux Etats". Un "crime de guerre" supplémentaire que les Palestiniens porteront devant la Cour pénale internationale (CPI) dès le 1er avril, a-t-il assuré. "Il n'y a pas de partenaire pour la paix en Israël".

- 'Les masques sont tombés' -

Les Palestiniens ont cessé de placer leurs espoirs dans d'énièmes négociations -les dernières menées avec M. Netanyahu ont échoué en avril 2014- pour mettre fin à près de 70 ans de conflit, et ont lancé une intense campagne internationale pour défendre leur cause.

Côté israélien, on jouait mercredi l'apaisement. Un proche de M. Netanyahu, Tzahi Hanegbi, a assuré que si l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas "change d'attitude", elle "trouvera la main tendue du Likoud (le parti de M. Netanyahu) pour reprendre le dialogue".

Ce à quoi, la présidence palestinienne a rétorqué qu'elle coopérerait avec "tout gouvernement" prônant "la solution à deux Etats, avec Jérusalem-Est comme capitale de l'Etat de Palestine". Sans ça, "le processus de paix n'aura aucune chance".

Malgré tout, les Palestiniens vont "accélérer, poursuivre et intensifier" leur offensive diplomatique, maintient M. Erakat.

C'est sous M. Netanyahu qu'ils se sont tournés en 2012 vers l'ONU pour obtenir le statut d'Etat observateur. Sous son mandat encore qu'ils ont proposé en 2014 une résolution -qui a échoué- au Conseil de sécurité de l'ONU pour fixer un terme à l'occupation israélienne.

Et c'est M. Netanyahu notamment qu'ils veulent faire citer à la CPI, une initiative qui leur vaut depuis trois mois de ne plus recevoir plus de deux tiers de leurs recettes propres, aujourd'hui près d'un demi-milliard de dollars, gelées par le gouvernement Netanyahu.

Pour Mustapha Barghouthi, un dirigeant palestinien, "les masques sont tombés" avec ces élections. "Netanyahu tue la solution à deux Etats et Israël est officiellement un Etat d'apartheid", écrit-il sur Twitter.

Mardi, en plein scrutin, M. Netanyahu diffusait une vidéo alarmiste: les Arabes israéliens "votent en masse, la droite est en danger".

Pour le porte-parole de l'OLP, Xavier Abou Eid, c'est la preuve que "Netanyahu connaît Israël mieux que personne: plus de colonies+discours de haine+refuser aux Palestiniens leurs droits = élection gagnée", tweete-t-il.

- 'Mieux vaut le mal qu'on connaît' -

L'Union européenne a "félicité" M. Netanyahu, l'appelant à un "leadership audacieux" pour relancer le processus de paix.

Dans la rue palestinienne domine plutôt la résignation, en particulier à Gaza, ravagée par trois offensives israéliennes en six ans et où le Hamas islamiste s'est redit "prêt et fort" en cas de nouvelle guerre.

Les travaillistes auraient permis à Israël de montrer son meilleur visage à la communauté internationale, disent les Palestiniens. En revanche, note l'écrivain palestinien Raja Shehadeh dans une tribune, "quand on leur demande qui ils préfèreraient voir gagner, la réponse la plus fréquente est Netanyahu car mieux vaut le mal qu'on connaît".

La direction palestinienne attend quand même du prochain gouvernement israélien qu'il recommence à verser les taxes qu'il prélève pour son compte.

L'OLP a décrété la fin de la coopération sécuritaire avec Israël, une décision qui n'a pas été encore mise en oeuvre. "Il faut l'appliquer", exhorte M. Abed Rabbo.


           

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