L'organisation jihadiste a désigné Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi comme nouveau "calife des musulmans". Mais rares sont les analystes qui affirment le connaître.
"On sait peu de choses sur lui, si ce n'est qu'il est le premier juge de (l'organisation) État islamique et qu'il dirige le comité de la charia", la loi islamique, indiquait récemment Hisham al-Hashemi, un expert irakien reconnu, spécialiste du groupe terroriste.
Mais certains doutent même de son existence, suggérant que la figure qui disposerait de la légitimité nécessaire pour présider à ses destinées futures puisse ne pas encore avoir été désignée.
"L'organisation a été prise de court par la brutalité de l'élimination de Baghdadi. Elle a depuis communiqué l'identité d'un successeur dont on ne sait s'il existe véritablement, ou s'il sert juste d'appât pendant que le processus de désignation d'un successeur effectif se poursuit dans la zone Syrie-Irak", estime ainsi Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, spécialiste du monde arabe.
Juste après que Baghdadi a déclenché sa ceinture d'explosifs au terme d'un raid américain, le président Donald Trump avait affirmé savoir "exactement" qui était son successeur. Un haut responsable américain évoquait pourtant peu après un "parfait inconnu".
Depuis, silence radio. "Je pense que les États-Unis savent qui c'est", tranche Seth Jones, du Centre pour les études stratégiques internationales (CSIS) à Washington. "Aucun groupe terroriste ne peut garder au secret la structure de sa hiérarchie, personne n'est bon à ce point".
Mais qu'une poignée d'experts et de hauts-responsables soient informés ne suffit pas. L'organisation a besoin d'une figure tutélaire, un guide, un stratège.
Sous Baghdadi, qui restait lui même fort discret, le groupe EI avait expérimenté la gestion d'un proto-Etat, produisant des livres scolaires et battant une monnaie. Depuis la chute de Baghouz en mars et la fin du califat au terme de plusieurs années de guerre, il se réorganise en se tournant vers des tactiques de guérilla.
Mais pour que l'autorité de son nouveau "commandeur des croyants" ne soit pas contestée jusque dans ses propres rangs, ce dernier doit sortir de l'anonymat. "Il a besoin de s'exprimer publiquement", ajoute Seth Jones, pour apporter "une forme de direction stratégique, quelque chose qui inspire le mouvement au sens large".
Sans califat, comment le groupe peut-il attirer des combattants étrangers, poursuivre ses attaques, fédérer les organisations qui lui ont prêté allégeance ? Comment les soutenir financièrement, et sur le plan logistique ?
"Les +provinces+ du Sinaï+, et surtout du +Grand Sahara+ font preuve d'un activisme particulièrement meurtrier, à la fois du fait de leur dynamique propre, mais aussi pour laisser le temps à la direction centrale de gérer l'après-Baghdadi", estime ainsi Jean-Pierre Filiu.
"C'est un tournant pour le groupe. Mais sans en savoir plus sur le leader, il est compliqué de savoir dans quelle direction ils vont aller", renchérit Daniel Byman, chercheur à l'université de Georgetown à Washington.
Selon lui, le nouveau "guide" est tiraillé entre le besoin de sortir du bois et l'exigence de sécurité, conscient d'être une cible privilégiée de ses ennemis. Mais cette discrétion est coûteuse.
"On voit déjà de sérieuses critiques d'autres jihadistes, qui disent qu'il n'y a pas de calife sans califat", constate Daniel Byman. "Cette personne va avoir beaucoup de mal à établir son autorité", ajoute-t-il, soulignant que le vide du pouvoir pourrait donner des idées à des rivaux.
Sur le plan opérationnel, le groupe ne peut guère espérer reconquérir un territoire dans l'immédiat. Or, le groupe EI "tirait des revenus significatifs des taxes et extorsions diverses auprès de ceux qui vivaient sous contrôle du califat", relève Robin Simcox, chercheur à la fondation américaine Heritage.
En conséquence, "l'EI va agir plus comme une insurrection, maintenant qu'il ne contrôle plus de territoire. C'est une nécessité".
A quoi ressemble l'organisation aujourd'hui ? Avec ou sans chef, elle demeure résiliente et a sans nul doute conservé une réelle force de frappe. Son nouveau chef "a terriblement besoin d'un attentat", craint à cet égard Seth Jones, qui suppute qu'il ciblera le sol européen, où son écho serait considérablement plus important que dans la zone irako-syrienne ou au Sahel.
Il lui faut un acte fondateur, ajoute-t-il, une opération extérieure dans laquelle l'EI serait "impliquée en terme d'organisation, de financement, de préparation".
"On sait peu de choses sur lui, si ce n'est qu'il est le premier juge de (l'organisation) État islamique et qu'il dirige le comité de la charia", la loi islamique, indiquait récemment Hisham al-Hashemi, un expert irakien reconnu, spécialiste du groupe terroriste.
Mais certains doutent même de son existence, suggérant que la figure qui disposerait de la légitimité nécessaire pour présider à ses destinées futures puisse ne pas encore avoir été désignée.
"L'organisation a été prise de court par la brutalité de l'élimination de Baghdadi. Elle a depuis communiqué l'identité d'un successeur dont on ne sait s'il existe véritablement, ou s'il sert juste d'appât pendant que le processus de désignation d'un successeur effectif se poursuit dans la zone Syrie-Irak", estime ainsi Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, spécialiste du monde arabe.
Juste après que Baghdadi a déclenché sa ceinture d'explosifs au terme d'un raid américain, le président Donald Trump avait affirmé savoir "exactement" qui était son successeur. Un haut responsable américain évoquait pourtant peu après un "parfait inconnu".
Depuis, silence radio. "Je pense que les États-Unis savent qui c'est", tranche Seth Jones, du Centre pour les études stratégiques internationales (CSIS) à Washington. "Aucun groupe terroriste ne peut garder au secret la structure de sa hiérarchie, personne n'est bon à ce point".
Mais qu'une poignée d'experts et de hauts-responsables soient informés ne suffit pas. L'organisation a besoin d'une figure tutélaire, un guide, un stratège.
Sous Baghdadi, qui restait lui même fort discret, le groupe EI avait expérimenté la gestion d'un proto-Etat, produisant des livres scolaires et battant une monnaie. Depuis la chute de Baghouz en mars et la fin du califat au terme de plusieurs années de guerre, il se réorganise en se tournant vers des tactiques de guérilla.
Mais pour que l'autorité de son nouveau "commandeur des croyants" ne soit pas contestée jusque dans ses propres rangs, ce dernier doit sortir de l'anonymat. "Il a besoin de s'exprimer publiquement", ajoute Seth Jones, pour apporter "une forme de direction stratégique, quelque chose qui inspire le mouvement au sens large".
Sans califat, comment le groupe peut-il attirer des combattants étrangers, poursuivre ses attaques, fédérer les organisations qui lui ont prêté allégeance ? Comment les soutenir financièrement, et sur le plan logistique ?
"Les +provinces+ du Sinaï+, et surtout du +Grand Sahara+ font preuve d'un activisme particulièrement meurtrier, à la fois du fait de leur dynamique propre, mais aussi pour laisser le temps à la direction centrale de gérer l'après-Baghdadi", estime ainsi Jean-Pierre Filiu.
"C'est un tournant pour le groupe. Mais sans en savoir plus sur le leader, il est compliqué de savoir dans quelle direction ils vont aller", renchérit Daniel Byman, chercheur à l'université de Georgetown à Washington.
Selon lui, le nouveau "guide" est tiraillé entre le besoin de sortir du bois et l'exigence de sécurité, conscient d'être une cible privilégiée de ses ennemis. Mais cette discrétion est coûteuse.
"On voit déjà de sérieuses critiques d'autres jihadistes, qui disent qu'il n'y a pas de calife sans califat", constate Daniel Byman. "Cette personne va avoir beaucoup de mal à établir son autorité", ajoute-t-il, soulignant que le vide du pouvoir pourrait donner des idées à des rivaux.
Sur le plan opérationnel, le groupe ne peut guère espérer reconquérir un territoire dans l'immédiat. Or, le groupe EI "tirait des revenus significatifs des taxes et extorsions diverses auprès de ceux qui vivaient sous contrôle du califat", relève Robin Simcox, chercheur à la fondation américaine Heritage.
En conséquence, "l'EI va agir plus comme une insurrection, maintenant qu'il ne contrôle plus de territoire. C'est une nécessité".
A quoi ressemble l'organisation aujourd'hui ? Avec ou sans chef, elle demeure résiliente et a sans nul doute conservé une réelle force de frappe. Son nouveau chef "a terriblement besoin d'un attentat", craint à cet égard Seth Jones, qui suppute qu'il ciblera le sol européen, où son écho serait considérablement plus important que dans la zone irako-syrienne ou au Sahel.
Il lui faut un acte fondateur, ajoute-t-il, une opération extérieure dans laquelle l'EI serait "impliquée en terme d'organisation, de financement, de préparation".