Obama en Arabie: lutter contre l'EI avec ses alliés du Golfe


Jeudi 21 Avril 2016 - 10:39
AFP


Barack Obama retrouve jeudi, dans un climat de méfiance avec l'Arabie saoudite, les monarques du Golfe avec l'espoir de les impliquer plus fortement dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).


Le président des Etats-Unis devra s'employer à rassurer ses alliés sunnites (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar), qui n'ont pas digéré l'ouverture américaine vers le rival chiite iranien et ses propos sur la nécessité de "partager" leur voisinage avec Téhéran.

Fort des progrès enregistrés ces derniers mois contre l'EI en Irak et en Syrie, grâce à l'appui des raids aériens menés par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, M. Obama veut accélérer le rythme face à des jihadistes "sur la défensive".

Les Etats-Unis viennent d'annoncer le déploiement de près de 220 soldats supplémentaires et d'hélicoptères d'attaque pour soutenir les forces irakiennes notamment dans la reconquête de Mossoul, la deuxième ville du pays, aux mains de l'EI depuis juin 2014.

Mais Washington veut aussi mettre l'accent sur la nécessaire reconstruction de villes reprises aux jihadistes, à l'image de Ramadi, à l'ouest de Bagdad.

- Soutien sunnite 'crucial' -

Mercredi, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a appelé les riches monarchies pétrolières à s'impliquer davantage en Irak, pas seulement militairement comme l'ont fait Ryad et Abou Dhabi, mais aussi politiquement et économiquement.

Le "soutien sunnite" à la reconstruction sera "crucial" pour assurer une victoire définitive contre les jihadistes, a souligné M. Carter, également présent à Ryad.

Les Etats-Unis comptent aussi sur leurs alliés du Golfe dans la résolution des conflits qui déchirent la région, au Yémen et en Syrie.

Selon Rob Malley, conseiller du président américain, la recherche d'une solution diplomatique est urgente pour des raisons humanitaires, mais aussi "pour que les pays impliqués dans ces combats soient capables, lorsqu’une solution politique aura été trouvée, de se concentrer sur la lutte contre l’EI et Al-Qaïda".

Les avancées diplomatiques restent néanmoins embryonnaires et extrêmement fragiles.

Les principaux responsables de l'opposition syrienne ont commencé à quitter les négociations de Genève, face à la poursuite des offensives du régime du président Bachar al-Assad.

Au Yémen, les rebelles chiites Houthis doivent en principe se joindre à des pourparlers de paix qui doivent débuter avec retard à Koweït, mais des combats se poursuivent sur le terrain et une solution politique semble lointaine.

- 'Bons vieux jours' -

M. Obama, qui s'exprimera à l'issue du sommet avec le CCG, devrait profiter de l'occasion pour assurer ses interlocuteurs que les Etats-Unis ne baisseront pas la garde face aux "activités déstabilisatrices" de l'Iran, qui soutient le régime Assad en Syrie, le Hezbollah au Liban et les rebelles Houthis au Yémen.

Certaines monarchies du Golfe appellent de leurs vœux un accord de défense mutuelle, à l'image du traité de l'Otan. Si la Maison Blanche a exclu un tel projet, elle rappelle qu'elle a accéléré depuis la coopération militaire avec les pays du Golfe inquiets de la menace iranienne.

Washington a ainsi donné son feu vert à "plus de 33 milliards de dollars" de ventes d'équipements militaires aux pays du Golfe depuis un an, selon M. Carter.

Les patrouilles communes de navires de guerre se sont multipliées, comme les exercices militaires conjoints. Et les deux parties travaillent sur un projet de défense aérienne et anti-missile commun pour les six pays du Golfe.

Si les autorités saoudiennes sont restées muettes depuis l'arrivée de M. Obama, l'ancien chef du renseignement saoudien, le prince Turki Al-Fayçal, a lui jugé que la conduite et les déclarations du président américain avaient "réveillé" Ryad sur le changement aux Etats-Unis.

"Jusqu'où pouvons-nous aller quant à notre dépendance vis-à-vis de l'Amérique ? Quels sont les bénéfices mutuels qui nous rassemblent? Ce sont des choses que nous devons recalibrer", a lancé sur CNN ce membre de la famille royale, estimant qu'il était illusoire de vouloir revenir aux "bons vieux jours" de l'alliance.


           

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