Les années 2010 dans la pop culture: streaming, Disney et Beyoncé


Mardi 17 Décembre 2019 - 12:48
AFP


​New York - Chaque année qui s'achève apporte son lot de classements culturels : meilleurs films, livres, albums. Et les décennies n'échappent pas à la règle. Alors quand il s'agit de se lancer dans une rétrospective des dix dernières années, la tâche peut paraître au mieux ardue, au pire impossible.


Mais l'AFP a décidé de relever le défi.

De la révolution streaming à la destruction des barrières entre les genres musicaux, en passant par l'émergence de nouvelles stars, voici plusieurs éléments clés des années 2010.

Début 2010, Spotify avait moins d'un million d'abonnés, Netflix un peu plus de 12 millions, et le streaming était davantage une curiosité qu'un phénomène.

Dix ans plus tard, la plateforme musicale a 248 millions d'utilisateurs et Netflix plus de 158.

Télévision, musique et même cinéma ont été transformés par l'émergence de ce nouveau mode de consommation qui permet d'accéder à tout, à tout moment.

Plateformes audio et vidéo font et défont des carrières musicales, reléguant disques et téléchargements au rang de niches.

YouTube a pris une place déterminante dans le paysage de la musique et du divertissement en général, au point de façonner les goûts de la Gen Z, la génération post-millennials.

La généralisation du câble, puis l'émergence de la fibre, et le déploiement progressif du réseau 4G, ont levé les obstacles technologiques au streaming de masse, qui rendaient impossible une telle consommation il y a dix ans.

Les nouvelles capacités offertes par les opérateurs ont aussi bouleversé l'industrie des jeux vidéo, avec la généralisation du jeu en ligne à plusieurs grâce au streaming, qui a aussi favorisé l'émergence du e-sport.

Et le mouvement s'accélère même, avec les débuts aux Etats-Unis en 2019 de la 5G, qui doit notamment permettre d'éviter la saturation du réseau.

Le streaming a accompagné la migration des utilisateurs depuis télévisions et ordinateurs vers les smartphones, désormais supports principaux de consommation des contenus audio ou vidéo, séries, films, sport, informations, musique ou jeux.

A une époque, regarder votre émission télévisée préférée relevait presque du rendez-vous chez le médecin. Il fallait être devant l'écran du salon à une heure bien déterminée.

Grâce à Netflix, Hulu, Amazon et les autres, on consomme maintenant jusqu'à l'épuisement les épisodes de ses séries préférées où l'on veut et quand on veut.

Et de cette compétition entre les grandes chaînes du câble et les géants d'internet a débouché une myriade de shows plus sophistiqués les uns que les autres, et souvent mieux produits et plus onéreux que nombre de films.

"Game of Thrones", la saga médiévale-fantastique lancée en 2011, est le premier nom qui vient à l'esprit. Sexe, violence et dragons ont captivé les masses, saison après saison. A grand renfort de conventions et de marketing, la série est devenue un phénomène de société.

Mais il y en a eu pour tous les gouts dans les années 2010.

"Breaking Bad", l'histoire d'un professeur de chimie atteint d'un cancer et reconverti en dealer de meth, a pris fin au début de la décennie.

Le futur politique lugubre de "La Servante écarlate" a également trouvé son public, inspirant des déguisements à des manifestants aux quatre coins du monde.

Côté comédie, "Modern Family", "Veep" et "Mme Maisel, femme fabuleuse" ont charmé les spectateurs, qu'ils soient devant leur téléphone, leur ordinateur ou leur télé.

Durant son âge d'or, Hollywood était dominé par le "Big Five", les cinq grands studios. En regardant les chiffes du box-office de nos jours, on peut parler de "Big One": Disney.

Près d'un dollar sur trois généré par l'industrie du cinéma cette année est allé dans les poches de Mickey, pour un total de recettes de 10 milliards dans le monde entier.

Et encore, ce chiffre ne prend pas en compte le nouveau Star Wars, "L'Ascension de Skywalker", qui sort juste avant Noël.

Ce tour de force n'est pas le résultat du hasard.

Le PDG de Disney Bob Iger a passé la décennie à racheter à coups de milliards de dollars des grands studios, pour donner vie aux fantasmes les plus fous de tous les geeks (et s'assurer la présence de six films dans les dix plus gros succès commerciaux de tous les temps).

Après le rachat en 2009 de Marvel et de son appétissant catalogue de super-héros ("Avengers: Endgame" est devenu le film le plus lucratif de l'histoire), il a ajouté Lucasfilm ("Star Wars") en 2012 et Fox (la franchise "X-Men" et les suites à venir d'"Avatar" de James Cameron) en 2019.

En plus de tout cela, Disney a décidé de donner une nouvelle vie à son catalogue, à grands coups de remakes ("Aladdin", "Le Roi Lion", etc), pour le plaisir des plus petits... et des plus nostalgiques.

Un des plus gros tubes de rap de cette fin de décennie est un morceau de country enregistré par un jeune homosexuel noir d'Atlanta - "Old Town Road". Un bon résumé de ces dernières années, où le show business et les institutions culturelles se sont ouvertes à ce qui n'est pas forcément blanc, masculin et hétérosexuel.

Autre héros inattendu du monde de la musique: la K-Pop, cette pop coréenne clinquante et ultra rythmée, qui s'est imposée dans les charts.

Le tube "Gangnam Style", qui a fait le tour de la planète en 2012, en est l'un des représentants les plus célèbres.

Le reggaeton et les mélanges des genres sud-américains, entre rap et pop latine, ont pris d'assaut les pistes de danse du monde entier sous l'impulsion du mégahit "Despacito" (2017), le clip le plus regardé sur YouTube avec plus de 6,5 milliards de vues.

La série télévisée "Transparent" a changé à jamais la représentation des personnes transgenres à la télévision, alors que le super-héros africain de chez Marvel Black Panther est devenu, grâce aux adaptations de ses aventures sur grand écran, un véritable phénomène de société.

Et en 2016, le mouvement #OscarssoWhite a demandé plus de diversité à l'Académie des arts et sciences du cinéma, qui a annoncé une série de mesures pour élargir l'origine de ses plus de 6.200 membres votants.

Dans le monde sans pitié de la musique, il ne suffit plus d'avoir une voix, de bons arrangements et de belles paroles.

Pour arriver tout en haut, il vous faudra également une marque de vêtements, une ligne de cosmétiques ou une présence accrue sur les réseaux sociaux (liste non exhaustive et non contractuelle).

A cet égard, Beyoncé est sans aucun doute la star de la décennie, avec notamment à son actif des concerts à Coachella et à la mi-temps du Super Bowl (la finale du championnat de football américain), deux grossesses ultramédiatisées et une apparition dans le remake du "Roi Lion" (cf. partie précédente).

Accessoirement, elle dirige sa marque Ivy Park, a décroché un partenariat avec Adidas, a réalisé un documentaire et s'est servi de ses déboires conjugaux avec son Jay-Z de mari pour produire un album, "Lemonade", énorme succès populaire et critique.

"Plus je vieillis, plus j'ai conscience de ma valeur", a-t-elle expliqué au début du mois au magazine Elle.

Et elle n'est pas seule. En plus de ses succès commerciaux ("Work"), Rihanna a amassé une petite fortune grâce à ses marques de maquillage et de lingerie, et s'est même associée à LVMH.

Taylor Swift a, elle, ramassé la bagatelle de dix Grammys depuis 2010, a lancé une kyrielle de parfums et s'est lancée dans une bataille pour récupérer le droit de ses enregistrements.

Chacune d'entre elles pèse plus de 300 millions de dollars.


           

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