Les dirigeants grecs renforcent leurs soutiens et semblent lâcher du lest


Mardi 3 Février 2015 - 12:42
AFP


Rome - Les nouveaux dirigeants grecs ont déjà rallié plusieurs soutiens spectaculaires dans leur marathon anti-austérité et pouvaient s'attendre à celui du gouvernement italien mardi à Rome, d'autant qu'ils semblent prêts à renoncer à une diminution pure et simple de la dette du pays.


Alexis Tsipras et Nicos Anastasiades
Alexis Tsipras et Nicos Anastasiades
Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, qui devait rencontrer mardi en milieu de journée son homologue italien Pier Carlo Padoan, a évoqué dans un entretien avec le Financial Times un "programme d'échange de dettes" incluant des obligations indexées sur la croissance.

Selon le ministre, cité par le quotidien britannique, il ne serait plus question de réduire l'énorme dette de plus de 300 milliards d'euros, mais plutôt de la renégocier grâce à des échanges de titres, en prenant l'engagement d'avoir toujours un excédent budgétaire, dans le souci de rassurer les marchés.

Les bourses européennes ont d'ailleurs ouvert en hausse mardi, sans manifester d'inquiétudes sur les négociations entre la Grèce et ses créanciers internationaux. Celle d'Athènes a ainsi grimpé de plus de 4% à l'ouverture.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras devrait trouver mardi après-midi à Rome un interlocuteur bienveillant sur ces questions en la personne du président du Conseil italien, Matteo Renzi, qui n'a cessé de dénoncer le "tout-austérité" en Europe.

Pendant les six mois de la présidence italienne de l'Union européenne (UE), à la fin 2014, M. Renzi a multiplié les déclarations visant à infléchir le cours d'une politique économique jugée trop centrée sur la réduction des déficits publics au détriment de la croissance.

"Nous voulons déplacer la discussion sur la politique économique, de l'austérité de la rigueur vers la croissance et l'investissement", a encore rappelé lundi le chef du gouvernement italien.

"Quand nous avons dit que nous voulions changer la politique économique, nous voulons la changer en Europe, mais pas seulement pour la Grèce ou pour un autre pays", a insisté Matteo Renzi.

Lundi à Londres, le ministre britannique des Finances George Osborne, en recevant son homologue grec, avait lui aussi estimé qu'il était temps que la zone euro change de politique en adoptant "un meilleur plan pour les emplois et la croissance".

- Aucun signe d'assouplissement de Merkel -

Dimanche, Athènes avait reçu un appui inattendu, celui du président américain Barack Obama qui avait jugé "très difficile de mettre en place ces changements si le niveau de vie des gens a chuté de 25%. A la longue, le système politique, la société ne peuvent pas le supporter".

"Je ne m'attendais pas à ce que se manifestent tant de grandes puissances pour soutenir notre tentative de créer un nouveau cadre", s'est réjoui lundi M. Tsipras, en visite à Nicosie.

Malgré ces soutiens, la chancelière allemande Angela Merkel n'a donné aucun signe d'un assouplissement de sa position, restant plus que jamais la chef de file européenne de l'orthodoxie budgétaire.

Les dirigeants européens, italiens compris, restent donc prudents dans leurs discussions avec le nouveau pouvoir à Athènes.

"Concernant la Grèce je pense qu'il faut faire preuve d'un grand sens de sérieux, de prudence et de responsabilité et nous en discuterons avec le Premier ministre Tsipras", a indiqué lundi le président du Conseil italien.

"J'en ai discuté hier avec Angela Merkel et nous continuerons à en discuter avec tous les autres en Europe, à commencer par François Hollande", le président français, a poursuivi Matteo Renzi, très soucieux de ne pas apparaître comme le chef de file d'un "axe méditerranéen" contre l'Europe du nord.

Alexis Tsipras doit rencontrer mercredi à Paris François Hollande après un entretien à Bruxelles avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Le Premier ministre grec s'est déjà entretenu par téléphone avec M. Juncker, qui a reconnu lundi des "discussions difficiles".

Avant cela, Yanis Varoufakis avait eu un premier contact avec un membre de la Commission européenne, en rencontrant Pierre Moscovici, chargé des Affaires économiques. Un échange de vues "constructif" qui a duré une heure, selon l'exécutif européen.


           

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