En quelques années, la France est passée d'une nation de seconde zone à un pays qui fait le plein de médailles dans les bassins. Quelle en est la raison majeure ?
C'est un changement de culture. Nous avons fait passer la culture de la réussite dans la natation. Aujourd'hui, on peut dire qu'être parmi les meilleurs français, c'est être parmi les meilleurs mondiaux. Je suis d'une génération où l'on voyait le sport français perdre. Je ne comprenais pas pourquoi la France, grande puissance, n'était pas un concurrent sérieux dans le sport mondial : il fallait créer une culture typiquement française. J'ai transformé les choses de l'intérieur.
Ce changement de culture ne s'est pas opéré dans le calme. Vous avez notamment diminué le temps des minima qualificatif pour les compétitions internationales. Ce qui vous a été longtemps reproché...
Il était nécessaire d'avoir ce déclic ! J'ai aussi revu l'organisation du calendrier. Avant, il y avait deux championnats : un l'hiver, l'autre l'été. J'ai supprimé celui d'été pour permettre aux nageurs d'avoir plus de temps pour se préparer aux compétitions internationales. Nous avons aussi fait un énorme travail sur la documentation. Le problème dans le sport français, c'est l'incapacité de capitaliser la connaissance : nous avons réuni les travaux des entraîneurs afin de les transmettre.
On vous annonce à la tête d'une nouvelle structure au sein de l'Institut national du sport et de l'éducation physique (Insep)
Il s'agit d'un centre d'expertise et de coaching. Nous allons tenter de porter vers l'excellence le haut niveau français. Bernard Laporte (le secrétaire d'Etat aux sports) a pensé qu'il était bon de créer un instrument où nous diffuserons cette culture. Ça sera un endroit où nous expertiserons le programme d'entraînement de l'athlète pour y apporter une valeur ajoutée en établissant un programme individualisé. C'est important aussi d'accompagner les fédérations afin qu'elles se sentent moins démunies. Je dois rendre un rapport sur ce centre au ministre le 25 mars. Il devrait être opérationnel en septembre prochain.
Y a-t-il une part de hasard si cette année toute une génération (Alain Bernard, Amaury Leveaux, Coralie Balmy...) a explosé ?
Je ne crois pas au hasard dans le sport de haut niveau. Nous avons créé les conditions pour que l'élite de la natation soit compétitive, et qu'elle ne repose pas sur deux ou trois individualités.
Face à toutes ces performances, une partie du public a appris à être méfiant...
C'est légitime, mais j'ai la conviction plus que profonde que les gens que je côtoie sont honnêtes. Doper, c'est tricher et pour tricher, on se cache. En natation, on nage toujours en groupe, on reste six heures avec l'entraîneur. Il n'y a pas de nomadisme, dans ce sport : on ne décide pas comme cela d'aller s'entraîner dans un autre pays. Nous savons où se trouvent nos athlètes, qui sont suivis par des équipes médicales.
On évoque beaucoup la prise de la créatine dans la natation...
C'est un débat éculé. Ce n'est plus un problème dès l'instant où nous travaillons sur les protéines et la diététique. C'est un fantasme ! Avant les Jeux à Pékin, j'ai exigé d'avoir une traçabilité et la constitution de l'ensemble des compléments alimentaires pris par les nageurs. Ce que j'ai eu. En terme de récupération, les protéines font mieux que la créatine.
Y a-t-il eu un effet "champions" sur le nombre de licenciés ?
La Fédération compte 270 000 licenciés : on en a gagné 100 000 ces dix dernières années. On estime qu'il y a au total en France 400 000 nageurs.
Que pensez-vous de la polémique autour des combinaisons ?
C'est un vrai débat ! La FINA (la Fédération internationale de natation) vient d'ailleurs d'annoncer qu'elle allait réunir les 21 fabricants en mars pour s'interroger sur ce matériel. La fédération française y déposera un voeu. Nous ne sommes pas opposés à l'évolution technique mais à deux conditions. La première, que les innovations soient validées deux ans avant les Jeux : ça laisse quatre années aux marques pour développer leur programme. Deuxièmement, il faut qu'un ou des laboratoires indépendants homologuent le matériel en cohérence avec le sport. Quand Speedo a sorti sa nouvelle combinaison, il y a eu une explosion des records du monde. On ne s'est pas rendu compte des conséquences sur l'éthique. Est-ce que les sportifs des pays en voie de développement ont un accès équitable à ces combinaisons ? Ça mérite une réflexion plus approfondie.
C'est un changement de culture. Nous avons fait passer la culture de la réussite dans la natation. Aujourd'hui, on peut dire qu'être parmi les meilleurs français, c'est être parmi les meilleurs mondiaux. Je suis d'une génération où l'on voyait le sport français perdre. Je ne comprenais pas pourquoi la France, grande puissance, n'était pas un concurrent sérieux dans le sport mondial : il fallait créer une culture typiquement française. J'ai transformé les choses de l'intérieur.
Ce changement de culture ne s'est pas opéré dans le calme. Vous avez notamment diminué le temps des minima qualificatif pour les compétitions internationales. Ce qui vous a été longtemps reproché...
Il était nécessaire d'avoir ce déclic ! J'ai aussi revu l'organisation du calendrier. Avant, il y avait deux championnats : un l'hiver, l'autre l'été. J'ai supprimé celui d'été pour permettre aux nageurs d'avoir plus de temps pour se préparer aux compétitions internationales. Nous avons aussi fait un énorme travail sur la documentation. Le problème dans le sport français, c'est l'incapacité de capitaliser la connaissance : nous avons réuni les travaux des entraîneurs afin de les transmettre.
On vous annonce à la tête d'une nouvelle structure au sein de l'Institut national du sport et de l'éducation physique (Insep)
Il s'agit d'un centre d'expertise et de coaching. Nous allons tenter de porter vers l'excellence le haut niveau français. Bernard Laporte (le secrétaire d'Etat aux sports) a pensé qu'il était bon de créer un instrument où nous diffuserons cette culture. Ça sera un endroit où nous expertiserons le programme d'entraînement de l'athlète pour y apporter une valeur ajoutée en établissant un programme individualisé. C'est important aussi d'accompagner les fédérations afin qu'elles se sentent moins démunies. Je dois rendre un rapport sur ce centre au ministre le 25 mars. Il devrait être opérationnel en septembre prochain.
Y a-t-il une part de hasard si cette année toute une génération (Alain Bernard, Amaury Leveaux, Coralie Balmy...) a explosé ?
Je ne crois pas au hasard dans le sport de haut niveau. Nous avons créé les conditions pour que l'élite de la natation soit compétitive, et qu'elle ne repose pas sur deux ou trois individualités.
Face à toutes ces performances, une partie du public a appris à être méfiant...
C'est légitime, mais j'ai la conviction plus que profonde que les gens que je côtoie sont honnêtes. Doper, c'est tricher et pour tricher, on se cache. En natation, on nage toujours en groupe, on reste six heures avec l'entraîneur. Il n'y a pas de nomadisme, dans ce sport : on ne décide pas comme cela d'aller s'entraîner dans un autre pays. Nous savons où se trouvent nos athlètes, qui sont suivis par des équipes médicales.
On évoque beaucoup la prise de la créatine dans la natation...
C'est un débat éculé. Ce n'est plus un problème dès l'instant où nous travaillons sur les protéines et la diététique. C'est un fantasme ! Avant les Jeux à Pékin, j'ai exigé d'avoir une traçabilité et la constitution de l'ensemble des compléments alimentaires pris par les nageurs. Ce que j'ai eu. En terme de récupération, les protéines font mieux que la créatine.
Y a-t-il eu un effet "champions" sur le nombre de licenciés ?
La Fédération compte 270 000 licenciés : on en a gagné 100 000 ces dix dernières années. On estime qu'il y a au total en France 400 000 nageurs.
Que pensez-vous de la polémique autour des combinaisons ?
C'est un vrai débat ! La FINA (la Fédération internationale de natation) vient d'ailleurs d'annoncer qu'elle allait réunir les 21 fabricants en mars pour s'interroger sur ce matériel. La fédération française y déposera un voeu. Nous ne sommes pas opposés à l'évolution technique mais à deux conditions. La première, que les innovations soient validées deux ans avant les Jeux : ça laisse quatre années aux marques pour développer leur programme. Deuxièmement, il faut qu'un ou des laboratoires indépendants homologuent le matériel en cohérence avec le sport. Quand Speedo a sorti sa nouvelle combinaison, il y a eu une explosion des records du monde. On ne s'est pas rendu compte des conséquences sur l'éthique. Est-ce que les sportifs des pays en voie de développement ont un accès équitable à ces combinaisons ? Ça mérite une réflexion plus approfondie.