Maroc -- Le tourisme intérieur : bouée de sauvetage du post-Covid-19 ?


Jeudi 2 Juillet 2020 - 12:26
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Face à la reconnaissance par de nombreuses institutions internationales de la difficulté de la relance rapide du tourisme international dans tous les pays du monde, à cause de la propagation de la pandémie de la Covid-19, le Maroc parie sur le tourisme intérieur pour assurer une reprise du secteur et des personnes qui y travaillent.


Le ministère marocain du Tourisme n'a pas attendu la fin de la phase du confinement et le retour à la normale et a lancé une campagne promotionnelle préventive, qui a duré tout au long de la période de la quarantaine, longue de près de trois mois, pour mieux faire connaître certaines destinations touristiques intérieures, dans l’objectif de « rendre l'âme » à l'un des secteurs les plus touchés par la pandémie.

Au moment où le gouvernement parie sur le tourisme intérieur, nombre d’activistes estiment que la question nécessite aussi bien la révision des prix élevés que l’amélioration des prestations et services.

« Au revoir », tel est le slogan de la campagne promotionnelle lancée par le ministère marocain du Tourisme tout au long de la période du confinement, pour présenter quelques destinations touristiques intérieures.

Le royaume chérifien avait décrété, le 20 mars dernier, l’état d’urgence sanitaire pour une durée d’un mois et imposé des restrictions de circulation dans le pays, un moyen pour « garder la Covid-19 sous contrôle ».

Ultérieurement, l'état d’urgence sanitaire a été prolongé à maintes reprises jusqu'au 10 juillet, avant l’allègement de ces mesures, le 24 juin dernier.

Selon les données fournies par le ministère du Tourisme, le Maroc a accueilli, en 2019, 13 millions de touristes, soit une augmentation de 5% par rapport à l’année 2018, tandis que le secteur a réalisé une croissance de 5% en termes de nuitées, pour atteindre plus de 25 millions de nuitées l'an dernier.

Le secteur touristique a réalisé des recettes de l’ordre de 78 milliards de dirhams (8 milliards de dollars).

** La pandémie frappe fort

Le Maroc, où le secteur du tourisme constitue l'un des piliers de l'économie nationale, n'a pas été à l'abri des incidences de la pandémie qui a frappé le monde, et cela a été confirmé par les chiffres révélés par la ministre du Tourisme, Nadia Alaoui, au parlement, le 9 juin.

Alaoui a confirmé la baisse, de l’ordre de 45%, du nombre des touristes étrangers, au cours des quatre premiers mois de l’année en cours, par rapport à la même période de l’année précédente, tandis que le nombre des nuitées a diminué de 42% et que les recettes du secteur ont baissé de 15%.

Cette situation a amené nombre d’opérateurs du secteur à poser cette lancinante question : comment surmonter cette situation qui a touché un secteur vital de l'économie nationale? L'alternative réside-t-elle dans le tourisme intérieur?

Les sociétés du secteur ont bénéficié des mesures décidées par le gouvernement pour atténuer les retombées de la crise, s’agissant notamment, du report du remboursement de leurs prêts et du paiement des impôts, de l’octroi de prêts à bas intérêt, et de l’indemnisation mensuelle aux employés du secteur à hauteur de 70% de leurs émoluments tout au long de la période de l’arrêt du travail.

** Promotion du tourisme local

De nombreux hôtels qui ont été mis à la disposition de l’accueil des marocains rapatriés, s’apprêtent de nouveau à recevoir leurs clients réguliers, après que le Maroc ait allégé les restrictions générées par le confinement, selon un responsable marocain.

Youcef Zaki, président du Conseil régional du tourisme (public) dans la région orientale du pays, a indiqué que « L'institution qu'il supervise est prête pour la prochaine phase, et a mis en place un plan d’action pour faire face à la situation ».

Dans une interview accordée à l'Agence Anadolu, Zaki a indiqué que le défi du secteur au cours de la saison actuelle consiste à convaincre les Marocains quant à l’importance du tourisme intérieur.

Et Zaki de poursuivre : « La région orientale, qui compte l’une des destinations touristiques les plus réputées (la ville de Saidia), a mis en place une stratégie de promotion sur toutes les plateformes et canaux disponibles, afin d’attirer les touristes intérieurs ».

Parallèlement à la campagne promotionnelle de la destination, et dont des campagnes similaires sont en cours de préparation au niveau d’autres régions, le Conseil a lancé une campagne de sensibilisation auprès des hôtels et des établissements d’accueil sur les modalités de redémarrage.

** Des prix élevés

Face à la poursuite des plaintes formulées par les touristes marocains de la hausse des prix des services hôteliers, des militants ont appelé à faire baisser les prix des hôtels et des prestations pour encourager et relancer le tourisme.

Dans des posts diffusés sur les réseaux sociaux, de nombreux citoyens ont critiqué la hausse des prix des hôtels et des services dans nombre de régions du pays.

Mohamed Baba Hida (fonctionnaire) a relevé que « le tourisme intérieur au Maroc n’est pas très encourageant compte tenu de l’absence de logique s’agissant des prix élevés en contrepartie de prestations sans qualité ».

Dans un post sur sa page « Facebook », Hida a écrit « Le nombre des touristes marocains en Espagne a atteint quelque 900 mille personnes, et leurs dépenses se sont élevées à 500 millions de dollars, selon un précédent rapport de Media 24 » (indépendant).

Il a ajouté: « Le secteur du tourisme dispose aujourd’hui d’une occasion pour se réconcilier avec le touriste marocain, après la levée du confinement et le retour progressif de la vie à la normale, dès lors que le touriste local est un élément sur lequel compter pour relancer le secteur après un arrêt pour des raisons connues ».

À son tour, un dirigeant du parti al-Istiqlal (opposition), Adel Ben Hamza, a déclaré: « Reparler du touriste marocain uniquement durant les crises n'est pas sérieux si une révision globale des modalités de traiter avec lui n’est pas opérée ».

Il a ajouté dans un post diffusé sur Facebook : « De nombreux Marocains préfèrent la destination espagnole, environ un million de touristes, et la il ne s’agit pas d’un signe de distinction sociale, seulement parce que les prix y sont inférieurs à Marrakech (nord), à Agadir (centre) ou à Martil (extrême nord) ».

Et Ben Hamza de poursuivre : « Outre le cadre général, qu'il s'agisse d'hygiène ou de disponibilité de consommables à des prix corrects, ce choix rapporte des millions de dollars à la rive nord » [de la Méditerranée].

Il a relevé que « Cette situation se poursuivra s'il n'y aura pas de véritable révision des prix en vigueur dans tous secteurs liés au tourisme car, malheureusement, le touriste est traité généralement comme une opportunité à ne pas rater ».

À son tour, le militant Ezzeddine M’jahed a appelé à l’encouragement du tourisme intérieur par les sociétés de transport interurbain, telles que l'Office des chemins de fer (public), la Royal Air Maroc (RAM, public), les hôtels et les agences de location de voitures.

Il a écrit sur son compte Facebook que « cet encouragement est possible en rendant les prix abordables pour les citoyens et en améliorant les services et la qualité du service ».

Zaki indique, dans ce cadre, que le Conseil régional du tourisme (public) a élaboré un rapport détaillé sur les prix d’hébergement dans les hôtels et sur d’autres services, et il s’est avéré que certains d'entre eux sont raisonnables et à la portée du touriste marocain, tandis que d'autres gagneraient à être révisés afin d’inciter le touriste ».

Zaki estime que la crise actuelle peut constituer une motivation pour changer de cap et d’approche, et pour l’élaboration d’une stratégie inclusive du développement du tourisme intérieur.


           

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