Marcus Miller sur "La Route de l'Esclave"


Mercredi 3 Juillet 2013 - 12:12
AFP - Christophe CHEYNIER


Paris - Marcus Miller, bassiste virtuose et arrangeur de Miles Davis dans les années 80, sera nommé jeudi Artiste pour la Paix de l'Unesco et rejoindra "La Route de l'Esclave", un projet de cette institution sur la mémoire de l'esclavage et ses conséquences dans le monde.


Marcus Miller
Marcus Miller
"Le message de ce qu'ils (les esclaves) ont ressenti est contenu dans leur musique", confie à l'AFP le célèbre bassiste afro-américain. "Pour les esclaves, les mots étaient souvent interdits. Quand ils travaillaient dans les champs, ils ne pouvaient pas parler, mais pouvaient chanter et faire de la musique sans instrument", poursuit ce New-Yorkais, dont la carrière a pris une dimension nouvelle lorsqu'il a composé et arrangé en 1986, à l'âge de 27 ans, "Tutu", l'album le plus connu de Miles Davis avec "Kind of Blue".

Dans le cadre du projet "La Route de l'Esclave" que développe l'Unesco depuis 1994, Marcus Miller ambitionne de "réaliser un film-documentaire qui montrerait les sites et les maisons des esclaves, sur la côte ouest de l'Afrique, et raconterait l'histoire du voyage de l'Afrique vers l'Amérique du Sud, les Caraïbes, finalement les Etats-Unis, avec ses connections musicales".

"Par exemple, si on entend la musique du Mali et la musique du blues, elles sont très similaires", note-t-il.

Marcus Miller, qui joue également de la clarinette basse, veut aussi toucher les jeunes générations. "Je voudrais jouer de la musique pour des enfants et des jeunes de huit à treize, quatorze ans, leur apprendre le rythme et l'improvisation", poursuit ce musicien qui a grandi à Jamaica, dans le Queen's.

"Funk à 13 ans, jazz à 14"

"C'est un bon âge pour écouter et apprécier la musique et les sensations de la musique", estime-t-il. "Pour moi, les années les plus importantes ont été mes années d'adolescent, j'ai appris le funk à l'âge de 13 ans, le jazz à l'âge de 14 ans".

A l'époque, les années 70, la musique noire américaine est en pleine explosion, et nombreux sont ceux qui le sollicitent. "J'ai grandi à New York avec toutes les influences, comme bassiste j'ai joué avec des groupes africains, portoricains, de funk, de jazz, avec Frank Sinatra, George Benson, Elton John, Aretha Franklin, c'était très facile".

Deux rencontres marqueront sa carrière: avec le chanteur soul Luther Vandross, dont il devient le producteur, et Miles Davis.

"Quand je suis devenu musicien de jazz, c'était important que j'apprenne l'histoire du jazz. Il fallait que j'apprenne l'histoire de Charlie Parker, de Duke Ellington", explique Marcus Miller qui porte en permanence un petit chapeau appelé "pork pie hat", comme celui qu'arborait le grand saxophoniste Lester Young.

Sa mission à l'Unesco va aussi l'encourager à découvrir ses racines. "Mon grand-père vient de Trinidad, mais avant, je ne sais pas. Je voudrais connaître mon pays d'origine", ajoute-t-il, même s'il a une petite idée de la terre de ses ancêtres: "peut-être la Côte d'Ivoire, ou le Cameroun".


           

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