Mohamed BERRYANE
Nouvelle Constitution marocaine : Entretien
Question : Que pensez-vous de la nouvelle constitution marocaine?
Mohamed BERRYANE : Nous avons suivi avec beaucoup d'intérêt le « printemps arabe » qui est devenu pour tous une réalité. Il faut maintenant attendre l’après printemps arabe et pour le Maroc, c’est ce référendum à propos de la nouvelle constitution.
Le Maroc vit certainement un moment historique à travers une profonde réforme constitutionnelle audacieuse et ambitieuse, qui l’inscrit dans les standards des pays démocratiques, avec l’idée de construire un Etat de droit digne de ce nom.
Le Maroc est projeté dans l’avenir avec ce nouvel outil à même de relever les défis de ce nouveau millénaire. Des changements, voire des bouleversements, sont désormais introduits dans l’architecture constitutionnelle.
C'est donc une constitution très avancée, évolutive. Beaucoup de points positifs sont à relever comme l'élargissement des prérogatives du Premier ministre, la révision des seuils relatifs aux mécanismes de contrôle du Parlement, la garantie de l'indépendance de la justice, la consécration de l'identité, la constitutionnalisation des droits politiques et des libertés publiques ainsi que la question de l'égalité des hommes et des femmes qui est une position courageuse.
La constitutionnalisation de plusieurs instances tels la Cour des comptes et de conseils, le Conseil supérieur de la femme et de l'enfant ou le Conseil économique, social et environnemental pour permettre de veiller au respect des droits qui ont été énoncés. Tout cela constitue une avancée considérable. Autrement dit, les droits individuels et collectifs des citoyens et leur protection sont au cœur même de la nouvelle constitution.
Peut-on parler dans ce cas d’une démocratie marocaine ?
On ne doit pas comparer les peuples. Les cultures politiques sont différentes de l’un à l’autre, les liens entre les sociétés civiles aussi. Ce « printemps marocain » figuré dans la nouvelle constitution a eu un effet accélérateur et a évidemment apporté de l'espoir aux jeunes générations pour plus de liberté, de dignité et de bien être. Il faudra par conséquent accompagner ces dernières, les former pour une démocratie réelle, basée sur des valeurs marocaines indiscutables.
Pour la première fois au Maroc, la constitution est conçue et modifiée exclusivement par des Marocains et dans une transparence totale. L’ensemble des forces politiques, les représentants de la société civile et les syndicats ont participé de concert à l’élaboration de la nouvelle Constitution.
C'est une première. On est en face d’un Maroc qui trace son chemin vers la démocratisation, d’un peuple décidé à aller de l’avant dans un contexte mondial très difficile. C‘est là un défi, et les Marocains, puisqu’il s’agit de l’avenir de leur pays, sont tenus de le relever. Nous entrons du fait dans un nouveau cycle politique, celui du Maroc nouveau.
Quels sont les points politiques les plus importants pour vous et que vous jugez urgents à attaquer?
Pour moi, l'immunité du parlementaire limitée à la liberté d'expression et d'opinion et la limitation de la transhumance politique, dans le cadre d’une nouvelle loi sur les partis politiques, pourrait régler presque définitivement le problème des élections au Maroc. Ce sont des mécanismes qu’il a fallu faire sauter, et cela a été fait avec beaucoup de courage et de ténacité.
J’en connais bien le processus pour l’avoir exercé dans différents contextes et je peux assurer que si on accompagne cette constitution par des textes organisationnels, on pourrait parler réellement d’une démocratie marocaine et avec fierté.
Le projet consacre aussi un éventail très large relativement aux droits et libertés. Sur la question identitaire, je pense que les dispositions sont claires.
Et en ce qui concerne l'amazigh ?...
C'est l'aboutissement d'un très combat qui a duré plusieurs années et qui ne peut que satisfaire tous les Marocains solidaires de l’unité politique comme de la diversité linguistique de leur pays.
Pour les élites marocaines à l’étranger, qu’est-ce à dire ?,
Les Marocains résidant à l’étranger ont également été pris en considération. De nombreuses dispositions ont été prises afin qu’ils participent massivement au vote au référendum là où ils se trouvent. Le nouveau projet de constitution consacre plusieurs articles aux Marocains vivant à l’étranger. Trois nouveaux articles les concernant (16 à 18) permettent notamment l’aménagement de dispositifs spécifiques au sein des institutions concernées, afin de leur faciliter les formalités administratives.
De même le vote et le droit de se porter candidat leur sont permis. Ce qui lève toute réserve sur leur participation politique. Ils vont certainement pouvoir peser de façon significative dans la balance électorale prochaine.
Il y a cependant des gens qui se disent contre la constitution !?
La constitution a répondu largement aux propositions des partis politiques, des syndicats et des associations. Il y a et il y aura toujours des esprits conservateurs, des gens qui sont et qui seront toujours contre l’avancement de ce pays, des gens qui nous tirent vers le bas alors que vous voulez monter vers le haut. Il y a aussi des gens qui n’ont pas été satisfaits dans leurs revendications, ils veulent plus, ou ils sont pressés c’est leur droit qu’il faut respecter, a condition d’etre objectif, et sortir du calcul politique étroit.
Il y a enfin et surtout des gens qui sont tout simplement contre tout et contre n’importe quoi. Mais la majorité du pays est absolument satisfaite du projet en question, devenu réalité maintenant. On ne voudrait en aucun cas d’un referendum voté à 100% par oui… comme c’était par le passé , mais d’une réalité .
Cette Constitution marocaine risque d’être par ailleurs une référence pour le monde arabo-africano-musulman, et pourquoi pas pour d’autres pays du globe. Le Maroc vit actuellement un moment historique et le référendum, largement plébiscité, va nous permettre de savoir sur le terrain quelle est la force morale de notre pays par ces temps difficiles, et quel sera le degré d’implication des forces politiques et syndicales qui, en principe, représentent le peuple. Le taux de participation à ce référendum a été réellement pour tout le monde, y compris les observateurs étrangers, un examen pour un Maroc moderne et démocratique.
Serait-ce à votre avis une « nouvelle révolution du Roi et du peuple » ?
Absolument. Il faut être maintenant à la hauteur de cette constitution, et agir ensemble en tant que citoyens. Nous ne devons pas oublier nos devoirs comme nos obligations. C’est à nous maintenant de faire vivre la nouvelle constitution en se l’appropriant : la qualité de citoyen ne se décrète pas, plutôt elle se construit progressivement par l’éducation et la prise de conscience.
Enfin, je peux affirmer une chose : avec le Roi Mohammed VI, on peut aller dans le futur vers une monarchie parlementaire comme l’Espagne ou le Royaume Uni, ou mieux encore, une monarchie parlementaire maroco-marocaine.
Question : Que pensez-vous de la nouvelle constitution marocaine?
Mohamed BERRYANE : Nous avons suivi avec beaucoup d'intérêt le « printemps arabe » qui est devenu pour tous une réalité. Il faut maintenant attendre l’après printemps arabe et pour le Maroc, c’est ce référendum à propos de la nouvelle constitution.
Le Maroc vit certainement un moment historique à travers une profonde réforme constitutionnelle audacieuse et ambitieuse, qui l’inscrit dans les standards des pays démocratiques, avec l’idée de construire un Etat de droit digne de ce nom.
Le Maroc est projeté dans l’avenir avec ce nouvel outil à même de relever les défis de ce nouveau millénaire. Des changements, voire des bouleversements, sont désormais introduits dans l’architecture constitutionnelle.
C'est donc une constitution très avancée, évolutive. Beaucoup de points positifs sont à relever comme l'élargissement des prérogatives du Premier ministre, la révision des seuils relatifs aux mécanismes de contrôle du Parlement, la garantie de l'indépendance de la justice, la consécration de l'identité, la constitutionnalisation des droits politiques et des libertés publiques ainsi que la question de l'égalité des hommes et des femmes qui est une position courageuse.
La constitutionnalisation de plusieurs instances tels la Cour des comptes et de conseils, le Conseil supérieur de la femme et de l'enfant ou le Conseil économique, social et environnemental pour permettre de veiller au respect des droits qui ont été énoncés. Tout cela constitue une avancée considérable. Autrement dit, les droits individuels et collectifs des citoyens et leur protection sont au cœur même de la nouvelle constitution.
Peut-on parler dans ce cas d’une démocratie marocaine ?
On ne doit pas comparer les peuples. Les cultures politiques sont différentes de l’un à l’autre, les liens entre les sociétés civiles aussi. Ce « printemps marocain » figuré dans la nouvelle constitution a eu un effet accélérateur et a évidemment apporté de l'espoir aux jeunes générations pour plus de liberté, de dignité et de bien être. Il faudra par conséquent accompagner ces dernières, les former pour une démocratie réelle, basée sur des valeurs marocaines indiscutables.
Pour la première fois au Maroc, la constitution est conçue et modifiée exclusivement par des Marocains et dans une transparence totale. L’ensemble des forces politiques, les représentants de la société civile et les syndicats ont participé de concert à l’élaboration de la nouvelle Constitution.
C'est une première. On est en face d’un Maroc qui trace son chemin vers la démocratisation, d’un peuple décidé à aller de l’avant dans un contexte mondial très difficile. C‘est là un défi, et les Marocains, puisqu’il s’agit de l’avenir de leur pays, sont tenus de le relever. Nous entrons du fait dans un nouveau cycle politique, celui du Maroc nouveau.
Quels sont les points politiques les plus importants pour vous et que vous jugez urgents à attaquer?
Pour moi, l'immunité du parlementaire limitée à la liberté d'expression et d'opinion et la limitation de la transhumance politique, dans le cadre d’une nouvelle loi sur les partis politiques, pourrait régler presque définitivement le problème des élections au Maroc. Ce sont des mécanismes qu’il a fallu faire sauter, et cela a été fait avec beaucoup de courage et de ténacité.
J’en connais bien le processus pour l’avoir exercé dans différents contextes et je peux assurer que si on accompagne cette constitution par des textes organisationnels, on pourrait parler réellement d’une démocratie marocaine et avec fierté.
Le projet consacre aussi un éventail très large relativement aux droits et libertés. Sur la question identitaire, je pense que les dispositions sont claires.
Et en ce qui concerne l'amazigh ?...
C'est l'aboutissement d'un très combat qui a duré plusieurs années et qui ne peut que satisfaire tous les Marocains solidaires de l’unité politique comme de la diversité linguistique de leur pays.
Pour les élites marocaines à l’étranger, qu’est-ce à dire ?,
Les Marocains résidant à l’étranger ont également été pris en considération. De nombreuses dispositions ont été prises afin qu’ils participent massivement au vote au référendum là où ils se trouvent. Le nouveau projet de constitution consacre plusieurs articles aux Marocains vivant à l’étranger. Trois nouveaux articles les concernant (16 à 18) permettent notamment l’aménagement de dispositifs spécifiques au sein des institutions concernées, afin de leur faciliter les formalités administratives.
De même le vote et le droit de se porter candidat leur sont permis. Ce qui lève toute réserve sur leur participation politique. Ils vont certainement pouvoir peser de façon significative dans la balance électorale prochaine.
Il y a cependant des gens qui se disent contre la constitution !?
La constitution a répondu largement aux propositions des partis politiques, des syndicats et des associations. Il y a et il y aura toujours des esprits conservateurs, des gens qui sont et qui seront toujours contre l’avancement de ce pays, des gens qui nous tirent vers le bas alors que vous voulez monter vers le haut. Il y a aussi des gens qui n’ont pas été satisfaits dans leurs revendications, ils veulent plus, ou ils sont pressés c’est leur droit qu’il faut respecter, a condition d’etre objectif, et sortir du calcul politique étroit.
Il y a enfin et surtout des gens qui sont tout simplement contre tout et contre n’importe quoi. Mais la majorité du pays est absolument satisfaite du projet en question, devenu réalité maintenant. On ne voudrait en aucun cas d’un referendum voté à 100% par oui… comme c’était par le passé , mais d’une réalité .
Cette Constitution marocaine risque d’être par ailleurs une référence pour le monde arabo-africano-musulman, et pourquoi pas pour d’autres pays du globe. Le Maroc vit actuellement un moment historique et le référendum, largement plébiscité, va nous permettre de savoir sur le terrain quelle est la force morale de notre pays par ces temps difficiles, et quel sera le degré d’implication des forces politiques et syndicales qui, en principe, représentent le peuple. Le taux de participation à ce référendum a été réellement pour tout le monde, y compris les observateurs étrangers, un examen pour un Maroc moderne et démocratique.
Serait-ce à votre avis une « nouvelle révolution du Roi et du peuple » ?
Absolument. Il faut être maintenant à la hauteur de cette constitution, et agir ensemble en tant que citoyens. Nous ne devons pas oublier nos devoirs comme nos obligations. C’est à nous maintenant de faire vivre la nouvelle constitution en se l’appropriant : la qualité de citoyen ne se décrète pas, plutôt elle se construit progressivement par l’éducation et la prise de conscience.
Enfin, je peux affirmer une chose : avec le Roi Mohammed VI, on peut aller dans le futur vers une monarchie parlementaire comme l’Espagne ou le Royaume Uni, ou mieux encore, une monarchie parlementaire maroco-marocaine.