Mathieu Amalric part en "Tournée" avec des effeuilleuses felliniennes


Samedi 26 Juin 2010 - 11:07
AFP


Paris - Mathieu Amalric exalte la féminité débridée d'une troupe de strip-teaseuses aussi plantureuses qu'effrontées dans "Tournée" qui sort en salles mercredi après avoir raflé le Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes.


Mathieu Amalric
Mathieu Amalric
En mai, moulées dans des robes aussi extravagantes que transparentes, les stars du film Mimi le Meaux, Kitten on the Keys, Dirty Martini, Julie Atlas Muz, Evie Lovelle et leur acolyte Rocky Roulette avaient enflammé la Croisette.

Séduit, le jury présidé par le cinéaste américain Tim Burton avait récompensé une réalisation "à la façon de" John Cassavetes, basée sur de longs plans-séquence qui font la part belle à l'improvisation des comédiens.

Quatrième long métrage co-écrit, tourné et interprété par Mathieu Amalric, l'acteur fétiche d'Arnaud Desplechin - "Rois et reines", "Un conte de Noël"-, "Tournée" a été inspiré par un texte de Colette, "L'envers du music-hall".

Mathieu Amalric y rend hommage aux artistes du New Burlesque, un type de spectacle de cabaret mêlant érotisme, humour et satire sociale, né aux Etats-Unis dans les années 1990.

Il y filme longuement, à la manière d'un documentaire, cinq femmes plantureuses, drôles et désinhibées, une troupe de strip-teaseuses qu'il a lui-même constituée en deux ans pour les besoins du film.

"Je les ai toutes rencontrées d'abord par leur numéro, et tous les numéros dans le film ce sont elles qui les ont créés, inventés, costume, maquillage, chorégraphie, ça les raconte tellement", avait expliqué Mathieu Amalric à la presse, pendant le 63e Festival de Cannes.

"Ce sont deux continents qui se fantasment, un homme qui a certainement vu trop de films américains, qui a donc voulu partir aux Etats-Unis et je pense, se prend un peu pour Ben Gazzara", avait-il ajouté.

Dès l'orée du film, il immerge le spectateur dans des coulisses envahies de pots de crème, de corsages à paillettes et de boas à plumes, peuplées par des créatures en sous-vêtements, outrageusement fardées.

On y suit, dans leurs propres rôles, les artistes Mimi le Meaux à l'extraordinaire charisme, Kitten on the Keys, Dirty Martini et les autres.

Ces Américaines ont débarqué en France pour une tournée - organisée pour les besoins du film, du Havre à Toulon -, à l'invitation d'un manager.

Un Mathieu Amalric à moustache incarne avec délectation ce producteur miteux, ex-vedette de la télévision couvert de dettes, dans d'improbables costumes de velours lie-de-vin, qui ne trouve la paix qu'au milieu des "cris de volaille" de ces Amazones à la sexualité débridée.

"Grâce à vous j'ai l'illusion de vivre très vite, de n'emporter avec nous ni regrets, ni remords, ni souvenir" leur dit-il, empruntant les mots de Colette.

Mathieu Amalric rend ici hommage à la poésie anachronique et fragile du spectacle de cabaret, où ces femmes livrent au public leur corps imparfait, avec générosité et humour.

Au départ le New Burlesque était un mouvement lesbien, né vers 1995 avec un groupe, le Velvet Hammer, avait-il expliqué à Cannes.

"Ces filles portent la politique dans leur corps, une résistance au formatage qui n'a pas besoin de mots. Maintenant le New Burlesque a tout de même été un peu récupéré par des canons de Las Vegas aux corps plus conformes", disait-il.

Sans toujours éviter les longueurs ou les ficelles scénaristiques, Amalric capte avec sensibilité la nostalgie des matins blêmes, entre chien et loup, des moments où la poésie de la nuit s'évanouit.


           

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