Les sept vies du nain Passe-Temps, débarqué de Fort Boyard


Mercredi 14 Juillet 2010 - 13:22
AFP


Cabariot - Débarqué de l'émission Fort Boyard après 20 saisons, Alain Prévost, alias le nain Passe-Temps, est amer mais Alan La Foudre, comme il se faisait appeler sur les rings de catch, entend rebondir et "conserver les bons souvenirs" de ses années télé.


Les sept vies du nain Passe-Temps, débarqué de Fort Boyard
Et ses souvenirs, Alain Prévost, 56 ans, les affiche. La salle de bar de son petit hôtel-restaurant de Cabariot, en Charente-Maritime, à quelques encablures du Fort Boyard, constitue un véritable temple dédié à l'émission estivale de France 2: partout des photos, des affiches, des T-shirt, des casquettes.

D'ailleurs, l'endroit ne s'appelle-t-il pas "Chez Passe-Temps de Fort Boyard"? On y vient plus pour faire une photo avec le patron que pour la qualité de sa table.

Normand originaire de Bolbec, dans le pays de Caux (Seine-Maritime), il est issu d'une famille ouvrière. "Après la mort de mon père, quand j'avais 13 ans, avec mes cinq frères et soeurs, on a dû travailler pour aider ma mère", se souvient-il.

Aux tourments de l'adolescence s'ajoutent les difficultés liées à sa taille. "Au collège, je voulais être prof de math. On m'a rigolé au nez", raconte-t-il. Finalement, il étudie l'électronique, pendant deux ans, dans un centre pour adultes handicapés, même s'il réfute le terme: "Un handicapé, c'est quelqu'un qui a besoin d'une tierce personne. Moi, je n'ai besoin de personne. Je ne suis pas handicapé, juste différent."

A cette époque, en butte à la moquerie, Alain Prévost sombre dans l'alcool: "On m'incitait à boire. Un nain, c'est marrant. Mais un nain ivre, alors là, imaginez..."

C'est là aussi que surviennent "les grosses conneries". Une période sur laquelle il refuse de s'apesantir mais dont témoignent les tatouages sur ses avant-bras ("Ca n'est pas oublié, mais c'est payé").

Un commissaire de police à la retraite le tirera de l'ornière, l'incitant à se mettre au sport. Alain Prévost choisira la lutte. Puis un jour qu'il assistait à un gala de catch, il entre en contact avec les organisateurs "et huit jours plus tard", il était à Paris, dans l'écurie de Flesh Gordon.

Pendant 18 ans, alors qu'Alan La Foudre fera le show sur les rings, Alain Prévost sera agent municipal à Bolbec. Jusqu'à un casting qui le propulsera en 1990 dans l'émission de France 2.

Fort Boyard, c'était sa famille, ses vacances d'été. Ce qu'il déplore aujourd'hui, ça n'est pas la perte financière, mais la façon dont la boîte de production lui a signifié son départ: "On m'a dit que l'audience baissait, qu'il fallait réduire les budgets. Mais je ne pense pas être responsable de l'audience et à 150 euros la journée de tournage, je ne coûtais pas cher".

Compte-t-il pour autant contester son éviction ? "Non. Je ne suis pas de taille à lutter contre ces gens-là", glisse-t-il.

En revanche, il envisage sérieusement de tirer un scénario de son autobiographie, interrompue il y a trois ans, pour tourner un téléfilm ou un long-métrage.

Et puis il lui reste ce petit hôtel-restaurant, acheté il y a deux ans et demi après avoir remarqué qu'il avait fait doubler le chiffre d'affaires d'un ami restaurateur chez qui il faisait le serveur.

S'il craint que le client ne se fasse rare le jour où Passe-Temps se sera estompé dans les mémoires ? "D'ici là, je serai parti. J'ai envie de monter une autre affaire. Au soleil..."


           

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