Les affrontements entre des sympathisants du Hamas et du Fatah "sont inquiétants"


Dimanche 11 Janvier 2009 - 09:18
Le Point.fr/Charlotte Chaffanjon


Jean-Paul Chagnollaud est spécialiste de la question palestinienne, professeur de sciences politiques et doyen de l'UFR de droit de l'université de Cergy-Pontoise. Il explique au point.fr qu'alors qu'Israël poursuit son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, il est crucial que le Hamas et Fatah trouvent "un terrain d'entente". Sans quoi, ils feraient le "jeu d'Israël".


Les affrontements entre des sympathisants du Hamas et du Fatah "sont inquiétants"
Lepoint.fr : Des heurts ont opposé des sympathisants des partis palestiniens rivaux Fatah et Hamas lors d'une manifestation à Ramallah, en Cisjordanie. Comment interprétez-vous l'incident ?

Jean-Paul Chagnollaud : C'est inquiétant pour les Palestiniens de voir que, même lorsqu'ils traversent une crise aussi grave qu'actuellement, les relations entre leurs deux principaux partis ne s'apaisent pas. En fait, les tensions sont violentes entre les sympathisants du Hamas et du Fatah depuis les élections législatives de janvier 2006, remportées par le Hamas. Depuis cette date, le Fatah veut en découdre. Toujours est-il qu'aujourd'hui, si le Hamas et le Fatah ne trouvent pas un terrain d'entente, ils font le jeu d'Israël. La grande question pour les Palestiniens aujourd'hui est : "Comment dépasser cet antagonisme ?" Les dirigeants des deux partis le savent, mais pas forcément les sympathisants.

Lepoint.fr : Quels sont les signes qui prouvent que les dirigeants du Hamas et du Fatah "savent" qu'ils doivent s'entendre ?

J.-P. C. : Il y a des rencontres entre les dirigeants des deux partis, des tentatives de conciliation à plusieurs niveaux. D'ailleurs, en novembre 2007, un gouvernement d'union nationale avait été constitué. Il s'est brisé parce que les Européens, notamment, n'en voulaient pas. Ils avaient eux-mêmes (les Européens, NDLR) demandé des élections démocratiques, qui ont eu lieu, et ils ont réfuté le résultat. C'est à partir de là que les pragmatiques du Hamas sont devenus minoritaires et que les radicaux ont pris le dessus.

Lepoint.fr : Comment le Hamas et le Fatah doivent-ils s'y prendre pour trouver le chemin de l'entente ?

J.-P. C. : Dans un premier temps, il faudrait qu'ils s'expriment d'une seule et même voix sur les réponses à apporter aux propositions de la communauté internationale en ces temps de crise. Ensuite, il est temps que le Hamas accepte l'idée de reconnaître les accords passés par l'Autorité palestinienne depuis les accords d'Oslo (1993). Il faut également que le Fatah évolue sur la possibilité que le Hamas intègre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui représente l'ensemble du peuple palestinien.

Lepoint.fr : Envisagez-vous une rapide sortie de crise ?

J.-P. C. : Pour l'instant, tout est bloqué. La grande inconnue est en fait : que va faire Obama ? Il faut une réponse diplomatique au conflit ; il faut absolument engager une conférence internationale, ce qui ne peut se faire sans les États-Unis. Pour l'instant, tout tend à prouver qu'Obama veut se concentrer sur l'Iran, sur l'Afghanistan, sur l'Irak. Alors oui, sur le conflit israélo-palestinien, il a écrit quatre lignes pour dire qu'il fallait deux États. Mais quels États ? Avec quelles capitales ? Comment faire pour y parvenir ? Il n'a pour l'instant apporté aucune réponse. Mais l'urgence, c'est bien que le conflit cesse.


           

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