La diversité damascène me passionnait. Tous les vendredis matin, mon grand-père me permettait de le suivre dans son rituel hebdomadaire de chasse aux antiquités. Nous déambulions dans Medhat Pacha, également connue sous son nom romain de Rue Droite, passant lentement de boutique en boutique, examinant les vases en verre de couleur, caressant de lisses plaques de cuivre et scrutant des coffres savamment incrustés de nacre.
Grand-père et moi riions beaucoup dans notre quête d’antiquités. Parfois, nous partagions nos fous rires avec Jamil, juif syrien d’un certain âge, qui avait une boutique près de la synagogue Al Efranj, un lieu de culte aujourd’hui encore très fréquenté. Nous faisions un arrêt à la monumentale mosquée des Omeyyades, où les fidèles se rassemblaient pour la prière du vendredi midi. Une fois, à l’intérieur de la mosquée, grand-papa me hissait pour que je regarde à travers les grilles ouvragées d’un édicule où serait enterrée la tête de Saint Jean Baptiste, celui que les musulmans appellent le prophète Yahia.
Faisal Sabbagh, mon grand-père, aimait l’histoire de Damas. Mais il n’était pas resté figé dans le passé. Quand il n’allait pas à la chasse aux antiquités, grand père était neurochirurgien, diplômé de l’Université de Columbia et fondateur en 1949 du département de neurochirurgie de l’Université de Damas. Les générations de médecins qu’il a eus pour étudiants le considèrent encore comme leur modèle.
A 93 ans, mon autre grand père pète le feu. Je suis fier de porter le même nom que cet entrepreneur bien connu, qui fut longtemps le chef de sa communauté. Il distille sa sagesse dans des poèmes pleins d’esprit et des histoires captivantes, faisant fi des comportements condescendants qu’il voit partout autour de lui. Il taquine mon père pour sa passion pour la photographie high-tech. Son premier appareil à photo, grand père l’avait acheté en France, à la fin des années 20, bien avant l’ère de la photo digitale, pour prendre des photos des scouts libanais dont il était le chef à Tartous. Il raconte avec délectation les manifestations de ces scouts contre l’occupation française, il y a plus de 75 ans, me rappelant que toute adversité prend fin un jour ou l’autre.
Si vous parlez aux jeunes Syriens d’aujourd’hui, vous entendrez probablement les mêmes chroniques familiales d’histoire, de tradition, de résistance et d’innovation. Ils ont souvent des attaches aux quatre coins du monde. De même, des gens dans le monde entier font remonter leurs racines à la Syrie, considérée par certains comme le centre géographique du monde, ou encore comme le coeur de la route de la soie qui reliait le continent asiatique à l’Europe.
De nombreux voyageurs disent qu’ils se sentent chez eux à Damas. Ce sentiment d’appartenance est dû à une amusante particularité : chaque visiteur peut trouver un Syrien qui lui ressemble. Nous sommes un mélange de cultures qui, au-delà des identités ethniques et religieuses, ont su former une nation. Certes, nous avons une identité arabe bien distincte et une riche culture islamique. Mais nous avons aussi un puissant héritage chrétien, un caractère méditerranéen et une proximité avec l’Europe.
On considère parfois la Syrie et sa capitale, Damas, comme des antiquités elles-mêmes, vestiges d’une civilisation illustre qui n’a jamais tout à fait réussi à s’inscrire dans le présent. Mais pour les milliers d’entre nous qui sommes nés dans les années 60 et 70, la Syrie est bien différente de ce qu’elle était il y a dix ans à peine. Nous avons fortement l’impression d’avoir une occasion sans précédent de prospérer.
Nous croyons à la renaissance du “Rêve syrien”, animé par un sentiment très profond d’appartenance et par le sens du devoir. La Syrie, nation ancienne, est propulsée vers l’avenir par une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs férus de technologie. Nous savons clairement ce que nous voulons être, et nous avons mis le cap sur cet objectif. D’innombrables Syriens, dans le gouvernement, dans la société civile, dans les affaires, sans parler des héros silencieux que sont les citoyens ordinaires, travaillent dur contre l’adversité, dans leur désir non pas de rechercher, mais de faire la paix. Dans un monde instable comme le monde d’aujourd’hui, on a tout intérêt à miser sur le Rêve syrien !
Lors d’une session du Forum économique mondial organisé sur les bords de la mer Morte, côté Jordanie, 200 jeunes adultes du monde entier, dont moi-même, qui avions reçu le titre de Jeunes dirigeants du monde, avons partagé notre parcours et nos projets pour un monde meilleur. C’est ainsi que j’ai pu faire part à des responsables gouvernementaux, à des entrepreneurs et autres personnes influentes de l’état d’esprit qui règne aujourd’hui en Syrie, alimenté par un héritage qui donne aux Syriens une confiance qui leur permettra d’avancer dans le 21e siècle.
Sur les rives de la mer Morte, j’ai aussi compris que je ne suis pas seulement un fier citoyen de la Syrie, mais aussi un fier citoyen d’un monde en constante mutation — exactement comme mes grands-pères l’auraient voulu.
Grand-père et moi riions beaucoup dans notre quête d’antiquités. Parfois, nous partagions nos fous rires avec Jamil, juif syrien d’un certain âge, qui avait une boutique près de la synagogue Al Efranj, un lieu de culte aujourd’hui encore très fréquenté. Nous faisions un arrêt à la monumentale mosquée des Omeyyades, où les fidèles se rassemblaient pour la prière du vendredi midi. Une fois, à l’intérieur de la mosquée, grand-papa me hissait pour que je regarde à travers les grilles ouvragées d’un édicule où serait enterrée la tête de Saint Jean Baptiste, celui que les musulmans appellent le prophète Yahia.
Faisal Sabbagh, mon grand-père, aimait l’histoire de Damas. Mais il n’était pas resté figé dans le passé. Quand il n’allait pas à la chasse aux antiquités, grand père était neurochirurgien, diplômé de l’Université de Columbia et fondateur en 1949 du département de neurochirurgie de l’Université de Damas. Les générations de médecins qu’il a eus pour étudiants le considèrent encore comme leur modèle.
A 93 ans, mon autre grand père pète le feu. Je suis fier de porter le même nom que cet entrepreneur bien connu, qui fut longtemps le chef de sa communauté. Il distille sa sagesse dans des poèmes pleins d’esprit et des histoires captivantes, faisant fi des comportements condescendants qu’il voit partout autour de lui. Il taquine mon père pour sa passion pour la photographie high-tech. Son premier appareil à photo, grand père l’avait acheté en France, à la fin des années 20, bien avant l’ère de la photo digitale, pour prendre des photos des scouts libanais dont il était le chef à Tartous. Il raconte avec délectation les manifestations de ces scouts contre l’occupation française, il y a plus de 75 ans, me rappelant que toute adversité prend fin un jour ou l’autre.
Si vous parlez aux jeunes Syriens d’aujourd’hui, vous entendrez probablement les mêmes chroniques familiales d’histoire, de tradition, de résistance et d’innovation. Ils ont souvent des attaches aux quatre coins du monde. De même, des gens dans le monde entier font remonter leurs racines à la Syrie, considérée par certains comme le centre géographique du monde, ou encore comme le coeur de la route de la soie qui reliait le continent asiatique à l’Europe.
De nombreux voyageurs disent qu’ils se sentent chez eux à Damas. Ce sentiment d’appartenance est dû à une amusante particularité : chaque visiteur peut trouver un Syrien qui lui ressemble. Nous sommes un mélange de cultures qui, au-delà des identités ethniques et religieuses, ont su former une nation. Certes, nous avons une identité arabe bien distincte et une riche culture islamique. Mais nous avons aussi un puissant héritage chrétien, un caractère méditerranéen et une proximité avec l’Europe.
On considère parfois la Syrie et sa capitale, Damas, comme des antiquités elles-mêmes, vestiges d’une civilisation illustre qui n’a jamais tout à fait réussi à s’inscrire dans le présent. Mais pour les milliers d’entre nous qui sommes nés dans les années 60 et 70, la Syrie est bien différente de ce qu’elle était il y a dix ans à peine. Nous avons fortement l’impression d’avoir une occasion sans précédent de prospérer.
Nous croyons à la renaissance du “Rêve syrien”, animé par un sentiment très profond d’appartenance et par le sens du devoir. La Syrie, nation ancienne, est propulsée vers l’avenir par une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs férus de technologie. Nous savons clairement ce que nous voulons être, et nous avons mis le cap sur cet objectif. D’innombrables Syriens, dans le gouvernement, dans la société civile, dans les affaires, sans parler des héros silencieux que sont les citoyens ordinaires, travaillent dur contre l’adversité, dans leur désir non pas de rechercher, mais de faire la paix. Dans un monde instable comme le monde d’aujourd’hui, on a tout intérêt à miser sur le Rêve syrien !
Lors d’une session du Forum économique mondial organisé sur les bords de la mer Morte, côté Jordanie, 200 jeunes adultes du monde entier, dont moi-même, qui avions reçu le titre de Jeunes dirigeants du monde, avons partagé notre parcours et nos projets pour un monde meilleur. C’est ainsi que j’ai pu faire part à des responsables gouvernementaux, à des entrepreneurs et autres personnes influentes de l’état d’esprit qui règne aujourd’hui en Syrie, alimenté par un héritage qui donne aux Syriens une confiance qui leur permettra d’avancer dans le 21e siècle.
Sur les rives de la mer Morte, j’ai aussi compris que je ne suis pas seulement un fier citoyen de la Syrie, mais aussi un fier citoyen d’un monde en constante mutation — exactement comme mes grands-pères l’auraient voulu.