Les Pays-Bas responsables de la mort de 3 musulmans à Srebrenica


Vendredi 6 Septembre 2013 - 11:47
AFP


La Haye - L'Etat néerlandais est responsable de la mort de 3 musulmans lors du massacre de Srebrenica en juillet 1995, a tranché vendredi la Cour de cassation des Pays-Bas, estimant "inacceptable" l'idée de ne pas pouvoir juger les agissements de ses forces armées.


Les Pays-Bas responsables de la mort de 3 musulmans à Srebrenica
Les trois victimes avaient été tuées par les forces serbes de Bosnie après avoir été chassées par les Casques bleus néerlandais de la base où ces derniers s'étaient réfugiés avec 5.000 autres musulmans, principalement des femmes. Les Casques bleus néerlandais étaient en charge de la protection de l'enclave de Srebrenica.

"La décision (de la Cour d'appel) est confirmée", a déclaré le juge Floris Bakels, rappelant que La Haye s'était pourvue en cassation après que la Cour d'appel de La Haye eût estimé le 5 juillet 2011 que les soldats du bataillon néerlandais n'auraient pas dû chasser de la base les trois victimes.

Les trois musulmans tués sont un électricien des Casques bleus néerlandais, Rizo Mustafic, ainsi que le père et le frère d'un interprète du bataillon, Hasan Nuhanovic. Les plaignants dans cette affaire sont la famille de Rizo Mustafic ainsi que Hasan Nuhanovic, qui avaient saisi la justice néerlandaise en 2003.

Le juge Floris Bakels a souligné que laver La Haye de toute responsabilité signifierait que "la justice n'aurait quasiment plus de possibilités de juger les interventions armées" de son pays à l'étranger. "C'est inacceptable!", a-t-il estimé.

Les Casques bleus néerlandais étaient en charge de la protection de l'enclave lors de sa prise en juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie commandées par le général Ratko Mladic, actuellement poursuivi pour génocide devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

Faiblement armés, les Casques bleus néerlandais n'avaient pas résisté. Les Serbes de Bosnie avaient ensuite exécuté près de 8.000 garçons et hommes musulmans.

A la lecture du jugement, les plaignants sont tombés dans les bras l'un de l'autre, les larmes aux yeux, ainsi que dans les bras de leurs avocats.

"Je suis vraiment soulagée", a déclarée Alma Mustafic, fille de l'électricien tué, visiblement émue: "c'est toujours très difficile de faire son deuil, mais j'espère que cette décision va nous aider".

"C'est super, c'est vraiment génial", a de son côté réagi Hasan Nuhanovic, assurant toutefois qu'"il est trop tôt pour décrire exactement mes sentiments en ce moment".

"Ceci n'est qu'une des batailles à mener, il y a encore de nombreuses batailles à mener en Bosnie actuellement, des centaines de criminels de guerre qui courent encore les rues", a soutenu M. Nuhanovic: "l'homme qui a ordonné que ma mère soit tuée travaille dans le même immeuble que moi, et je dois vivre avec cela tous les jours".


           

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