Les adversaires de Bouteflika contestent les résultats des élections


Mardi 14 Avril 2009 - 10:15
magharebia.com/Said Jameh


Les adversaires du Président Bouteflika lors de l'élection présidentielle du 9 avril ont été prompts à réagir à la victoire du Président sortant. Mohammed Djahid Younsi, Ali Faouizi Rebaine et Louisa Hanoune ont fait état de fraudes généralisées, Mohammed Said s'est empressé de féliciter le nouveau Président, et Moussa Touati a opté pour la voie médiane.


Les adversaires de Bouteflika contestent les résultats des élections
Dans un communiqué publié vendredi 10 avril, Bouteflika a qualifié sa réélection de "consécration de la démocratie en Algérie" et s'est engagé à mettre en oeuvre ses promesses de campagne.
Tandis que la communauté internationale félicitait Bouteflika pour sa victoire, certains de ses anciens rivaux mettaient en cause la légitimité du scrutin.
Louisa Hanoune a ainsi accusé l'administration d'avoir massivement influencé l'élection dans les 48 provinces du pays. L'annonce d'un taux de participation estimé à 75 pour cent "nous rappelle les élections dans un régime monopartite", a-t-elle déclaré, se référant à la période du régime du Front de Libération Nationale, entre 1962 et 1989.
Lors d'une rencontre avec les médias nationaux et internationaux, Mme Hanoune a affirmé que Bouteflika n'avait pas remporté 90 pour cent des voix. Elle a contesté les chiffres officiels indiquant qu'elle avait rassemblé 4 pour cent des suffrages sous son nom. Elle a affirmé en avoir en réalité obtenu plus de 30 pour cent.
"Les violations qui ont eu lieu le 9 avril portent atteinte à la crédibilité de l'élection présidentielle et rappellent les élections qui sont organisées dans les républiques bananières", a-t-elle déclaré.
Elle envisage de déposer un recours devant le Conseil constitutionnel pour contester ces résultats.
Les critiques du président du mouvement Ahd 54 Ali Faouzi Rebaine ont été encore plus sévères.
"Les résultats annoncés en faveur de Bouteflika ouvrent la porte à la naissance du Royaume Bouteflika et à la destruction de l'esprit de la révolution de novembre", a-t-il déclaré. Il a appelé à la mise en place d'un débat public sur la participation annoncée et sur le pourcentage obtenu par le Président Bouteflika.
M. Rebaine a ajouté qu'il porterait plainte directement auprès du Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-Moon, estimant le Conseil constitutionnel non qualifié pour "prendre des décisions concernant les appels qui lui sont adressés".
Pour sa part, le candidat islamiste Mohammed Djahid Younci a déclaré que bien qu'il reconnaisse Bouteflika comme Président, il doutait de la crédibilité de cette élection. "Le taux de participation n'a pas dépassé 25 pour cent", a-t-il déclaré, ajoutant que "la volonté populaire n'avait pas été respectée".
Les chefs de l'opposition ont également mis en doute le taux de participation, accusant le Président Bouteflika et le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni d'avoir gonflé les chiffres. Karim Tabou, secrétaire général du Front des Forces Socialistes, a déclaré que la participation n'avait pas dépassé 18 pour cent. Said Saudi, secrétaire général du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, qui boycottait le scrutin, a pour sa part estimé que le taux de participation n'était que de 25 pour cent.
Une délégation d'observateurs internationaux représentant l'Union Africaine, la Ligue Arabe et l'Organisation de la Conférence Islamique a répondu à ces accusations. Chadli Nefati, observateur pour le compte de la Ligue Arabe, a déclaré que "l'élection s'était déroulée dans les conditions qui ont permis aux Algériens de choisir librement leur Président".
Moussa Touati s'est pour sa part refusé à tout commentaire sur le résultat de cette élection. Il s'est contenté d'observer qu'il méritait la deuxième place plutôt que la troisième. Il a invité les dirigeants de son parti à une réunion le 16 avril pour examiner les résultats.
Le candidat Mohammed Said a félicité Bouteflika lors d'un appel téléphonique,au cours duquel il a souligné la nécessité d'ouvrir le champ politique dans le pays. Les observateurs ont interprété cet appel comme une demande de reconnaissance de son nouveau parti, Justice et Liberté.
Le nouveau Président a également reçu des messages de félicitations du Roi Mohammed VI du Maroc, du Président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, du Président français Nicolas Sarkozy et de l'Union Européenne.
Le département d'Etat américain a félicité le nouveau Président, mais a également demandé quelques éclaircissements sur les plaintes déposées par les partis de l'opposition.


           

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