Les conséquences d'un Brexit sans accord


Mercredi 4 Septembre 2019 - 11:57
AFP


Londres - Le Premier ministre britannique Boris Johnson est déterminé à ce que le Royaume-Uni quitte l'Union européenne le 31 octobre - avec ou sans accord de divorce. Et son bras droit Michael Gove, chargé des préparatifs d'un "no deal", assure que le pays sera prêt.


Mais l'impact d'un Brexit sans accord pourrait être catastrophique pour l'économie britannique, selon des experts.

Une sortie sans accord ferait perdre au Royaume-Uni 14,6 milliards d'euros d'exportations vers l'Union européenne et plusieurs autres milliards vers les autres pays, affirme une étude des Nations unies dévoilée mardi.

L'abandon de l'accès préférentiel au marché de l'Union européenne représenterait ainsi 7% des exportations du Royaume-Uni vers l'Europe, précise l'étude.

Le Royaume-Uni risquerait d'être confronté à une pénurie de denrées alimentaires, d'essence et de médicaments, à des blocages dans les ports et au retour d'une frontière physique entre les deux Irlande, de l'aveu même du gouvernement dans une étude dévoilée en août par The Sunday Times.

Les documents mentionnent les répercussions "les plus probables", selon le journal, même si le gouvernement affirme, lui, que cette étude évoque le pire scénario.

Une des premières conséquences pour les consommateurs britanniques et européens concerne l'itinérance, soit la faculté d'utiliser le réseau d'un opérateur de téléphonie mobile à l'étranger. Le service, actuellement gratuit au sein de l'UE, engendrerait en cas de "no deal" des frais pour les voyageurs franchissant la Manche ou la frontière irlandaise.

Il en va de même pour l'usage de cartes de paiement, qui devrait entraîner des frais supplémentaires, tandis que les procédures bancaires seront plus lentes. Au sein de l'UE, les clients des banques d'investissement basées au Royaume-Uni ne pourront plus faire appel à leurs services financiers. De nombreux établissements ont mis en place des filiales sur le continent pour éviter les perturbations.

Dans le secteur des biens, de nombreuses entreprises restent sous la menace d'un divorce sans accord, l'approche de Noël rendant plus difficile la constitution de stocks, selon la principale organisation patronale britannique, la CBI.

Dans les services, des accords palliatifs ont été conclus avec les Européens, dont un accord d'un an pour protéger le marché des produits financiers dérivés à Londres.

L'UE a souligné qu'elle mettrait immédiatement en place des contrôles douaniers, des inspections de sécurité alimentaire et de vérification des normes européennes aux frontières avec le Royaume-Uni.

Craignant de longs délais aux points de passage les plus fréquentés actuellement, en particulier Douvres, Londres a oeuvré à ouvrir de nouvelles voies de passage et à accroître l'activité d'autres ports du pays.

L'UE a accepté de prolonger le droit automatique des compagnies britanniques d'opérer des vols vers ses 27 Etats-membres, mais seulement jusqu'en mars 2020.

Le service ferroviaire sous la Manche (Eurostar, shuttle) pourra aussi continuer à fonctionner sans changement, pendant trois mois.

Le Royaume-Uni, qui dispose de trois mois de stocks de médicaments habituellement, a augmenté ses réserves pour bénéficier de six semaines supplémentaires.

Le pays quittera l'Agence européenne du médicament (EMA) mais continuera à reconnaître temporairement les tests et certifications européens pour éviter une double procédure et une rupture de la chaîne d'approvisionnement.

Londres ne pourra cependant plus faire appel aux banques de sperme européennes: les établissements britanniques devront développer de nouveaux accords et pourraient faire appel à des importations venues d'ailleurs.

Les consommateurs qui achètent en ligne verraient leurs frais augmenter parce que les colis livrés depuis le continent ne pourront plus prétendre à une TVA allégée.

Les Britanniques en vacances en Europe pourraient également devoir obtenir un permis de conduire international.

Quant au transport d'animaux domestiques par des Britanniques dans l'Union, il serait encadré par des règles sanitaires plus strictes.

Un "no deal" ne signifierait pas la fin de la saga du Brexit. Le Royaume-Uni et l'Union européenne devraient alors négocier la nature de leur relation future, ce qui promet des discussions fastidieuses, relève mardi dans le Financial Times la professeure de droit européen Catherine Barnard, soulignant "qu'aucun grand pays ne fonde ses relations commerciales selon les seuls termes de l'Organisation internationale du commerce (OMC)".


           

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