Nucléaire iranien: les ministres des grandes puissances de retour à Genève


Samedi 23 Novembre 2013 - 09:47
AFP


Genève - Les chefs de la diplomatie de six grandes puissances se retrouvent à Genève samedi pour peser de tout leur poids dans la dernière ligne droite des discussions avec Téhéran et obtenir un accord d'étape sur le programme nucléaire iranien, après dix années de vaines tentatives.


Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé peu avant 07H00 GMT dans la ville suisse, mais n'a fait aucune déclaration. La veille, sa porte-parole Jennifer Psaki avait indiqué qu'il faisait le déplacement "avec l'objectif de continuer à réduire les différences et de se rapprocher d'un accord".

Un peu avant, le ministre français Laurent Fabius était arrivé à Genève, répétant qu'il souhaitait "un accord solide" et qu'il était venu "pour y travailler".

La Russie affichait son optimisme, le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, qui a rencontré à Genève vendredi soir son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, ayant souligné au cours de cette rencontre "que, pour la première fois depuis de nombreuses années, le (groupe) 5+1 avait une vraie chance d'arriver à un accord", dans des propos rapportés samedi par son ministère.

Les diplomates de l'Iran et du 5+1 (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine et Allemagne) négocient pied à pied depuis mercredi un accord d'étape pour limiter le programme nucléaire iranien controversé en échange d'un allègement de sanctions.

"C'est la dernière ligne droite, mais les négociations précédentes nous ont appris la prudence", a souligné une source diplomatique française.

En effet, lors du précédent round de discussions du 6 au 9 novembre à Genève, les négociations s'étaient achevées sans accord, en raison notamment de la position des Français, qui avaient considérablement durci les exigences des pays du P5+1.

Les progrès réalisés cette semaine dans la négociation --qui reste ultra confidentielle-- ont sans doute poussé les chefs de la diplomatie à revenir à Genève, même si personne ne se risque à crier victoire tant les discussions sont serrées.

Le Britannique William Hague, l'Allemand Guido Westerwelle et le Chinois Wang Yi devaient arriver dans la matinée.

"L'enrichissement n'est pas négociable"

Vendredi soir, le chef des négociateurs iraniens Abbas Araghchi a estimé que les positions de chaque camp s'étaient rapprochées. "Nous nous sommes rapprochés d'un accord dans une bonne mesure mais malgré les progrès faits aujourd'hui (vendredi) il reste des questions importantes" à régler, a-t-il déclaré, cité par l'agence Mehr.

"Toutes les questions ne sont pas encore totalement réglées, nous espérons arriver à un résultat lors des négociations de ce matin" (samedi), a indiqué une source citée par l'agence Irna.

La négociation porte sur un texte présenté le 9 novembre par les 5+1, lors du précédent round de discussions.

Le projet d'"accord intérimaire" de six mois, reconductible avant un accord global, prévoit une limitation du programme nucléaire de Téhéran en échange d'un allègement limité de sanctions. Les détails n'en sont pas connus, mais "tout le monde sait quels sont les principaux enjeux", selon le porte-parole de Mme Ashton, Michael Mann, citant en particulier la question de l'enrichissement de l'uranium, "droit" revendiqué par les Iraniens mais dénoncé par les Occidentaux qui soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique.

M. Araghchi n'a "ni confirmé ni démenti" les informations de la presse iranienne selon lesquelles le groupe des 5+1 avait accepté le droit, revendiqué par Téhéran, d'enrichir l'uranium sur son sol.

"Les négociations ne sont pas encore finalisées", a-t-il souligné.

D'autres points qui posaient problème depuis le début concerne le sort du stock iranien d'uranium enrichi à 20% (seuil critique pour arriver rapidement à un taux d'enrichissement à 90%, ouvrant la porte à l'arme nucléaire), ainsi que le réacteur à eau lourde d'Arak, susceptible de produire du plutonium, autre filière pour obtenir la bombe atomique.

Peu de choses ont filtré sur l'état de la négociation concernant les sanctions économiques qui frappent durement l'économie iranienne.

Selon des estimations de sources américaines, l'Iran perd 5 milliards de dollars chaque mois et aurait déjà perdu quelque 120 milliards de dollars. 100 milliards d'avoirs iraniens sont gelés dans diverses banques dans le monde. L'allègement "limité" et "réversible" de sanctions pourrait se traduire par le dégel de certains de ces avoirs.

"Nous pensons que l'accord qui se trouve sur la table des négociations est mauvais. S'il est signé, il y aura encore beaucoup de choses à faire après pour amener l'Iran à être confronté au dilemme: la bombe ou la survie" du régime, a affirmé de son côté vendredi soir le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon.


           

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