Les taxis se mobilisent à travers l'Europe contre les VTC


Mercredi 11 Juin 2014 - 10:10
AFP


Paris - De Londres à Rome en passant par Berlin et Paris, les taxis protestaient mercredi contre la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), en particulier celle faite par la société américaine Uber, qui cristallise toutes leurs craintes.


Le mouvement de protestation est parti de Grande-Bretagne où les célèbres taxis noirs, qui travaillent pourtant à côté des VTC depuis des dizaines d'années, s'inquiètent du poids croissant pris par la société californienne.

Leur inquiétude est partagée par leurs collègues d'autres pays, qui ont décidé de lancer un mouvement de grève européen, une première.

"Uber ne respecte pas de manière délibérée les réglementations en vigueur et il dispose en plus de moyens très importants" avec une valorisation de 17 milliards de dollars, résume Serge Metz, PDG de la centrale française de radio-taxi Taxi G7.

A Madrid, la grève doit durer 24 heures et une manifestation est prévue en fin de matinée. "Près de 100.000 familles dépendent directement (de l'activité) du taxi dans toute l'Espagne", rappellent les organisations professionnelles (Fedetaxi, Unalt, CTE, Uniatramc) qui ont lancé cette initiative.

A Rome, les chauffeurs envisagent de faire une "grève à l'envers" en effectuant les courses au prix maximum de dix euros, afin de s'aligner sur les tarifs de la concurrence. En Allemagne, des cortèges sont prévus à Berlin et à Hambourg.

En France, les fédérations patronales sont à la pointe la contestation de mercredi.

Suivant leur appel, entre 250 et 300 taxis étaient rassemblés vers 08H30 (06H30 GMT) à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.

Munis de brassards jaunes "taxis en grève" et de pancartes "Non à la concurrence déloyale", ils ont commencé à quitter leur base pour se diriger vers la capitale. Le risque de pagaille routière dans la ville et sa périphérie est d'autant plus grand que la manifestation intervient au même moment qu'un autre mouvement de grève, à la SNCF.

A Orly, près de 200 véhicules stationnés en tête des stations de taxis bloquaient la prise en charge des clients, selon une source aéroportuaire.

Vers 08H15 (06H15 GMT), une vingtaine de voitures étaient rassemblées à la gare Saint-Charles de Marseille et autant à gare TGV d'Aix. Une cinquantaine de véhicules réunis à l'aéroport de Marignane créaient des ralentissements.

La majorité des syndicats en revanche "se désolidarise de ce mouvement et n'appelle pas à manifester", a déclaré à l'AFP Karim Asnoun de la CGT.

- Vives tensions -

L'intersyndicale avait pourtant été à l'origine d'une série d'actions menées en début d'année pour protester contre le développement des VTC.

"Nous n'appelons pas à cette grève, les centres radio (de réservation de taxis) veulent récupérer ce mouvement du 11 juin", fait valoir Nordine Dahmane, secrétaire général de FO-UNCP taxis, pour expliquer cette décision.

Un rapport commandé par le gouvernement et présenté fin avril devait permettre d'apaiser les relations entre taxis et VTC. Mais les tensions restent vives alors qu'une proposition de loi devrait être déposée la semaine prochaine.

Ce rapport "va dans la bonne direction, mais il s'est arrêté en chemin", juge Yann Ricordel, directeur général de la radio-taxi Les taxis bleus.

Pour lui, il faut veiller à "établir un niveau de charges équivalent entre les taxis et les VTC" et régler la question du stationnement des VTC sur la voie publique dans l'attente de clients.

Prendre des clients à la volée relève en effet du privilège des taxis, qui disposent pour cela d'une licence, quand les VTC ne peuvent travailler que sur réservation.

- L'incompréhension des VTC -

Yann Ricordel s'inquiète aussi de la volonté de permettre en temps réel la géolocalisation des taxis. Pour l'auteur du rapport, le député Thomas Thévenoud, il s'agit de permettre aux clients de pouvoir localiser le taxi disponible le plus proche via son smartphone. Mais les centrales de taxis voient cette mesure comme une menace.

Les VTC de leur côté s'agacent d'une nouvelle grève des taxis.

"L'inquiétude des taxis est compréhensible", estime Yan Hascoet, PDG de la société Chauffeur privé, qui rejette toutefois tout amalgame entre "les nouvelles sociétés de VTC qui opèrent dans le plus parfait respect de la loi, et celles qui s'en affranchissent librement".

Pour Dave Ashton, co-fondateur de Snapcar, elle est d'autant plus incompréhensible au niveau français que "le rapport Thévenoud est favorable aux taxis".


           

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