Les meilleurs romans policiers sont souvent ceux qui dépassent le cadre du genre. Aussi fut-il régulièrement écrit que Tony Hillerman tirait prétexte de ses intrigues criminelles pour explorer les cultures indiennes. Prétexte, le mot est fort, sans doute trop pour ces enquêtes sophistiquées, auxquelles le terme de « véhicule » sied certainement mieux.
Certes, Tony Hillerman écrivait des « polars ethnologiques », inspiré par le Britannique Upfield, qu’il fit connaître et publier en France. Fasciné par les aborigènes de l’Australie où il résidait, Upfield avait inventé un policier métis et quinquagénaire –l’inspecteur Bonaparte- imprégné de culture autochtone. L’inspecteur Leaphorn en est le pendant navajo.
La création de ce personnage, en 1970, dans le premier roman d’Hillerman, La Voie de l’ennemi venait sceller la passion de longue date de ce fils de fermiers blancs sans histoires pour la culture indienne. Né en 1925 en Oklahoma – destination de la « route des larmes » et terre d’exil des grandes tribus de l’est - Hillerman a côtoyé les Indiens dès l’école primaire. Mais c’est au retour de la guerre, en 1945, qu’il se rend pour la première fois sur le territoire de la grande réserve navajo - qui fournira le décor de ses romans - pour assister à la cérémonie de l’« Enemy Way » (qui donnera le titre anglais de son premier polar), organisée dans le but d’aider les vétérans navajo de la guerre du Pacifique à retrouver santé et harmonie (valeurs essentielles dans le monde mis en scène dans ses livres).
Plus tard, Hillerman, passé par les bancs de l’université d’Oklahoma, deviendra journaliste, métier qu’il exercera jusqu’en 1962, et qu’il enseignera à l’Université du Nouveau-Mexique jusqu’en 1987. Entre temps paraissent ses premiers polars mettant en scène Leaphorn, inspecteur de la police tribale navajo : La voie de l’ennemi, en 1970, Là où dansent les morts, en 1973, et Femme qui écoute, en 1979. Sans constituer une trilogie, ces romans assoient la figure de cet indien quinquagénaire sceptique et cartésien, à mi-chemin entre deux cultures, qui laisse à sa femme Emma le soin d’assumer l’identité Navajo.
A cette personnalité d’homme fait, répond celle, en constitution, de Jim Chee, qui apparaît en 1980 dans Le peuple de l’ombre. Neveu de shaman, lui-même tenté par la charge, Chee, « Celui-qui-pense-lentement » est beaucoup plus sensible à la spiritualité navajo que Leaphorn, comme le montre sa quête perpétuelle d’un équilibre avec le monde. Cependant, des attractions amoureuses ou professionnelles l’entraîneront du côté des blancs. Lui aussi fera l’objet de trois romans avant de rejoindre Leaphorn dans Porteur de peau..
A géométrie variable, leur association dépassera le cliché du vieux flic et de son jeune acolyte toujours prêt à apprendre de lui. Hors leur indianité, Leaphorn et Chee n’ont que peut de choses en commun et s’ils collaborent, il leur arrive souvent de s’opposer, tant leurs visions du monde diffèrent.
Hillerman écrira 18 romans mettant en scène ce duo. Tous ont connu le succès, et nombre d’entre eux ont été portés en films pour la télévision américaine. Le cinéma s’inspirera de son univers pour Jour de Tonnerre. De fait, sur ses 29 livres, seuls quatre ne concernent pas la culture navajo. L’un est une autobiographie, dont le titre pourrait aussi bien évoquer l’hommage de ses lecteurs, que l’épitaphe de l’auteur : Rares furent les déceptions.
Tous les romans de Tony Hillerman sont publiés aux éditions Rivages.
Certes, Tony Hillerman écrivait des « polars ethnologiques », inspiré par le Britannique Upfield, qu’il fit connaître et publier en France. Fasciné par les aborigènes de l’Australie où il résidait, Upfield avait inventé un policier métis et quinquagénaire –l’inspecteur Bonaparte- imprégné de culture autochtone. L’inspecteur Leaphorn en est le pendant navajo.
La création de ce personnage, en 1970, dans le premier roman d’Hillerman, La Voie de l’ennemi venait sceller la passion de longue date de ce fils de fermiers blancs sans histoires pour la culture indienne. Né en 1925 en Oklahoma – destination de la « route des larmes » et terre d’exil des grandes tribus de l’est - Hillerman a côtoyé les Indiens dès l’école primaire. Mais c’est au retour de la guerre, en 1945, qu’il se rend pour la première fois sur le territoire de la grande réserve navajo - qui fournira le décor de ses romans - pour assister à la cérémonie de l’« Enemy Way » (qui donnera le titre anglais de son premier polar), organisée dans le but d’aider les vétérans navajo de la guerre du Pacifique à retrouver santé et harmonie (valeurs essentielles dans le monde mis en scène dans ses livres).
Plus tard, Hillerman, passé par les bancs de l’université d’Oklahoma, deviendra journaliste, métier qu’il exercera jusqu’en 1962, et qu’il enseignera à l’Université du Nouveau-Mexique jusqu’en 1987. Entre temps paraissent ses premiers polars mettant en scène Leaphorn, inspecteur de la police tribale navajo : La voie de l’ennemi, en 1970, Là où dansent les morts, en 1973, et Femme qui écoute, en 1979. Sans constituer une trilogie, ces romans assoient la figure de cet indien quinquagénaire sceptique et cartésien, à mi-chemin entre deux cultures, qui laisse à sa femme Emma le soin d’assumer l’identité Navajo.
A cette personnalité d’homme fait, répond celle, en constitution, de Jim Chee, qui apparaît en 1980 dans Le peuple de l’ombre. Neveu de shaman, lui-même tenté par la charge, Chee, « Celui-qui-pense-lentement » est beaucoup plus sensible à la spiritualité navajo que Leaphorn, comme le montre sa quête perpétuelle d’un équilibre avec le monde. Cependant, des attractions amoureuses ou professionnelles l’entraîneront du côté des blancs. Lui aussi fera l’objet de trois romans avant de rejoindre Leaphorn dans Porteur de peau..
A géométrie variable, leur association dépassera le cliché du vieux flic et de son jeune acolyte toujours prêt à apprendre de lui. Hors leur indianité, Leaphorn et Chee n’ont que peut de choses en commun et s’ils collaborent, il leur arrive souvent de s’opposer, tant leurs visions du monde diffèrent.
Hillerman écrira 18 romans mettant en scène ce duo. Tous ont connu le succès, et nombre d’entre eux ont été portés en films pour la télévision américaine. Le cinéma s’inspirera de son univers pour Jour de Tonnerre. De fait, sur ses 29 livres, seuls quatre ne concernent pas la culture navajo. L’un est une autobiographie, dont le titre pourrait aussi bien évoquer l’hommage de ses lecteurs, que l’épitaphe de l’auteur : Rares furent les déceptions.
Tous les romans de Tony Hillerman sont publiés aux éditions Rivages.