Liban/assassinat Hariri: ballet diplomatique pour calmer les tensions


Mercredi 28 Juillet 2010 - 16:18
AFP


Beyrouth - Le roi Abdallah d'Arabie saoudite se rend jeudi et vendredi en Syrie et au Liban dans le cadre des efforts visant à calmer les tensions après les révélations sur une possible mise en cause du Hezbollah dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.


Rafic Hariri
Rafic Hariri
Le monarque saoudien, qui visitera également l'Egypte et la Jordanie dans le cadre d'une tournée régionale, doit rencontrer jeudi le président syrien Bachar al-Assad avant de se rendre le lendemain au Liban.

L'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, est également attendu à Beyrouth vendredi et des responsables libanais évoquent la possibilité que le président syrien accompagne le roi saoudien durant sa brève visite à Beyrouth.

Ce ballet diplomatique est perçu comme une tentative de juguler les tensions à la suite de déclarations la semaine dernière du chef du mouvement chiite Hezbollah Hassan Nasrallah qui a dit s'attendre à ce qu'un tribunal de l'ONU accuse des membres du parti d'implication dans le meurtre de Rafic Hariri.

La perspective d'une mise en cause du puissant groupe armé fait craindre un renouvellement des violences à caractère confessionnel de mai 2008 qui avaient opposé des partisans de l'actuel Premier ministre et fils de Rafic Hariri, le sunnite Saad Hariri, et ceux du parti chiite, et fait une centaine de morts.

Des craintes ont également surgi concernant une possible nouvelle guerre entre le Hezbollah et Israël, qui a accusé ces derniers mois le parti chiite de stocker des milliers de roquettes. Une guerre destructrice a opposé les deux parties en 2006.

"Les deux prochaines semaines vont être cruciales", affirme à l'AFP Shadi Hamid, directeur du centre de recherche Brookings Center. "Il y a un risque d'escalade, de violences sectaires et tous les acteurs impliqués sont conscients du risque".

"Ils prennent des mesures préventives pour désamorcer la crise avant que celle-ci n'échappe à leur contrô le dans les prochaines semaines et dans les prochains mois", ajoute-t-il.

Rafic Hariri, ancien Premier ministre devenu opposant à l'hégémonie de Damas au Liban, a été tué avec 22 autres personnes dans un attentat à la camionnette piégée à Beyrouth le 14 février 2005.

Créé en 2007 par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) doit publier l'acte d'accusation entre "septembre et décembre", selon son président Antonio Cassese.

Les deux premiers rapports de la commission d'enquête de l'ONU avaient conclu à des "preuves convergentes" mettant en cause les renseignements syriens et libanais, mais Damas a toujours nié toute implication.

Après l'assassinat de Hariri en 2005, les relations entre la Syrie, qui soutient le Hezbollah, et l'Arabie saoudite, très proche de la famille Hariri, se sont distendues, mais les deux pays ont opéré un rapprochement lors d'une visite à Damas du roi Abdallah en octobre 2009.

Pour Fouad Siniora, nommé Premier ministre après l'assassinat d'Hariri, les visites de leaders arabes reflètent la conjoncture difficile dans laquelle se trouve le Liban.

"Je pense que la tension actuelle est le fruit d'intimidations plus qu'elle n'est réelle, mais je ne veux pas non plus sous-estimer la possibilité qu'il y ait des tentatives de pousser le Liban vers un conflit", affirme à l'AFP M. Siniora, aujourd'hui député.

"Malheureusement, quand on pousse le Liban vers le bord du gouffre, ce n'est pas toujours contrô lable", dit-il.

Un conseiller de Saad Hariri minimise quant à lui les risques d'un nouveau cycle de violences.

"Je ne vois pas pourquoi la question du tribunal devrait provoquer un conflit", dit Mohammad Chatah à l'AFP. "Nous ne voyons pas la situation se développer en un conflit entre sunnites et chiites", ajoute-t-il.


           

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