Libye: la nouvelle direction en faveur d'un islam "modéré"


Mardi 13 Septembre 2011 - 11:50
AFP


Tripoli - Le chef des autorités de transition, Moustapha Abdeljalil, a affirmé que l'islam serait la principale source de législation dans la nouvelle Libye, mais a rejeté toute "idéologie extrémiste".


Libye: la nouvelle direction en faveur d'un islam "modéré"
Parallèlement, Amnesty International a accusé dans un rapport publié mardi l'ancien régime de Mouammar Kadhafi de crimes contre l'humanité, tout en pointant aussi du doigt des abus commis par des combattants proches du Conseil national de transition (CNT), qui pourraient constituer des crimes de guerre.

Sur le terrain, aucune offensive d'envergure n'a eu lieu sur les principales villes aux mains des pro-Kadhafi -Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli), Syrte (360 km à l'est de Tripoli) et Sebha (centre)- qui ont montré ces derniers jours leur capacité à résister et même à contre-attaquer.

Dans son premier discours public à Tripoli, M. Abdeljalil a affirmé lundi soir que l'islam serait "la principale source de la législation" de la nouvelle Libye.

"Nous n'accepterons aucune idéologie extrémiste de droite ou de gauche. Nous sommes un peuple musulman, à l'islam modéré et nous allons rester sur cette voie", a néanmoins précisé le chef des nouvelles autorités, arrivé samedi pour sa première visite à Tripoli depuis le début de la révolte en février.

La société libyenne est conservatrice et religieuse, et les islamistes, en particulier les Frères musulmans, qui ont selon les analystes une véritable assise populaire, ont joué un rôle de premier plan dans la révolte contre Kadhafi.

Depuis la chute de Tripoli le 26 août, les nouveaux dirigeants insistent cependant sur leur attachement à un islam modéré qui, selon eux, réunit l'écrasante majorité des Libyens.

A New York, les Nations unies ont pressé le CNT, issu de la rébellion, de placer davantage de femmes à des postes clés et de donner plus de poids à l'égalité entre les sexes dans la future Constitution.

"Nous avons reçu des ébauches de la (nouvelle) Constitution libyenne. Nous comprenons qu'elles sont préliminaires et provisoires, mais elles ne respectent pas les changements modernes selon lesquels la vie politique" ne concerne pas que les hommes, a déclaré l'ambassadeur de Norvège à l'ONU, Morten Wetland.

Alors que le conflit n'est pas complètement fini avec Mouammar Kadhafi toujours en fuite et que ses hommes tentant de défendre ses derniers bastions, Amnesty International a dénoncé la tendance du CNT à minimiser les crimes de certains de ses partisans.

Des combattants du CNT "ont enlevé, détenu arbitrairement, torturé et tué d'anciens membres des forces de sécurité soupçonnés de loyauté envers Kadhafi, et capturé des soldats et des étrangers soupçonnés à tort d'être des mercenaires", affirme l'organisation.

Les violations des droits n'ont "plus leur place en Libye", a répondu le nouveau régime dans un communiqué, assurant qu'il s'efforçait de "faire entrer les groupes armés sous les autorités officielles" et qu'il enquêterait "de manière exhaustive sur tout incident signalé".

A Washington, l'administration Obama s'est émue du sort des migrants et réfugiés d'Afrique noire en Libye, comme plusieurs pays et organisations depuis quelques mois, évoquant des faits de racisme et de violences et appelant à protéger ces populations.

Les Etats-Unis ont aussi annoncé que la n°2 de leur ambassade en Libye, Joan Polaschik, était à Tripoli pour examiner les conditions d'une réouverture complète de la chancellerie, probablement dans quelques semaines.

Entretemps, Mouammar Kadhafi, toujours combatif, a affirmé n'avoir d'autre choix que de lutter "jusqu'à la victoire", dans un message lu lundi sur Arraï. Selon le directeur de cette chaîne basée à Damas, Kadhafi n'a pas quitté la Libye.

Plus de trois jours après l'expiration de l'ultimatum fixé par le CNT aux pro-Kadhafi pour déposer les armes, les commandants hésitaient à lancer l'offensive annoncée sur Bani Walid, vaste oasis qui compte 52 villages et 100.000 habitants, la plupart armés.

La bataille pour Syrte semblait encore moins bien engagée. Les pro-CNT massés sur la route côtière à l'est ou à l'ouest étaient encore à des dizaines de km de leur cible. Ceux de l'Est ont de plus subi la veille à l'arrière une contre-offensive des pro-Kadhafi qui a fait 17 morts sur la raffinerie de Ras Lanouf, conquise fin août.

Le site pétrolier est cependant intact, a assuré le CNT, tandis que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé qu'une timide reprise de la production de pétrole se profilait avant la fin de l'année en Libye.

Les avions de l'Otan, quant à eux, ont poursuivi leurs frappes lundi, essentiellement autour de Sebha et surtout de Syrte, où plus d'une quinzaine de cibles militaires ont été touchées, selon l'Alliance.


           

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