Nucléaire: Iraniens et Américains se rencontrent à Genève dans la discrétion


Lundi 9 Juin 2014 - 18:09
AFP


Genève - Représentants américains et iraniens se sont retrouvés lundi après midi à Genève pour deux jours de discussions, une réunion dans la plus grande discrétion avec l'espoir de trouver des ouvertures dans les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran.


Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi
Il s'agit de la première rencontre officielle entre représentants américains et iraniens hors des séances des négociations avec le groupe 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) sur le dossier nucléaire. Des rencontrent officieuses avaient cependant eu lieu à Oman en 2013.

La discrétion est de mise et le lieu de la rencontre n'a pas été dévoilé.

Côté américain aucune communication n'est prévue et côté iranien le vice ministre Abbas Araghchi a réservé ses déclarations aux médias de Téhéran. Il s'est dit optimiste mais a estimé, selon l'agence Irna, que "beaucoup d'efforts sont nécessaires pour rapprocher les points de vue"', l'autre partie devant prendre "des décisions difficiles et reconnaitre les droits légitimes de la nation iranienne".

Il a précisé qu'après des discussions en présence de la représentante européenne, Mme Helga Schmid, adjointe de la diplomate en chef de l'UE Catherine Ashton, une bilatérale entre Américains et Iraniens était programmée.

L'accord intérimaire de six mois conclu entre l'Iran et les grandes puissances arrive à son terme le 20 juillet. Il devrait en principe déboucher sur un accord permanent si les parties parviennent à s'entendre dans les négociations qu'ils mènent à Vienne et dont une nouvelle session est prévue du 16 au 20 juin.

Après la réunion de Genève, une rencontre avec les représentants russe se tiendra à Rome mercredi et jeudi. L'Iran aura "probablement" ensuite des discussions bilatérales avec des délégations de la France et de l'Allemagne avant la réunion de Vienne, a indiqué le vice ministre.

"Nous avons toujours eu des discussions bilatérales avec les Etats-Unis en marge des discussions avec le groupe 5+1 mais dans la mesure où les négociations sont entrées dans une phase sérieuse, nous voulons avoir des négociations séparées", avait expliqué avant son départ de Téhéran M. Araghchi.

Il s'est réjoui de la présence à Genève du sous-secrétaire d'Etat William Burns, en plus de la négociatrice habituelle, la sous-secrétaire d'Etat Wendy Sherman. M. Burns, un grand expert du Moyen Orient, est un des hauts responsables américains les plus familiers avec le dossier iranien.

C'est la première fois que Téhéran mène des discussions bilatérales officielles hors des séances des négociations avec le groupe 5+1. Des négociations secrètes s'étaient cependant déjà tenues pendant de longs mois à Oman entre Téhéran et Washington en 2013, avec William Burns dans l'espoir de relancer les discussions officielles.

En janvier dernier, un accord préliminaire est entré en vigueur sur une levée très partielle des sanctions, en échange de la limitation de l'enrichissement d'uranium. L'accord, valable 6 mois le temps d'élaborer un texte définitif, se termine en principe le 20 juillet. Il peut cependant être prolongé à nouveau de 6 mois, comme l'a rappelé lundi M. Araghchi.

- La levée des sanctions point clef -

Pour l'Iran les sanctions internationales qui pèsent tant sur son économie sont avant tout le résultat des mesures prises par les Etats-Unis, et non par les 5+1, et ils espèrent maintenant avancer par des discussions bilatérales.

Pour Cyrus Nasseri, membre de l'équipe de négociateurs nucléaires entre 2003 et 2005, "toute la question est de savoir si les Etats-Unis sont désormais prêts à faire le pas et accepter une solution raisonnable gagnant-gagnant pour les deux parties. Autrement dit à avaler les couleuvres après dix ans d'accusations sans fondement contre le programme nucléaire iranien", a-t-il déclaré à l'AFP à Téhéran.

Les dirigeants iraniens, y compris le président Hassan Rohani, ont répété ces dernières semaines que l'Iran ne renoncerait pas à ses droits nucléaires, notamment posséder un "programme de production de combustible nucléaire" pour ses futures centrales et réacteurs.

"L'un des principaux sujets de discussions est comment défaire la toile d'araignée des sanctions pour permettre à l'Iran de rétablir ses relations économiques avec le reste du monde", a estimé M. Nasseri.

Depuis le 20 janvier, plusieurs séries de discussions ont été menées entre l'Iran et les grandes puissances pour mettre fin à dix ans de crise sur la question nucléaire, mais la dernière séance, en mai à Vienne, s'est achevée sans résultat.


           

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