Liban: 23 morts dans un double attentat contre l'ambassade d'Iran à Beyrouth


Mardi 19 Novembre 2013 - 18:12
AFP


Beyrouth - L'ambassade d'Iran à Beyrouth a été visée mardi par un double attentat suicide revendiqué par un groupe jihadiste et qui a fait au moins 23 morts et près de 150 blessés selon des sources officielles.


Soutien indéfectible du président syrien Bachar al-Assad, l'Iran avait dépêché des experts militaires et encouragé le Hezbollah libanais ainsi que des miliciens chiites irakiens à participer aux combats aux côtés du régime Assad permettant à son armée de remporter des victoires sur le terrain.

L'Iran a accusé Israël et le Hezbollah "l'alliance israélo-occidentale" de cette double attaque suicide, la première du genre au Liban depuis l'assassinat en 2005 de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri à Beyrouth.

Avant les attentats anti-Hariri et ceux de mardi, le dernier double attentat commis par des kamikazes au Liban remontait à il y a 30 ans; en pleine guerre civile, deux attentats suicide quasi-simultanés tuent 58 parachutistes français et 241 soldats américains, des attaques attribuées alors à l'Iran et au mouvement Hezbollah qu'il a créé et financé.

Selon l'armée libanaise, deux kamikazes ont commis les attentats devant l'ambassade à Bir-Hassan, un quartier résidentiel du sud de Beyrouth à majorité chiite et bastion du Hezbollah.

"Les explosions se sont produites à 09H40 (07H40 GMT) de manière presque concomitante. La première est due à un kamikaze qui conduisait une moto, la deuxième est due à un autre kamikaze, conduisant un 4x4", a-t-elle précisé dans un communiqué.

Au moins 23 personnes ont été tuées et 146 blessées, a affirmé le ministre libanais de la Santé, Ali Hassan Khalil.

Habitants affolés, corps calcinés

Le conseiller culturel de l'ambassade, cheikh Ibrahim Ansari, est décédé de ses blessures en fin d'après-midi, a appris l'AFP de source hospitalière. Mais les autorités iraniennes n'ont pas encore confirmé son décès.

Un gardien de l'ambassade, de nationalité iranienne, est mort dans les attentats, selon les médias iraniens.

Hormis le poste du gardien qui a été dévasté, le bâtiment de la chancellerie n'a pas été endommagé. Les façades d'au moins quatre immeubles en face ont été pulvérisées et des dizaines de motos et de voitures étaient calcinées.

Des images télévisées ont montré des habitants affolés, tentant de secourir des blessés, des corps calcinés et des voitures en feu.

Un groupe jihadiste considéré comme lié au réseau extrémiste sunnite Al-Qaïda a revendiqué l'attentat sur Twitter. "Il s'agit d'une double attaque pour laquelle deux de nos héros, des sunnites du Liban, sont tombés en martyrs", a écrit Sirajeddine Zreikat, un responsable des Brigades Abdallah Azzam, du nom du fondateur d'Al-Qaïda.

IL a prévenu que les attentats se poursuivraient au Liban tant que le Hezbollah chiite continuerait de combattre les rebelles en Syrie aux côtés du régime.

Les doubles attentats suicide simultanés sont le modus operandi d'Al-Qaïda.

La banlieue sud de Beyrouth a été frappée en juillet et août derniers par deux attentats à la voiture piégée dont le deuxième a fait 27 morts et a été revendiqué par un groupuscule inconnu qui avait également dit riposter à l'engagement du Hezbollah en Syrie.

Condamnations à l'étranger

Le chef du parti chiite, Hassan Nasrallah, avait accusé des "extrémistes" et affirmé qu'il poursuivrait le combat en Syrie.

Bir-Hassan abrite, outre l'ambassade d'Iran, de nombreuses ambassades arabes ainsi que des bâtiments de l'ONU. Les mesures imposées par le Hezbollah dans son fief de la banlieue sud y sont de ce fait moins draconiennes.

Téhéran a accusé Israël, son ennemi juré, de cette attaque "terroriste" tandis que son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a estimé qu'il s'agissait d'un "signal d'alarme pour nous tous".

Mais le député israélien Tsahi Hanegbi a affirmé que son pays "n'avait rien à avoir" avec les attentats.

Le régime syrien a pointé du doigt les monarchies pétrolières du Golfe qu'il accuse de financer et d'armer les rebelles qui veulent sa chute. "L'odeur du pétrodollar se dégage de tous les actes terroristes frappant la Syrie, le Liban et l'Irak", a indiqué la télévision d'Etat.

Alors que le Liban est divisé entre partisans et détracteurs du régime syrien, le Premier ministre sortant Najib Miqati tentait d'obtenir une condamnation du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le chef de la coalition anti-Hezbollah, Saad Hariri, a appelé à "éviter aux Libanais les retombées de l'implication (du Hezbollah) dans la tragédie syrienne".

A l'étranger, la France et la Grande-Bretagne ont condamné l'attaque. Le patron de l'ONU Ban Ki-moon l'a aussi fustigée en appelant les Libanais "à la retenue".

Ce double attentat est intervenu à quelques heures d'un match éliminatoire pour la Coupe d'Asie opposant à Beyrouth l'Iran et le Liban. Le match devrait se dérouler sans public.


           

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