Luc Besson, manitou envié et décrié du cinéma français


Mardi 12 Octobre 2010 - 16:42
AFP


Paris - Manitou du cinéma français, envié et décrié, Luc Besson, réalisateur et producteur à succès qui clôt mercredi la trilogie d'"Arthur", se plaint d'être mal aimé quand il aurait pu partir aux Etats-Unis et faire beaucoup d'argent.


Luc Besson
Luc Besson
Mardi matin, sur Europe 1, il dénonçait une "attaque permanente et assez insidieuse": ça désespère un peu par moment, on se dit +pourquoi on s'emmerde?+... Ca fait vingt ans que j'aurais pu partir aux Etats-Unis et avoir une vie bien différente, gagner plein d'argent".

A 51 ans, de quoi se plaint-il ? La presse économique a récemment fait état de difficultés de sa société de production, EuropaCorp, qui aurait, selon Capital, perdu 9,8 millions d'euros en 2009.

Le magazine évoque aussi le sens de la com' et des relations du patron Besson: ami proche de François-Henri Pinault, le PDG de PPR avec lequel il a coproduit "Home", le film de Yann Arthus-Bertrand, il a aussi récupéré dans son équipe deux proches de Nicolas Sarkozy et de l'UMP, le publicitaire Christophe Lambert et l'ex-directrice de cabinet du chef de l'Etat Emmanuelle Mignon. Mais Capital note que ses grands desseins pour la banlieue sont souvent restés dans les cartons.

Reste que la "Cité du cinéma" dans le 9-3, avec ses multiples plateaux de tournage, devrait quand même s'ouvrir en 2012. Et qu'EuropaCorp gère 120 employés et un catalogue de 128 films, dont un grand nombre de productions qui ont cartonné aux Etats-Unis ("Le Cinquième élément", "Taken") et dans le reste du monde ("Adèle Blanc Sec" dépasse les deux millions d'entrées en Chine. La société produit également des longs métrages aussi différents que "Trois Enterrements" de Tommy Lee Jones ou "Villa Amalia" de Benoît Jacquot, et s'apprête à lâcher sur les écrans "Les Petits mouchoirs" de Guillaume Canet ou "L'Homme qui voulait vivre sa vie" d'après Douglas Kennedy avec Romain Duris.

En dépit de ses succès, Besson, réalisateur adulé des ados pour "Le Grand Bleu", "Nikita" ou "Léon", continue d'essuyer le mépris et les sarcasmes de la critique, qui moque son côté grand spectacle et son goût du secret.

Les demandes d'interview se soumettent par écrit et la question la plus anodine reste généralement sans réponse.

Au siège d'Europarcorp, dans le chic VIIIe arrondissement de Paris, les jeunes gens habillés comme le boss - à moins que ce ne soit l'inverse -, chemise ouverte lâchée sur pantalon flou, entretiennent le culte avec ravissement.

"Dans la cuisine, un tiroir d'infusions lui est strictement réservé. Je m'en suis approchée par ignorance, ils m'ont sauté dessus: +Non! ça, c'est le tiroir de Luc+", raconte une spécialiste des décors qui a eu le sentiment de se trouver "dans une secte".

La profession, d'ailleurs, s'en méfie: douze nominations aux César et une récompense seulement, pour "Le Cinquième élément" comme meilleur réalisateur. Mais le public suit.

Le dernier volet de sa trilogie entamée en 2006, "Arthur 3: la Guerre des deux mondes", sort mercredi. En 2D comme conçu initialement, Besson ayant sagement résisté à l'hyper-vogue du relief.

Puis, il reviendra à la science fiction, a-t-il annoncé mardi. Il s'agira d'un "gros film genre le +Cinquième Elément+ par dix". La préparation aura lieu à partir de janvier, avec "un tournage en 2012 et 2013, parce que ça va être énorme et je pense qu'on l'aura (sur les écrans) en 2013 ou 2014".

Et les fans seront là, comme d'habitude.


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement