Mexique: conflits de milliardaires dans les réseaux TV et la téléphonie


Vendredi 4 Mars 2011 - 13:20
AFP


Mexico - La tension monte au Mexique entre l'homme le plus riche du monde, Carlos Slim, et deux autres magnats mexicains pour le contrôle des marchés de la télévision et de la téléphonie dans le plus peuplé des pays hispanophones.


Carlos Slim
Carlos Slim
Cette semaine, plus de 20 opérateurs du câble et du téléphone ont demandé au gouvernement de réglementer les tarifs imposés par Telcel, l'opérateur de téléphonie mobile de Slim, pour la connexion à ses réseaux.

Le magnat Slim est aussi engagé dans un bras de fer contre Emilio Azcarraga, patron de Televisa, le plus important empire de télévision en langue espagnole et Ricardo Salinas, propriétaire du deuxième réseau télévisé au Mexique, TV Azteca.

Televisa et TV Azteca ont chacun lancé des services "triple-play" - télévision, internet, téléphone - et commencent à empiéter sur un territoire traditionnellement contrôlé par Slim.

Pour l'instant, les autorités ont empêché Slim, dont l'opérateur de lignes fixes Telmex est numéro un au Mexique et dont Telcel domine le marché de la téléphonie cellulaire, de pénétrer sur le marché des services de télévision.

Au cours des dernières semaines, les compagnies de Slim ont décidé de ne plus faire du publicité sur les chaînes de Televisa, sous prétexte d'un désaccord sur les tarifs pratiqués.

TV Azteca, le second groupe de télévision du pays, a refusé de son côté d'accorder des espaces de publicité aux compagnies de Slim, tant que Telcel n'offrirait pas des tarifs d'interconnexion plus basses aux compagnie de Salinas. Une mesure qualifiée de "chantage" par un porte-parole de Carlos Slim.

La Commission fédérale mexicaine de la concurrence (CFC) a estimé que la dispute était l'occasion de tenter de résoudre le problème des tarifs notoirement élevés pratiqués dans l'industrie des télécommunications et de chercher à créer une situation de plus grande concurrence dans les services de télévision.

Les opérateurs de téléphonie, citant des chiffres du CFC, ont estimé que si le gouvernement intervenait pour baisser les coûts des clients, ceux-ci pourraient économiser l'équivalent de six milliards de dollars par an.

Telcel s'est défendu en affirmant que ses tarifs avaient baissé récemment, mais que cette chute "n'avaient pas été répercutée dans les tarifs imposés aux clients finaux des compagnies".

"On peut parler d'interconnexion, mais on pourrait aussi parler de l'ouverture de la TV à d'autres", a dit Arturo Elias Ayub, le porte-parole de Slim, à l'AFP.

"Techniquement, nous sommes prêts à développer la télévision. Nous sommes prêts maintenant, nous n'attendons que l'autorisation".

Une récente dépêche diplomatique révélée par WikiLeaks a placé les trois magnats parmi les dix hommes les plus riches du Mexique, dans le le petit nombre de ceux qui ont vraiment bénéficié de la libéralisation de l'économie dans les années 90.

"Malheureusement, dans certains cas, ces privatisations ont fini par créer des monopoles du secteur privé, qui n'ont bénéficié qu'à quelques hommes d'affaires et politiciens avisés, pendant qu'on laissait le Mexicain moyen dehors, dans le froid", selon cette dépêche.

"Ce qui est vraiment nécessaire ce sont des compétiteurs forts qui sont prêts à faire des investissements importants dont profiteraient véritablement les consommateurs", a dit à l'AFP Enrique Melrose, un analyste des télécommunications professeurs à l'Université ITAM de Mexico.

Des tentatives de régulation permettant de favoriser la concurrence se heurtent cependant, pour l'instant, à des blocages répétés en justice, ont constaté cette semaine des membres des organismes de régulation.


           

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