Nigeria : sommet pour finaliser la force régionale anti-Boko Haram


Vendredi 12 Juin 2015 - 11:12
MAP


Le nouveau président du Nigeria Muhammadu Buhari accueille jeudi les chefs d’État des pays voisins pour finaliser la mise en place d'une force régionale de près de 9.000 hommes avec l'objectif d'en finir avec l'insurrection du groupe islamiste Boko Haram.


Patrouille de soldats nigérians dans l'état de Borno
Patrouille de soldats nigérians dans l'état de Borno
Les chefs d’État et de gouvernement du Tchad, du Cameroun, du Niger et du Bénin rencontrent M. Buhari à Abuja, la capitale fédérale nigériane. Cette réunion au sommet a été préparée par deux jours de discussions préalables entre les ministres de la Défense et les chefs militaires de ces pays.

Muhammadu Buhari, un ancien général qui a pris ses fonctions le 29 mai, s'est engagé à vaincre la longue insurrection de Boko Haram qui a fait plus de 15.000 morts depuis six ans. Sitôt investi, il a visité ses alliés au Tchad et au Niger. Puis il s'est rendu au G7 en Allemagne le week-end dernier pour appeler les dirigeants des pays riches à le soutenir davantage dans sa lutte contre les islamistes.

Il a aussi ordonné le transfert du centre de commandement militaire nigérian d'Abuja à Maiduguri, la grande ville du nord-est du pays, au coeur de l'insurrection.

Le dynamisme de M. Buhari, 72 ans, contraste avec les années d'inaction lors de la présidence de son prédécesseur Goodluck Jonathan. "Il doit aller le plus vite possible" pour profiter de son état de grâce après son élection, juge l'analyste politique Imad Mesdoua, du cabinet Africa Matters de Londres.

Le sommet de jeudi doit finaliser les derniers détails de la Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF), dotée de 8.700 militaires, policiers et civils, fournis par les cinq pays, et dont le quartier général sera installé dans la capitale tchadienne N'Djamena. Elle sera commandée par un général nigérian, Tukur Buratai.

La création de cette nouvelle force avait été décidée en mai 2014, après le kidnapping massif de plus de 200 lycéennes à Chibok, au Nigeria, qui avait choqué le monde entier. Elle aurait dû déjà être opérationnelle en novembre dernier, mais les mésententes entre le Nigeria anglophone et ses voisins francophones ont retardé sa mise en place.

Mettre fin aux violences 

La force a été relancée en janvier alors que Boko Haram menait des attaques quotidiennes dans le nord-est du Nigeria et contre les territoires frontaliers du Cameroun, du Niger et du Tchad. Boko Haram a de plus déclaré allégeance en mars à l'organisation jihadiste État islamique (EI) qui contrôle un vaste territoire à cheval sur l'Irak et la Syrie.

Cette escalade a précipité l'engagement de ces pays dans le conflit à partir de février, notamment de la puissante armée tchadienne sur le territoire nigérian, faisant reculer les islamistes.

Boko Haram a néanmoins démontré que sa capacité de nuisance demeurait élevée: depuis l'investiture de M. Buhari le 29 mai, le groupe a multiplié les attaques dans le nord-est du pays, faisant au moins 109 victimes.

La force, soutenue par l'Union africaine, est censée être plus homogène que l'actuelle coalition militaire. Son quartier général coûtera quelque 30 millions de dollars durant les 12 prochains mois, a indiqué mercredi Sanusi Imran Abdullahi, chef de la Commission du Bassin du lac Tchad.

"La violence dure depuis trop longtemps et nous voulons y mettre fin définitivement", a déclaré le général Buratai à la BBC mardi.

Le chef d'état-major général de la défense nigériane Alex Badeh avait souligné lundi "la détermination commune à œuvrer ensemble pour mettre un terme à une menace qui est devenue régionale et même mondiale". "S'il y a un moment pour nous pour parler d'une seule voix en dépit de nos différences, c'est maintenant".

Selon des experts en sécurité, l'activisme de M. Buhari rassure la communauté internationale, lassée de la passivité de son prédécesseur.

"L'engagement sans précédent du G7 à soutenir le pays (le Nigeria) - dont les modalités doivent encore être mises au point - montrent que les dirigeants internationaux ont une grande confiance en M. Buhari", selon Malte Liewerscheidt, analyste Afrique chez Verisk Maplecroft.

"Un soutien international accru sera crucial pour l'effort à long-terme nécessaire pour battre l'insurrection islamiste", ajoute-t-il.


           

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