Les manifestants perturbent le G20 avant un face à face Trump-Poutine


Vendredi 7 Juillet 2017 - 10:42
AFP


Les affrontements entre policiers et manifestants hostiles au G20 ont perturbé vendredi le programme des dirigeants les plus puissants du monde, à quelques heures de la première rencontre en tête-à-tête entre Donald Trump et Vladimir Poutine.


Melania Trump bloquée dans sa résidence, délégations en retard à cause des manifestations, pneus des voitures de la délégation canadienne crevés: les protestataires qui avaient promis "l'enfer" pendant le G20 battent sans discontinuer le pavé depuis jeudi soir, multipliant les incidents et contraignant la police à demander du renfort.

"La police de Hambourg n'a pas pu nous donner la permission de sortir" de la maison d'hôte du gouvernement local de Hambourg, splendide villa au bord de l'eau, a expliqué la porte-parole de l'épouse du président américain, Stephanie Grisham.

Dans les rues de cette ville portuaire du nord de l'Allemagne, des voitures de police ont été incendiées, environ 160 policiers légèrement blessés et au moins 45 personnes arrêtés, selon la police. Aucun bilan des blessés parmi les manifestants n'était disponible.

Ces affrontements font écho à l'ambiance électrique à l'intérieur de l'enceinte ultra-sécurisée où se sont réunis les chefs d'Etat et de gouvernement les plus puissants du monde jusqu'à samedi.

Avec en point d'orgue le premier face à face entre Donald Trump et Vladimir Poutine, prévu à 13H45 GMT.

- Intimidation et diversion -

Les deux hommes ont échangé une première poignée de main et quelques mots en fin de matinée, à l'ouverture du sommet. Un échange apparemment amical, selon des images de la rencontre. Trump attrape Poutine par le coude et lui donne une petite tape dans le dos. Les deux hommes sont souriants et plutôt détendus.

Il y a moins de 24 heures à Varsovie, Donald Trump critiquait pourtant ouvertement le rôle "déstabilisateur" de la Russie.

Et les sujets de crispations entre les deux pays ne manquent pas: la guerre en Syrie, l'Ukraine, les soupçons de collusion avec la Russie dans lesquels est empêtré M. Trump.

"Il sont tous les deux à l'aise dans l'intimidation et la diversion (...). Ce qui se passera alors entre eux va probablement définir leur relation future", anticipe Derek Chollet, expert au German Marshall Fund of the United States.

Le format de la rencontre suscite d'ores et déjà beaucoup d'interrogations. Donald Trump ne sera en effet accompagné que de son secrétaire d'Etat, Rex Tillerson, et d'un interprète, a confirmé à l'AFP une source à la Maison-Blanche.

"Les deux [Américains] n'ont aucune expérience en politique étrangère. Ils devraient être accompagnés de +pros+ face à Poutine", relève Thomas Wright, expert à la Brookings Institution.

"Poutine aime les réunions en petit format. Cela veut dire que la Maison-Blanche a laissé le Kremlin dicter les termes de la rencontre", s'inquiète l'ancien ambassadeur américain à Moscou, Michael McFaul, en déplorant l'absence de conseillers qui auraient pu tempérer l'imprévisibilité de Donald Trump.

Un des points débattus entre les deux dirigeants sera la guerre en Syrie, après les différends qui ont suivi la destruction par les Américains d'un avion syrien qui menaçait, selon eux, leur allié kurde.

Les Etats-Unis sont "prêts à explorer la possibilité d'établir avec la Russie des mécanismes communs" de stabilisation de la Syrie, dont des zones d'exclusion aérienne et une "livraison coordonnée de l'aide humanitaire", avait souligné Rex Tillerson.

-" Tous les grands défis mondiaux" -

Outre ce temps fort diplomatique, le G20 va débattre de sujets difficiles, comme le climat et le commerce.

"Nous connaissons tous les grands défis mondiaux et nous savons que le temps presse. C'est pourquoi nous ne pourrons trouver des solutions que si nous sommes prêts au compromis" a déclaré Angela Merkel à la mi-journée lors de l'ouverture solennelle du sommet.

Les Etats-Unis ont déjà remis en cause les accords de Paris sur le climat. Ils agitent en outre des menaces de taxes contre la Chine sur l'acier et contre l'Allemagne dans le secteur automobile.

Sur le climat, les discussions entre délégations ne seront "pas franchement faciles" non plus, a concédé la chancelière allemande Angela Merkel, se refusant à tout pronostic sur un possible compromis.

"Nous allons dire [à Donald Trump] que nous pensons qu’il est fondamental qu’il assume un rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique et pour la création d’emplois", a déclaré le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, tandis que la Première ministre britannique Theresa May a déclaré à la BBC qu'elle croyait "possible" que les Etats-Unis rejoignent finalement l'accord de Paris.


           

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