"Les attaques sauvages des forces de sécurité sur des manifestants pacifiques révèlent la réalité de la brutalité de Mouammar Kadhafi face à toute contestation interne", a dénoncé Sarah Leah Whitson, responsable de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Le colonel Kadhafi, doyens des dirigeants arabes, est au pouvoir depuis plus de quatre décennies.
Jeudi, des centaines de "manifestants pacifiques" ont défilé à Al-Baïda, Benghazi, Zenten, Derna et Ajdabiya. "Selon de nombreux témoins, les forces de sécurité ont tiré et tué les manifestants pour disperser les protestations", écrit l'organisation de défense des droits de l'Homme dans un communiqué.
Les pires violences ont eu lieu à Al-Baïda, à 1.200 km à l'est de Tripoli. Jeudi vers 13H00, le personnel de l'hô pital a réclamé du matériel supplémentaire, se disant dépassé par l'afflux de 70 manifestants blessés, dont la moitié dans un état critique à cause de blessures par balles, ajouté l'ONG.
Un manifestant blessé à l'hô pital d'Al-Baïda a déclaré à HRW avoir patienté à cô té de l'unité de soins intensifs et confirmé que les forces de sécurité avaient tué 16 personnes dans cette ville et blessé des dizaines d'autres.
Selon ce manifestant, les forces de sécurité et des civils armés ont tiré à balles réelles sur les protestataires.
Les manifestants s'étaient réunis pour les funérailles de protestataires tués mercredi, et avaient pris la direction du bâtiment des forces de sécurité, scandant "A bas le régime" et "Dégage Mouammar Kadhafi". Certains manifestants ont filmé le défilé avec leur téléphone portable.
A Benghazi, bastion de l'opposition à 1.000 km à l'est de Tripoli, un manifestant a rapporté que des hommes en civil armés de couteaux s'étaient joints aux forces de sécurité pour charger des centaines de manifestants, parmi lesquels de nombreux avocats, qui réclamaient une Constitution.
HRW assure avoir "pu confirmer huit décès" parmi les manifestants de Benghazi jeudi.
Parallèlement, le gouvernement a incité ses partisans à manifester. Les abonnés du réseau de téléphonie mobile Libyana ont reçu mercredi un SMS appelant "la jeunesse nationaliste" à sortir pour "défendre les symboles nationaux", rapporte HRW.
"Utiliser les forces de sécurité et des voyous armés pour empêcher le peuple d'exprimer son opposition au gouvernement semble de plus en plus voué à l'échec", ajoute HRW, faisant valoir que cette "tactique" n'avait pas préservé le pouvoir de Hosni Moubarak en Egypte.