ONU: Une femme après Ban Ki-moon ?


Mercredi 17 Août 2016 - 12:21
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Tunis - Qui succédera à Ban Ki-moon à la tête de l’ONU le 1er janvier 2017 ? Le Secrétaire général actuel qui achève son second quinquennat le 31 décembre prochain souhaite que ce soit une femme. «Il est grandement temps», a-t-il récemment déclaré.


Même si, selon certaines sources onusiennes, c’est l’ancien Premier ministre portugais Antonio Guterres qui est pressenti pour succéder à Ban Ki-moon, cinq femmes sur onze candidats en lice tenteront, elles aussi, de remporter la bataille. Parmi elles, l'actuelle directrice générale de l’Unesco, la bulgare Irina Bokova, qui talonne Guterres, selon la presse internationale.

Si cette dernière est élue en septembre prochain, ce sera la première fois qu’une femme assumera le prestigieux poste de Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, créée en 1945 et qui a vu défiler huit secrétaires généraux dont 3 européens, 2 africains, 2 asiatiques et 1 sud-américain.

Une règle tacite de rotation géographique veut aussi que le candidat choisi soit issu d’Europe de l’Est, seule zone à ne pas encore avoir été représentée à ce poste. 

Voici les profils des femmes candidates pour le poste de Secrétaire général de l’ONU : 

1) La Bulgare Irina Bokova, Directrice générale de l'Unesco

A 63 ans, Bokova a une expérience et une notoriété internationale qui lui permettent de figurer dans le peloton de tête des candidats pressentis au poste onusien.

Issue d'une famille communiste, Bokova avait été, après la chute du régime soviétique, députée du parti socialiste (ex-communiste), vice-ministre des Affaires étrangères et coordinateur des relations de la Bulgarie avec l'Union européenne (UE) de 1995 à 1997. Elle était un des pionniers de l'adhésion de la Bulgarie à l'UE en 2007. 
Polyglotte (elle parle couramment six langues) Bokova a également été ambassadrice de Bulgarie en France, à Monaco et auprès de l'Unesco de 2005 à 2009 avant d'être élue à la tête de l'Unesco.

Première femme directrice générale de l'Unesco, Bokova, accomplit un second mandat à ce poste, qui expire à la fin de 2017. Si elle est élue, elle serait la première femme et la première représentante d'Europe de l'Est à la tête de l'ONU.

2) Autre candidate privilégiée, l’ex-Premier ministre de Nouvelle-Zélande, Helen Clark.

Elle a dirigé le gouvernement néo-zélandais durant trois mandats, de 1999 à 2008 .

A 66 ans, elle est la première femme à diriger le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Elle assure également la présidence du Groupe des Nations Unies pour le développement, un comité regroupant les directeurs de l’ensemble des fonds, programmes et départements spécifiquement chargés des questions de développement.

Début avril elle a officialisé sa candidature mettant en avant son «expérience de dirigeante pendant près de 30 ans, à la fois dans son pays et dans les agences des Nations unies». 

3) «Madame Climat», la Costaricaine Christiana Figueres.

Surnommée «Madame Climat» par la presse internationale pour avoir été l’une des architectes de la Conférence de Paris en mai dernier, cette ex-secrétaire exécutive de la convention-cadre de l’ONU pour les changements climatiques est la dernière à avoir annoncé sa candidature. Agée de 59 ans et diplômée en anthropologie, Figueres est membre de la dynastie politique la plus connue du Costa Rica. Son père et son frère, respectivement José Figueres Ferrer et José Maria Figueres furent en effet tout deux présidents.

Elle a pour devise "Impossible is not a fact, it is an attitude" (L’impossible n’est pas un fait mais une attitude) et estime que, si elle est élue, elle ne serait pas «une secrétaire car (elle) ne prendra pas d’instructions, mais ne serait pas non plus un général parce qu’[elle] ne donnera pas d’ordre… ».

Si elle manque d’expérience en politique étrangère ayant trait à la paix et à la sécurité, elle a toutefois un atout de taille : sa préoccupation pour les questions environnementales, selon certains observateurs.

4) La Moldave Natalia Gherman, ancienne ministre des Affaires étrangères

Vice Première-ministre et ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration européenne de Moldavie de 2013 à 2016, Natalia Gherman, 47 ans, a également été Première ministre par intérim pendant un peu plus d’un mois. Elle est la fille du premier président moldave Mircea Snegur.

En 2009, elle est nommée négociatrice en chef pour l’accord d’association entre la Moldavie et l’Union européenne, qui a finalement été signé en 2014. Elle a également participé aux négociations qui ont mené à l’assouplissement du régime des visas des Moldaves voyageant dans les pays de l’UE. Elle fut aussi ambassadrice de son pays dans plusieurs capitales dont Vienne, Stockholm, Oslo et Helsinki.

5) L’argentine Susana Malcorra

Susana Malcorra, 61 ans, l'actuelle ministre argentine des Affaires étrangères a été chef de cabinet de Ban Ki-moon de 2008 à 2012. Juste avant elle a été directrice adjointe du Programme Alimentaire Mondial (PAM), où elle supervisait les opérations humanitaires d'urgence dans plus de 80 pays.

Selon la presse, Malcorra «connait parfaitement la maison» et possède de réelles compétences de gestion, ce qui pourrait jouer en sa faveur. Toutefois, son bilan onusien a été terni par les scandales d’abus sexuels qui ont secoué le Département des opérations de maintien de la paix. Par ailleurs, elle ne séduira pas les Russes qui se sont engagés à soutenir un candidat de l’Europe de l’Est.

Et des hommes « redoutables » …

L’ancien haut-commissaire de l’Onu aux Réfugiés de 2005 à 2015, le Portugais António Guterres, est clairement favori. Son expérience et son discours éloquent sur le dossier des migrants, lors de son passage le 12 avril devant l’Assemblée générale de l’ONU, joue largement en sa faveur.

Concourent également l’ex-président slovène Danilo Türk, un ancien ministre des Affaires étrangères de la Macédoine (2000 et 2001) Srgjan Kerim , l'ex-Premier ministre du Monténégro (2010 à 2012) Igor Luksic, l'ancien ministre des Affaires étrangères de la Serbie (2007 à 2012) Vuk Jeremic, ou encore le ministre slovaque des Affaires étrangères, Miroslav Lajcak.

Pendant 70 ans, la sélection du SG de l’ONU s’est faite essentiellement à huis clos entre les cinq grands membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, Chine, France). Cette année, pour la première fois, les candidats ont passé en juin dernier des entretiens et des oraux, Curriculum Vitae à l’appui, face aux délégués des 193 pays membres.


           

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