Marne: un bijoutier toujours en garde à vue après avoir tué un braqueur


Vendredi 29 Novembre 2013 - 10:16
AFP


Sézanne (France) - Un bijoutier de 54 ans était toujours en garde à vue vendredi matin après avoir tué la veille avec un pistolet un homme qui braquait son commerce à Sézanne (Marne), dont le ou les complices étaient activement recherchés.


Le casier judiciaire du braqueur, âgé de 36 ans, comporte dix condamnations, dont une à dix ans de réclusion par la cour d'assises de la Marne pour "vol avec arme et séquestration", a déclaré à l'AFP le procureur de Châlons-en-Champagne, Christian de Rocquigny.

Le malfaiteur est décédé jeudi vers 17H30 des suites de ses blessures, une heure après avoir pénétré dans la boutique, située dans une rue passante du centre de Sézanne, commune de 5.500 habitants à 80 km au sud de Reims.

Selon les images de la vidéosurveillance prises à l'intérieur de la bijouterie, l'homme est entré vers 16H30 dans le commerce, et a été servi par l'épouse du joaillier, qui a senti "que ça ne se passait pas très bien", a expliqué le procureur.

Le bijoutier, qui se trouvait à l'étage, est alors descendu, dissimulant une arme dans son dos, a-t-il poursuivi.

Après avoir été mis en joue par le malfaiteur avec un gomme-cogne, le bijoutier a reculé et sorti son arme, un pistolet automatique de calibre 9 mm, tirant "à quatre ou cinq reprises", a indiqué le magistrat.

"Un ou deux individus", qui attendaient à l'extérieur, ont pris la fuite en voiture et étaient toujours activement recherchés par les gendarmes de la section de recherches de Reims, qui ont déclenché le plan Epervier, a-t-il ajouté.

Boutique "refaite à fond"

Arrivé devant la bijouterie quelques secondes après les coups de feu, Nicolas, 34 ans, qui n'a pas souhaité donner son patronyme, a "vu une personne à terre avec du sang partout autour, le visage découvert et portant un blouson bleu", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le malfaiteur "a essayé de parler, a dit qu'il avait mal partout. Il a essayé de ramper sous une voiture, où se trouvait son arme. D'autres personnes qui se trouvaient à proximité ont écarté l'arme avec le pied", a narré ce témoin.

Sur le corps du braqueur, le médecin légiste a constaté "quatre entrées et sorties de balles 9 mm, correspondant à l'arme du bijoutier, trois sur l'avant et une sur le côté", a indiqué M. de Rocquigny. Une autopsie doit avoir lieu vendredi après-midi.

"Le bijoutier était enfermé dans sa boutique, très calme. Il a dit qu'il allait bien et qu'il ne voulait pas sortir. Il avait du sang sur sa chemise", a encore raconté Nicolas.

Placé en garde à vue à la gendarmerie de Sézanne, le bijoutier a été entendu par les enquêteurs, tout comme sa femme en qualité de témoin, selon le procureur.

D'après Foucauld Toulemonde, poissonnier à Sézanne joint jeudi par l'AFP, le bijoutier, qui fréquente un stand de tir, avait déjà été braqué "il y a six mois" et avait "refait à fond" sa boutique, investissant "dans des caméras et un sas de sécurité".

L'épouse du joaillier "était traumatisée" depuis le précédent braquage, dont "elle avait beaucoup de mal à (se) remettre", a souligné M. Toulemonde.

"Révoltée qu'on puisse attaquer des commerçants", Catherine, une commerçante de 50 ans, a dit à l'AFP être "de tout coeur avec" le bijoutier, qui "n'a fait que se défendre".

"Il a bien fait (...). Au bout d'un moment, on est excédé et il est normal de se défendre", a renchéri Hellen, 46 ans, dont le bar-tabac qui a subi plusieurs tentatives de cambriolage est situé à 50 m de la bijouterie, dont les accès étaient toujours barrés par des rubans de la gendarmerie, vendredi matin.

L'affaire de Sézanne rappelle celle survenue en septembre à Nice lorsqu'un autre bijoutier, Stephan Turk, avait tué un des braqueurs qui venaient de le dévaliser lors de sa fuite en scooter. M. Turk a été mis en examen pour homicide volontaire et assigné à résidence sous bracelet électronique.

La question de l'autodéfense, par-delà celle de la légitime défense, avait été soulevée. Une partie de l'opinion avait pris fait et cause pour le bijoutier, jugé victime d'une insécurité grandissante, alors qu'il avait déjà été victime d'un vol à la disqueuse en 2012. Dès jeudi, des appels étaient lancés sur Facebook à soutenir le bijoutier de Sézanne.

"A ce stade-là, il est encore prématuré de conclure sur un éventuel état de légitime défense", a insisté le procureur, qui devait tenir une conférence de presse à 10H00 au palais de justice de Châlons-en-Champagne.


           

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