"Mud", de Jeff Nichols: l'amour déraisonnable dans les bras du Mississipi


Vendredi 26 Avril 2013 - 10:44
AFP


Paris - Attendu sur les écrans depuis le dernier festival de Cannes, "Mud", de Jeff Nichols (en salle mercredi) file l'amour déraisonnable dans les bras du Mississippi, capté au ras des mangroves dans le sillage de Mark Twain.


"Mud", de Jeff Nichols: l'amour déraisonnable dans les bras du Mississipi
Né en Arkansas, ancien étudiant de Caroline du Nord aujourd'hui installé à Austin, Texas, Jeff Nichols est un vrai gars du Sud, attaché à cette région particulière des Etats-Unis qui engendra tant d'écrivains et de musiciens.

Pour son troisième film ("Take Shelter" avait remporté le Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes en 2011), le jeune réalisateur trentenaire a planté sa caméra en panoramique sur les rives et les eaux de ce fleuve qu'il adore.

Deux garçons de 14 ans, Ellis et Neckbone, copains de pêche, de virée et d'apprentissage du monde, en vadrouille dans les bras du Mississippi, découvrent un vagabond sur un îlot, au pied d'un bateau accroché aux branches. L'homme (magnifique Matthew McConaughey), un fugitif superstitieux appelé Mud (boue en anglais), porte un serpent tatoué sur un bras et une chemise porte-bonheur pour tout viatique en attendant sa blonde (Reese Whitherspoon).

Sans être sûrs de démêler le vrai du faux dans les confidences de Mud, les deux gamins vont lui venir en aide: Ellis, au nom de l'amour dans lequel il persiste à croire, alors que ses parents se séparent, Neckbone en échange d'un pistolet.

"Le fil rouge de toute cette histoire, c'est l'amour, la douleur d'aimer sans retour, vu à travers les yeux d'Ellis qui cherche désespérément quelques pistes pour le comprendre, alors que les adultes, dont ses parents, ne lui fournissent que de mauvais exemples", avait résumé Jeff Nichols à l'issue de la projection sur la Croisette.

Un monde bientôt disparu

"Ce que dit le film, c'est qu'on peut souffrir quand on aime mais qu'on s'en remet."

Pour Matthew McConaughey, son personnage, dont on ne cesse de se demander s'il est halluciné, matois ou juste naïf, est l'incarnation de l'amour inconditionnel: s'il revenait sur terre, il en mourrait".

Tous les protagonistes vivent au bord du fleuve Mississippi, sur l'eau et de l'eau, pêcheurs de crabes, ramasseurs de moules: "Aucun autre fleuve au monde n'a donné lieu à autant d'histoires", a justifié le réalisateur, expliquant avoir voulu "capturer le plus possible de cette nature" en la filmant dans les détails de sa végétation, de sa faune -jusqu'aux insectes- et même du sable.

Ses deux petits personnages, qui avaient 14 ans lors du tournage, s'y ébattent avec conviction, étant eux-mêmes des mômes de la campagne et du Sud: "Ce n'est pas comme si on avait importé des gamins de Los Angeles", assure Jeff Nichols, qui peut se réjouir de leur prestation aux antipodes de celles des "baby stars" souvent irritants des studios hollywoodiens.

Jacob Lofland (Neckbone) tient ici son premier rôle au cinéma mais Tye Sheridan, bouleversant Ellis, figurait déjà au générique de "Tree of Life", la Palme d'Or 2011 de Terrence Mallick -dont Jeff Nichols partage le goût du panoramique et du monde sauvage.

Revendiquant l'influence de Mark Twain et de son "Tom Sawyer", "lu à l'école et jamais oublié", le réalisateur a voulu témoigner de ce monde menacé: "le Sud, c'est un mode de vie, un accent particulier, de grands livres, une culture à part aux Etats-Unis. Je voulais enregistrer quelque chose de ce monde qui aura bientôt disparu."


           

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