Les talibans attribuent à un piratage leur annonce de la mort du mollah Omar


Mercredi 20 Juillet 2011 - 10:21
AFP


Kandahar (Afghanistan) - Les insurgés talibans ont accusé mercredi "l'ennemi" d'avoir piraté les téléphones mobiles de leurs porte-parole pour diffuser faussement auprès des médias la mort de leur chef suprême, le mollah Omar, qu'ils ont fermement démentie.


Les talibans attribuent à un piratage leur annonce de la mort du mollah Omar
Mercredi matin, l'AFP et d'autres médias ont reçu un sms envoyé depuis le téléphone habituel d'un de ces porte-parole, Zabihullah Mujahid, indiquant: "Le commandement de l'Emirat islamique d'Afghanistan annonce qu'Amir-ul-Mumineen (le commandeur des croyants) est décédé. Que Dieu Tout Puissant le bénisse".

L'Emirat islamique d'Afghanistan (EIA) est le nom du régime taliban qui dirigea l'Afghanistan entre 1996 et 2001 avec, à sa tête, le mollah Mohammad Omar, décrété en 1996 "Commandeur des croyants" par une assemblée de mollah afghans.

M. Mujahid, contacté par l'AFP, a immédiatement "rejeté catégoriquement" le contenu de son supposé message. "Les Américains ont piraté nos téléphones cellulaires (...) et ont envoyé ce message aux médias", a-t-il expliqué.

Un autre porte-parole des talibans, Qari Yousuf Ahmadi, a lui aussi démenti. "C'est un faux message. Les Occidentaux ont piraté nos téléphones et ont envoyé ce message depuis nos numéros à tout le monde (...) C'est faux, il n'est pas mort, il est vivant", a-t-il affirmé par téléphone à l'AFP.

D'autres médias ont reçu un très long courrier électronique signé de l'EIA, annonçant la mort du mollah Omar et le nom de son successeur, Gul Agha, ancien chef de la commission financière des talibans.

Dans un communiqué, les talibans ont affirmé que leur site internet avait été piraté.

"L'EIA condamne fermement ce vol technologique et le comportement criminel de l'ennemi et appelle la nation moudjahidine à ne pas prêter l'oreille aux inventions de l'ennemi ni à croire sa propagande", selon le texte.

Le site internet des talibans, qui mènent depuis la chute de leur régime une sanglante insurrection contre le gouvernement afghan et ses alliés de l'Otan, est inaccessible depuis plusieurs jours, ont constaté des journalistes de l'AFP.

L'agence afghane du renseignement (NDS) n'avait reçu mercredi aucune confirmation officielle de la mort du mollah Omar, a indiqué à l'AFP Abdul Wahab Saleh, son responsable adjoint à Kandahar, la grande ville du sud afghan, berceau historique des talibans.

"Nous avons des informations selon lesquelles un tel message a été diffusé par les talibans sur la mort de mollah Omar mais nos sources, de même que le gouvernement (afghan), n'ont reçu aucune confirmation officielle de sa mort", a-t-il déclaré.

La mort du mollah Omar, un des hommes les plus recherchés du monde pour la capture duquel Washington offre 10 millions de dollars, avait déjà été annoncée en mai par des sources au sein de la NDS et fermement démentie par les talibans.

La NDS avait ensuite officiellement annoncé que le mollah Omar avait "disparu" de sa cachette au Pakistan.

Il a toujours cultivé le mystère et était déjà extrêmement discret du temps où il dirigeait l'Afghanistan.

Il n'est plus apparu en public depuis la chute, fin octobre 2001, du régime taliban, renversé une intervention militaire américaine après son refus de livrer aux Etats-Unis Oussama Ben Laden, "hô te d'honneur" du régime, recherché pour les attentats du 11-Septembre.

Ben Laden et mollah Omar étaient parvenu à prendre la fuite en direction du Pakistan. Washington et Kaboul estiment que le mollah Omar et les principaux chefs de la rébellion afghane sont réfugiés dans des villes du Pakistan, ce qu'Islamabad dément formellement.

Oussama Ben Laden a été tué le 2 mai dernier par un commando américain dans une villa d'Abbottabad, une ville-garnison pakistanaise à deux heures de route d'Islamabad, où il se cachait depuis plusieurs années.

Comme Ben Laden, le mollah Omar se méfiait de la technologie et était réputé gouverner l'Afghanistan depuis une maison de Kandahar où il vivait quasiment reclus, en écrivant ses instructions sur des bouts de papiers.


           

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