Jon Fosse, 50 ans, est l'un des dramaturges européens les plus connus dans le monde, et le Norvégien le plus joué après son illustre prédécesseur Henrik Ibsen (1828-1906).
C'est le metteur en scène Claude Régy, inlassable découvreur de littérature dramatique contemporaine, qui l'a fait connaître en France en montant sa pièce "Quelqu'un va venir" et en adaptant son roman "Melancholia 1", deux textes écrits en 1996.
"Hiver", qui figure parmi la quinzaine d'oeuvres théâtrales de Jon Fosse, date de 2000. Un homme et une femme se rencontrent dans un jardin public. Elle, incohérente, titubante, l'harangue en se présentant comme sa "nana". Lui ne prête d'abord guère attention à elle, puis rate un rendez-vous d'affaires et accepte qu'elle s'invite dans sa chambre d'hôtel.
Bientôt les rôles sembleront s'inverser, entre chambre et jardin, sphère privée et domaine public: elle, plus affirmée, paraîtra lui résister alors que lui, étrangement vulnérable à présent, aura tout (boulot, femme et enfants) abandonné pour elle.
La maîtresse, l'amant, et l'épouse qui sonne (dans le vide) au téléphone: quoi de neuf sur les planches ? Une esthétique. Ni action, ni message, ni psychologie, ni personnages véritables -- simplement "l'homme" et "la femme", innommables comme les aime Fosse. Mais surtout une langue, dépouillée, brève, simple voire triviale -- les injures abondent dans sa bouche à elle et dans la traduction de Terje Sinding --, qui se répète tout en se transformant.
Une heure vingt durant, cela peut être lassant. Les acteurs ne sont pas en cause. Rare sur les planches -- c'est seulement son troisième spectacle en quinze ans --, Nathalie Baye retrouve une scène (Théâtre de l'Atelier) qu'elle n'avait pas foulée depuis 1986 et "Adriana Monti" de Natalia Ginzburg. Variant les intentions, elle fait vivre des répliques qui pourraient vite tomber à plat, et trouve en Pascal Bongard un acteur au beau métier, joliment distancié.
Les changements des sobres décors (Laura Léonard) sont habiles, les lumières (Jacques Rouveyrollis) soignées, opportunément hivernales. Mais il y a dans la mise en scène du jeune Jérémie Lippmann une forme de réalisme, aussi subtile soit-elle, qui tient le spectacle à l'écart de la poétique hypnotique de Fosse et menace de le faire sombrer dans un mélodrame bourgeois hors de propos.
C'est le metteur en scène Claude Régy, inlassable découvreur de littérature dramatique contemporaine, qui l'a fait connaître en France en montant sa pièce "Quelqu'un va venir" et en adaptant son roman "Melancholia 1", deux textes écrits en 1996.
"Hiver", qui figure parmi la quinzaine d'oeuvres théâtrales de Jon Fosse, date de 2000. Un homme et une femme se rencontrent dans un jardin public. Elle, incohérente, titubante, l'harangue en se présentant comme sa "nana". Lui ne prête d'abord guère attention à elle, puis rate un rendez-vous d'affaires et accepte qu'elle s'invite dans sa chambre d'hôtel.
Bientôt les rôles sembleront s'inverser, entre chambre et jardin, sphère privée et domaine public: elle, plus affirmée, paraîtra lui résister alors que lui, étrangement vulnérable à présent, aura tout (boulot, femme et enfants) abandonné pour elle.
La maîtresse, l'amant, et l'épouse qui sonne (dans le vide) au téléphone: quoi de neuf sur les planches ? Une esthétique. Ni action, ni message, ni psychologie, ni personnages véritables -- simplement "l'homme" et "la femme", innommables comme les aime Fosse. Mais surtout une langue, dépouillée, brève, simple voire triviale -- les injures abondent dans sa bouche à elle et dans la traduction de Terje Sinding --, qui se répète tout en se transformant.
Une heure vingt durant, cela peut être lassant. Les acteurs ne sont pas en cause. Rare sur les planches -- c'est seulement son troisième spectacle en quinze ans --, Nathalie Baye retrouve une scène (Théâtre de l'Atelier) qu'elle n'avait pas foulée depuis 1986 et "Adriana Monti" de Natalia Ginzburg. Variant les intentions, elle fait vivre des répliques qui pourraient vite tomber à plat, et trouve en Pascal Bongard un acteur au beau métier, joliment distancié.
Les changements des sobres décors (Laura Léonard) sont habiles, les lumières (Jacques Rouveyrollis) soignées, opportunément hivernales. Mais il y a dans la mise en scène du jeune Jérémie Lippmann une forme de réalisme, aussi subtile soit-elle, qui tient le spectacle à l'écart de la poétique hypnotique de Fosse et menace de le faire sombrer dans un mélodrame bourgeois hors de propos.