Les mouvements de contestation dans le monde arabe depuis un an


Samedi 5 Octobre 2019 - 10:36
AFP


Paris - Du Soudan et de l'Algérie, où des mouvements populaires ont écarté des chefs d'Etat au pouvoir depuis des décennies, à l'Irak, théâtre de manifestations violentes, rappel des contestations dans le monde arabe depuis près d'un an.


En 2011, plusieurs pays arabes avaient été secoués par des mouvements qui ont notamment provoqué la chute des présidents Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie et de Hosni Moubarak en Egypte.

A ce jour, la Tunisie fait figure d'exception en poursuivant sa transition démocratique. Dans d'autres pays, comme en Syrie, au Yémen et en Libye, les révoltes contre les pouvoirs en place ont dégénéré en guerres toujours en cours.

Le 19 décembre 2018, des centaines de Soudanais manifestent contre le triplement du prix du pain. Les rassemblements deviennent hebdomadaires et réclament rapidement la démission d'Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 30 ans.

Le 6 avril 2019, la contestation prend la forme d'un sit-in à Khartoum devant le siège de l'armée.

Le 11, l'armée destitue M. Béchir, remplacé par un Conseil militaire de transition. Mais des milliers de manifestants restent devant le QG de l'armée, rejettant un "coup d'Etat".

Le sit-in est dispersé le 3 juin dans le sang par des hommes armés en tenue militaire.

Mi-août, un accord âprement négocié entre l'armée et la contestation est signé, à la faveur d'une médiation de l'Ethiopie et l'Union africaine.

Le pays se dote d'un Conseil souverain, une instance à majorité civile mais dirigée par un militaire, pour superviser la transition devant durer un peu plus de trois ans et ouvrir la voix à des élections.

La répression de la contestation a fait plus de 250 morts, selon un comité de médecins proche des manifestants.

Le 22 février commencent des manifestations massives contre la candidature à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, très affaibli depuis un AVC en 2013.

Le 2 avril, M. Bouteflika démissionne sous la pression de la rue et de l'armée.

Mais les manifestants continuent à descendre en masse dans la rue tous les vendredis, déterminés à se débarrasser de l'ensemble du "système" --l'appareil hérité des 20 ans de présidence Bouteflika--, dont le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu l'homme fort du pays.

Faisant fi du refus du mouvement de la tenue d'une élection avec le gouvernement actuel aux manettes, le pouvoir a fixé la présidentielle au 12 décembre, après l'annulation du scrutin de juillet, faute de candidats.

Le 20 septembre, plusieurs centaines de personnes manifestent au Caire et dans d'autres villes pour exiger le départ du président Abdel Fattah al-Sissi, au pouvoir depuis 2014. Un rassemblement est organisé de nuit dans la capitale sur la place Tahrir, haut-lieu de la révolution de 2011 qui avait abouti au renversement d'Hosni Moubarak.

Totalement inattendues et inédites sous le régime de M. Sissi, qui mène une répression sans merci contre l'opposition, les manifestations font suite à la diffusion de vidéos d'un homme d'affaires en exil accusant le chef de l'Etat de corruption.

Une semaine plus tard, après une vague d'arrestations tous azimuts (environ 2.000 personnes interpellées), seules quelques manifestations d'ampleur limitée ont lieu.

Né d'appels lancés sur les réseaux sociaux, un mouvement de contestation sociale débute le 1er octobre en Irak.

Parti de Bagdad, le mouvement réclamant des emplois pour la jeunesse et le départ des dirigeants "corrompus" gagne la quasi-totalité du sud du pays. Les forces de l'ordre tirent à balles réelles pour disperser les manifestants.

En quatre jours, une quarantaine de personnes ont été tuées et des centaines blessées, selon des sources officielles.


           

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