Barack Obama
Les propos du président Obama s’adressaient à une audience bien précise : les mouvements islamiques d’opposition du monde arabe qui ont renoncé à la violence, qui ont accepté le processus politique et qui représentent une force populaire et potentielle pour le pluralisme politique dans la région.
Maintenant que l’Amérique veut s’intéresser à ces mouvements, que faudra-t-il qu’ils fassent pour être vraiment impliqués ?
Les mouvements islamiques d’opposition ont besoin des Etats-Unis plus qu’ils ne veulent l’admettre. Ils cherchent une reconnaissance internationale en tant que force politique crédible. Par ailleurs, ils souhaitent que les Etats-Unis traduisent leur intérêt pour la démocratie dans le monde arabe en faisant pression sur les régimes au pouvoir en vue d’un plus grand pluralisme politique. Or ces mouvances devront tout de même donner à Barack Obama des signes de cohérence quant à leurs intentions.
Leur réaction face au discours du président Obama n’a pas été des plus chaleureuses.
Au Maroc, le Parti de la justice et du développement a qualifié le discours du président Obama de « certainement positif » mais a remis toutefois en question la diplomatie américaine par rapport au conflit israélo-arabe. Dans les territoires palestiniens, le Hamas a d’abord lui aussi critiqué le chef d’Etat américain pour sa politique, pour ensuite reconnaître son « langage positif ». En Egypte, les Frères musulmans lui ont reproché de faire l’impasse sur « les régimes autoritaires et corrompus » de la région. La plupart des mouvements ont reformulé les critiques maintes fois entendues.
Quoi qu’il en soit, pour susciter l’intérêt de l’Amérique, les mouvements islamiques d’opposition doivent répondre à deux questions essentielles qui préoccupent celle-ci : est-ce que leur position par rapport à certains problèmes internationaux majeurs irait dans le sens de la stabilité ? Est-ce que leur attitude sur certains points fondamentaux de politique intérieure refléteraient un engagement par rapport aux idéaux et aux procédés démocratiques ?
Sur le plan international, la plus grande préoccupation est de savoir si les mouvances islamiques auraient pour objectif de perturber le système international. Est-ce qu’en fait, celles-ci honoreraient les obligations auxquelles leurs pays sont liés dans le cadre d’accords internationaux? Est-ce qu’un gouvernement dominé par les Frères musulmans par exemple, respecterait les termes des accords de Camp David et maintiendrait des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu ? Est-ce que les Frères musulmans jordaniens respecteraient le traité de paix entre la Jordanie et Israël ? Est-ce que le Hamas pourrait s’engager dans le cadre d’Oslo et reconnaître à Israël le droit d’exister ? Il est clair que si ces mouvements ne reconnaissent pas les traités auxquels leur pays a adhéré, les Etats-Unis continueront à les considérer comme des « parias ».
Sur le plan national, ces mouvements islamiques doivent clarifier leur position sur plusieurs questions. Concernant le rôle de l’islam dans la politique, ils ne peuvent pas renier leur engagement par rapport à la charia .
En revanche ils peuvent dissiper un grand nombre de craintes en précisant les principes de la charia qui leur sont essentiels.
Ces mouvements doivent aussi aborder le problème de la dualité de leur identité, à la fois religieuse et politique. Certains d’entre eux comme le Parti de la justice et du développement marocain ont déjà établi une entité politique séparée. Mais d’autres, comme le puissant mouvement des Frères musulmans égyptien, empêché par le gouvernement de former un parti politique, sont hostiles à en former un, par principe.
Les mouvements religieux traitent de principes absolus – le bien et le mal, le juste et le faux – et peuvent exiger de leurs adhérents de s’y conformer, tant que ceux-ci adhèrent à la mouvance de façon volontaire.
Les mouvements politiques au contraire prennent des décisions – ou participent à des prises de décisions – qui touchent tous les citoyens, et doivent par conséquent respecter les principes fondamentaux partagés par tous. Ils doivent accepter le dissentiment, être ouverts au compromis et respecter la législation nationale, même s’ils ne l’approuvent pas. Les mouvements qui ne parviennent pas à séparer leur identité politique de leur identité religieuse risquent de paraître ambigus et de voir leur crédibilité démocratique remise en question.
Finalement, ces mouvements doivent préciser leur position sur le statut de la femme et des minorités. Il ne leur suffit pas d’affirmer des généralités sur le respect de la femme et des minorités au sein d’une structure islamique politisée ; ils doivent clarifier leur position sur les droits des femmes, par rapport aux hommes de la famille, et les traiter de façon égale dans le domaine public. L’autre question qui manque également de précision de la part de ces mouvements est celle du droit des minorités de pouvoir exercer leur culte publiquement.
Tout en exprimant leurs vues sur ces questions, les mouvements islamiques ne doivent pas oublier les propos du président Obama en ce qui concerne tous ceux qui détiennent le pouvoir : « Il faut conserver le pouvoir par le consentement du peuple et non la coercition ; il faut respecter les droits des minorités et participer, dans un esprit de tolérance et de compromis ; il faut mettre les intérêts du peuple et le déroulement légitime du processus politique avant ceux de son parti. »
En dissipant ces préoccupations, ces mouvances progresseront et convaincront les Etats-Unis de les soutenir et de faire du monde arabe un endroit meilleur. Bien entendu, au bout du compte, ce sont les gouvernements autoritaires eux-mêmes qui devraient mettre en place une réforme. Mais une collaboration pragmatique entre la nouvelle administration américaine et des mouvements islamiques pacifiques pourraient donner à ces gouvernements un élan vers un monde arabe plus pluraliste. Maintenant que la balle est dans leur camp, ces mouvements islamiques d’opposition devraient saisir l’occasion.
Maintenant que l’Amérique veut s’intéresser à ces mouvements, que faudra-t-il qu’ils fassent pour être vraiment impliqués ?
Les mouvements islamiques d’opposition ont besoin des Etats-Unis plus qu’ils ne veulent l’admettre. Ils cherchent une reconnaissance internationale en tant que force politique crédible. Par ailleurs, ils souhaitent que les Etats-Unis traduisent leur intérêt pour la démocratie dans le monde arabe en faisant pression sur les régimes au pouvoir en vue d’un plus grand pluralisme politique. Or ces mouvances devront tout de même donner à Barack Obama des signes de cohérence quant à leurs intentions.
Leur réaction face au discours du président Obama n’a pas été des plus chaleureuses.
Au Maroc, le Parti de la justice et du développement a qualifié le discours du président Obama de « certainement positif » mais a remis toutefois en question la diplomatie américaine par rapport au conflit israélo-arabe. Dans les territoires palestiniens, le Hamas a d’abord lui aussi critiqué le chef d’Etat américain pour sa politique, pour ensuite reconnaître son « langage positif ». En Egypte, les Frères musulmans lui ont reproché de faire l’impasse sur « les régimes autoritaires et corrompus » de la région. La plupart des mouvements ont reformulé les critiques maintes fois entendues.
Quoi qu’il en soit, pour susciter l’intérêt de l’Amérique, les mouvements islamiques d’opposition doivent répondre à deux questions essentielles qui préoccupent celle-ci : est-ce que leur position par rapport à certains problèmes internationaux majeurs irait dans le sens de la stabilité ? Est-ce que leur attitude sur certains points fondamentaux de politique intérieure refléteraient un engagement par rapport aux idéaux et aux procédés démocratiques ?
Sur le plan international, la plus grande préoccupation est de savoir si les mouvances islamiques auraient pour objectif de perturber le système international. Est-ce qu’en fait, celles-ci honoreraient les obligations auxquelles leurs pays sont liés dans le cadre d’accords internationaux? Est-ce qu’un gouvernement dominé par les Frères musulmans par exemple, respecterait les termes des accords de Camp David et maintiendrait des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu ? Est-ce que les Frères musulmans jordaniens respecteraient le traité de paix entre la Jordanie et Israël ? Est-ce que le Hamas pourrait s’engager dans le cadre d’Oslo et reconnaître à Israël le droit d’exister ? Il est clair que si ces mouvements ne reconnaissent pas les traités auxquels leur pays a adhéré, les Etats-Unis continueront à les considérer comme des « parias ».
Sur le plan national, ces mouvements islamiques doivent clarifier leur position sur plusieurs questions. Concernant le rôle de l’islam dans la politique, ils ne peuvent pas renier leur engagement par rapport à la charia .
En revanche ils peuvent dissiper un grand nombre de craintes en précisant les principes de la charia qui leur sont essentiels.
Ces mouvements doivent aussi aborder le problème de la dualité de leur identité, à la fois religieuse et politique. Certains d’entre eux comme le Parti de la justice et du développement marocain ont déjà établi une entité politique séparée. Mais d’autres, comme le puissant mouvement des Frères musulmans égyptien, empêché par le gouvernement de former un parti politique, sont hostiles à en former un, par principe.
Les mouvements religieux traitent de principes absolus – le bien et le mal, le juste et le faux – et peuvent exiger de leurs adhérents de s’y conformer, tant que ceux-ci adhèrent à la mouvance de façon volontaire.
Les mouvements politiques au contraire prennent des décisions – ou participent à des prises de décisions – qui touchent tous les citoyens, et doivent par conséquent respecter les principes fondamentaux partagés par tous. Ils doivent accepter le dissentiment, être ouverts au compromis et respecter la législation nationale, même s’ils ne l’approuvent pas. Les mouvements qui ne parviennent pas à séparer leur identité politique de leur identité religieuse risquent de paraître ambigus et de voir leur crédibilité démocratique remise en question.
Finalement, ces mouvements doivent préciser leur position sur le statut de la femme et des minorités. Il ne leur suffit pas d’affirmer des généralités sur le respect de la femme et des minorités au sein d’une structure islamique politisée ; ils doivent clarifier leur position sur les droits des femmes, par rapport aux hommes de la famille, et les traiter de façon égale dans le domaine public. L’autre question qui manque également de précision de la part de ces mouvements est celle du droit des minorités de pouvoir exercer leur culte publiquement.
Tout en exprimant leurs vues sur ces questions, les mouvements islamiques ne doivent pas oublier les propos du président Obama en ce qui concerne tous ceux qui détiennent le pouvoir : « Il faut conserver le pouvoir par le consentement du peuple et non la coercition ; il faut respecter les droits des minorités et participer, dans un esprit de tolérance et de compromis ; il faut mettre les intérêts du peuple et le déroulement légitime du processus politique avant ceux de son parti. »
En dissipant ces préoccupations, ces mouvances progresseront et convaincront les Etats-Unis de les soutenir et de faire du monde arabe un endroit meilleur. Bien entendu, au bout du compte, ce sont les gouvernements autoritaires eux-mêmes qui devraient mettre en place une réforme. Mais une collaboration pragmatique entre la nouvelle administration américaine et des mouvements islamiques pacifiques pourraient donner à ces gouvernements un élan vers un monde arabe plus pluraliste. Maintenant que la balle est dans leur camp, ces mouvements islamiques d’opposition devraient saisir l’occasion.