Nord-Mali: manifestation à Bamako pour une intervention armée


Jeudi 11 Octobre 2012 - 13:04
AFP


Bamako - Plusieurs milliers de personnes ont marché jeudi à Bamako pour soutenir l'envoi d'une force armée ouest-africaine appuyant les soldats maliens afin de reconquérir le nord de leur pays occupé par des groupes islamistes, auteurs de nombreuses exactions au nom de la charia (loi islamique).


Nord-Mali: manifestation à Bamako pour une intervention armée
Cette manifestation s'est tenue alors qu'un projet de résolution, proposé par la France à ses partenaires au Conseil de sécurité de l'ONU, presse l'Afrique de l'Ouest et l'Union africaine (UA) de préciser dans les 30 jours les modalités d'une intervention dans le nord du Mali.

Tout au long de la marche dans le centre de Bamako, les manifestants ont affirmé leur soutien à l'armée malienne, au Premier ministre Cheick Modibo Diarra et à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui prépare l'envoi de soldats dans le Nord avec le soutien de l'ONU et de pays occidentaux.

Sur une banderole était écrit: "Capitaine Sanogo, tous les militaires au front". Le capitaine Amadou Haya Sanogo est le chef des auteurs d'un coup d'Etat à Bamako qui, le 22 mars, a renversé le président Amadou Toumani Touré et précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes islamistes armés, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Le capitaine Sanogo s'est retiré du pouvoir en avril, mais reste influent à Bamako où ses hommes sont accusés de nombreuses atteintes aux droits de l'Homme.

"La place des militaires, c'est le front, tous les militaires doivent y aller", a estimé un des manifestants, un autre affirmant: "Je soutiens l'armée malienne, l'arrivée de troupes de la Cédéao, je soutiens une intervention". Selon lui, depuis que le président français François Hollande est arrivé au pouvoir en mai, "la situation a changé, il soutient le Mali, et nous lui disons merci".

Les marcheurs ont défendu la laïcité du Mali, fustigé les groupes islamistes, l'application de la charia dans le Nord, mais aussi la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui avait lancé l'offensive dans cett région en janvier. D'abord allié aux groupes islamistes armés, le MNLA a ensuite été rapidement évincé du nord du pays par ces groupes.

"Non-assistance à peuple en danger"

"Ni l'indépendance, ni l'autodétermination pour les apatrides du MNLA", pouvait-on lire sur une des banderoles.

Le MNLA, qui après le lancement de son offensive avait décrété l'indépendance du Nord qu'il dénomme Azawad (les deux tiers du territoire malien), est récemment revenu sur cette revendication, rejetée par la grande majorité des Maliens et par la communauté internationale, pour parler "d'autodétermination".

"Si rien n'est fait dans les jours à venir, c'est l'existence de notre Nation qui sera en danger", affirment dans un communiqué les organisateurs de la marche - partis politiques, syndicats, organisations de la société civile - qui ont évalué à au moins 100.000 personnes le nombre de manifestants.

"Ne pas assister le Mali serait une faute grave de la communauté africaine et internationale face à l'Histoire (...), un crime pour non-assistance à peuple en danger", ajoutent-t-il.

Le projet de résolution proposé par la France, en pointe dans le dossier malien, prévoit que le secrétaire général de l'ONU devra se concerter avec la Cédéao et l'UA pour présenter dans un délai de 30 jours des "recommandations détaillées" en vue d'une intervention, comprenant "un concept opérationnel" et une liste de troupes.

Le texte, qui peut encore faire l'objet d'aménagements, dénonce les violations des droits de l'Homme dans le Nord et demande aux groupes rebelles de se dissocier, sous peine de sanctions, des "organisations terroristes" comme Aqmi.

Bamako a demandé officiellement à l'ONU un mandat pour une "force militaire internationale" avec un déploiement au Mali de troupes ouest-africaines qui l'aideraient à reconquérir le nord du pays.

La France et les Etats-Unis sont prêts à fournir une aide logistique et technique à cette force dont le principe semble acquis. Mais des obstacles demeurent, liés à sa composition, ses capacités et son financement.


           

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